Comme certainement l’ensemble de ses congénères, KTM piaffe d’impatience de mettre ses motos sur la piste de Losail, face à ses concurrents, et avec ses pilotes, pour s’évaluer. Le Qatar concentrera en effet l’intersaison du MotoGP avant de lancer la saison et de poursuivre avec le second Grand Prix du calendrier. Autant dire qu’il faudra s’accorder avec ce tracé près de Doha. Sur la RC16, Dani Pedrosa sera mobilisé pendant les six jours et la nouvelle recrue Danilo Petrucci durant les cinq qui lui sont dévolus comme pilote titulaire. Le point commun entre les deux ? Certainement pas la morphologie, mais plutôt l’expérience avec un autre constructeur. Et c’est ce dont se délecte Pit Beirer…
Pit Beirer est le directeur sportif d’un constructeur KTM qui grimpe de plus en plus vite les échelons en MotoGP. Sa dernière saison, avec trois victoires et une place de cinquième au championnat de l’un de ses pilotes, a fait comprendre que la RC16 n’était plus à chercher sur les fonds de grille. Un progrès que le responsable attribue beaucoup à Dani Pedrosa : « grâce au pilote d’essai Dani Pedrosa, nous avons emprunté un très bon chemin prometteur » dit-il. « Le fait que nos ingénieurs s’entendent si bien avec Dani et que cette contribution importante vienne de l’équipe d’essai est très bénéfique pour l’équipe de course. Si nous livrons quelque chose de l’équipe d’essai vers celle de course aujourd’hui, c’est juste mieux, cela a toujours un effet positif ».
« C’était fou les deux premières années. Rien de mieux ne venait de l’équipe d’essai. La course et les séances d’essais des Grands Prix étaient le plus grand terrain d’essai. Nous sommes maintenant un peu plus avancés dans ce domaine » rappelle Beirer au risque de froisser le pilote test de la première heure, en l’occurrence Mika Kallio, actuellement blessé…
Dani Pedrosa est venu avec une culture Honda développée de 2006 à 2014. Et cela a porté ses fruits. Pour la seconde fois de l’histoire du projet RC16, un pilote formé à une autre culture arrive. Il s’agit de Danilo Petrucci, pur produit Ducati, qu’il a servi pendant six saisons : « maintenant, nous sommes curieux de savoir ce que Danilo a à dire à propos de la RC16. Je suis curieux de voir à quel point il est meilleur sur sa nouvelle moto … » avoue Beirer au sujet du pilote mis chez Tech3, écurie française qui a ramené deux des trois succès de la marque en MotoGP.
KTM en pince pour l’approche comparative
« Il est intéressant pour chaque constructeur de voir comment ceux qui changent de machine évaluent les deux motos dans une comparaison directe », admet Pit Beirer. « C’est une information importante pour chaque fabricant. Bien sûr, vous spéculez beaucoup, vous regardez beaucoup de données, vous regardez les pilotes et les motos sur le bord de la piste. Mais ce que ressent vraiment pour votre moto un nouveau pilote KTM est toujours intéressant. C’est pourquoi nous attendons avec impatience ses commentaires, quelle que soit la manière dont ils aboutiront ».
Il précise sur Speedweek : « nous voulons connaître chaque jour uniquement la vérité et rien que la vérité. Parce que ce n’est que si vous vous regardez honnêtement dans le miroir en posant la question de savoir où sont vos faiblesses, où devons-nous nous améliorer, et si on peut le faire que l’on progresse ». Certes, mais il faudra quand même y mettre les formes. On se souvient que la franchise de Johann Zarco ne l’avait pas vraiment servi…
Cela étant dit, comparaison n’est pas une raison pour changer de philosophie. Mais seulement pour l’améliorer. Beirer assure ainsi que le cadre tubulaire acier, les suspensions maison WP et la philosophie moteur ne seront jamais abandonnés.