Les conséquences de la chute de Michele Pirro à Imola lors de la manche du championnat Superbike italien CIV, on les connaît : le pilote italien ne pourra pas exercer sa fonction de pilote replaçant pour Ducati, ni même celle de pilote d’essai, fracture de la malléole tibiale de son pied gauche. A l’heure, où Borgo Panigale compte pléthore de blessés dans ses troupes, cela tombe mal, mais ce qui ne passe pas, de l’autre côté des Alpes, c’est que l’auteur de la chute, Lorenzo Zanetti, s’est par cette manœuvre assuré du titre national…
Lorenzo Zanetti et Michele Pirro se sont affrontés le samedi, un duel sans retenue se terminant par la victoire du natif de Brescia et la chute du pilote d’essai Ducati MotoGP. Lorenzo Zanetti avait ainsi pris les commandes du championnat, mais la revanche du dimanche laissait la voie ouverte à une série de possibilités. Michele Pirro devait gagner à tout prix, un objectif plus qu’à sa portée, compte tenu des sept victoires lors des onze courses précédentes. Dans ce cas, Lorenzo Zanetti aurait dû terminer au moins deuxième pour conserver la tête du classement et remporter son premier titre national. Tension maximum au départ…
Au cinquième des 13 tours prévus, Lorenzo Zanetti a attaqué de manière décisive Alex Delbianco, qui s’était immiscé dans la confrontation entre les deux prétendants. Mais il a complètement raté son freinage à la tristement célèbre Variante Bassa, heurtant très violement l’arrière de Michele Pirro. Contrairement au fautif, Michele Pirro a pu repartir mais sa Panigale gravement endommagée l’a contraint à terminer 11e et dernier, alors que, dans ces conditions, une place de 7e aurait suffi à lui assurer le titre.
« Après trois semaines de compétition sur route, ce soir, je pensais que j’allais enfin dîner en famille. A la place, j’ai dîné au régime à l’hôpital et pour dessert de la journée, en plus des différents coups, une belle fracture de la malléole. Dans la vie, il faut savoir gagner et perdre, mais toujours la tête haute, et j’en suis fier car je peux garder la tête haute. Le titre italien est bien, je ne vis pas pour ça, mais honnêtement, ce que nous avons vu sur la piste aujourd’hui n’est pas bon pour le sport. Certains diront que ce sont les courses, mais revoir les images me donne des frissons« , a déclaré Michele Pirro à travers ses réseaux sociaux.
« On m’a dit qu’hier, Zanetti aurait dit « soit la gloire, soit les graviers ». Eh bien, pour lui, la gloire aujourd’hui, et pour nous les graviers. Hier, il a réalisé une série de dépassements au-delà des limites, et au lieu de le pénaliser, ils l’ont félicité. La chute et ma blessure d’aujourd’hui étaient le résultat de ses actions incontrôlables. Ce n’est pas le pilote le plus rapide qui a gagné, mais plutôt le plus incorrect. Maintenant, je vais devoir me faire opérer et je serai obligé de sauter les tests MotoGP. »
Lorenzo Zanetti a donné sa version de ce qui s’est passé: « Ce n’était pas comme ça que je voulais finir. Michele et moi sommes rivaux, mais nous sommes toujours justes et sportifs. Je voulais terminer une course comme celle-ci d’une manière différente, mais malheureusement j’ai commis une erreur. J’étais conscient que je pouvais me battre pour la victoire et j’ai essayé. Je comptais dépasser Alessandro [Delbianco] et je suis sorti plus vite. J’avais déjà la moitié de la moto à l’intérieur, je ne pouvais rien faire d’autre que couper très serré et c’est probablement là que j’ai un peu trop freiné. Peut-être que là j’aurais même pu le doubler, je devrai revoir les photos, mais malheureusement la Variante Bassa est comme ça. [Pirro] était là, il n’a pas pu se dégager ».
A nos partenaires de Corsedimoto, il a précisé : « Heureusement, je n’utilise pas beaucoup les réseaux sociaux et je n’ai donc pas lu toute la polémique qui a surgi après l’accident d’hier. Je suis vraiment désolé que Michele Pirro se soit blessé mais personnellement, je suis calme et je me sens propre. Je souhaite à Michele un prompt rétablissement. Je voudrais réitérer, une fois de plus, qu’il n’y avait absolument aucune action volontaire de ma part. D’un autre côté, j’ai moi-même risqué d’être blessé dans cet accident et je suis aussi un peu meurtri. J’étais en tête au classement et il m’aurait suffi de rester derrière Pirro pour remporter le titre italien. J’aurais évidemment aimé gagner, car c’est dans l’ADN de tout athlète, mais je considère cela comme un accident de course. Les épisodes de ce type sont monnaie courante, très fréquents même en MotoGP, parfois même entre coéquipiers : nous le voyons tous. Malheureusement, les risques font partie de ce sport. »
Il existe certaines disciplines où les responsables sont punis, mais dans le cas présent, il aurait été très difficile de trouver la bonne et juste solution. Cela se traduit simplement par un titre à la gloire entachée.