Le débat portant sur de nouveaux points de concession à accorder aux deux constructeur japonais, pour leur permettre de commencer à rattraper un retard technique dont la cause est l’inertie de leur propre chaine de décision, partait bien. Depuis Assen, les avis des constructeurs européens qui ont pris le pas sur leurs homologues asiatiques, prenant ainsi une retentissante revanche historique, étaient favorables au principe de la main tendue. Chez Ducati, l’esprit d’ouverture était acté, à la seule condition de ne pas découvrir une « loi Marc Marquez » et chez Aprilia on s’identifiait même comme une force de proposition. Et chez KTM ? Le Grand patron Stefan Pierer avait déclaré lors de la trêve estivale qu’il était important de garder « les deux constructeurs japonais sur le ring ». Et puis soudain, tout a changé à Mattighofen, qui le fait savoir à la veille de son Grand Prix d’Autriche …
Que s’est-il passé depuis Silverstone sur le sujet des points de concession au règlement à accorder à Honda et à Yamaha pour leur permettre de revenir dans le haut du panier en MotoGP ? On ne sait, mais ce que l’on découvre sur Speedweek, c’est que le discours bienveillant du grand patron Stefan Pierer relaté toujours sur le même site germanophone en juillet n’est plus d’actualité en août.
Pour comprendre l’ampleur du revirement, il faut rappeler les propos de Stefan Pierer : « je pense que les discussions actuelles sur la réglementation sont raisonnables. Les Japonais n’en veulent pas non plus des concessions, car un tel procédé équivaut à une humiliation. Maintenant, nous attendons de voir ce qui en sortira ». Et Stefan Pierer signalait ainsi l’objectif : « il est important que nous gardions les deux constructeurs japonais sur le ring. Les ‘concessions’ ne sont pas la bonne approche. Quelque chose comme ça blesse la fierté des Japonais. Mais on peut imaginer d’autres concessions. Par exemple, plus de jours de test pour qu’ils se rapprochent à nouveau du sommet ».
Maintenant, voici la mise à jour de Pit Beirer, patron des sports chez KTM : « Dorna a suggéré de rendre ces « concessions » à Yamaha et Honda presque du jour au lendemain. Nous ne soutiendrons pas cette proposition ». Le promoteur aurait donc voulu aller un peu trop vite en besogne, froissant ainsi KTM. Du coup, on change de portage chez Autrichiens : « Yamaha a été vice-champion du monde en 2020 et 2022 et champion du monde en 2021. Honda a concédé trop de points de concession depuis un an et demi avec des podiums pour Marc Marquez et Pol Espargaró et une victoire pour Alex Rins et ne se qualifie donc pas pour ces concessions ».
Pit Beirer KTM : « nous constatons qu’aucune des marques japonaises n’est en situation de justifier une relance par de nouvelles concessions »
Pit Beirer en arrive ainsi à cette conclusion : « nous constatons qu’aucune des marques japonaises n’est en situation de justifier une relance par de nouvelles concessions. Ce sont de belles firmes fières, elles trouveront leur voie technique. Mais elles n’ont pas besoin de ‘concessions’ ».
Il ajoute : « que devraient dire les autres fabricants qui se sont frayé un chemin jusqu’au sommet ? Combien de temps Ducati a-t-il lutté pour revenir au sommet après 2007. Nous et Aprilia nous nous sommes également battus. Ce n’est pas parce que Yamaha n’a pas gagné de course cette année qu’ils ont besoin de concessions ».
« Nous ne sommes pas intéressés à changer la réglementation au milieu de la période du contrat Dorna, qui dure jusqu’à la fin de 2026 », a ajouté le vice-champion du monde de motocross 250cc de 1999. « Parce que chaque demande que nous avons faite a reçu qu’’Il n’y aura pas de changement de règle dans la période de contrat en cours.’ Nous l’avons compris et accepté. C’est pourquoi nous ne voulons pas passer un temps fou avec de nouvelles réglementations de « concession ». Parce que le prochain changement de règle n’aura pas lieu avant 2027 ».
L’énoncé de la fin de non-recevoir par Dorna de « chaque demande faite » n’est sans doute pas anodin. La dernière en date faite par KTM a été de pouvoir aligner au moins une RC16 de plus sur la grille de départ en 2024 pour trouver un débouché à Pedro Acosta sans perturber les contrats en cours des quatre autres pilotes déjà en MotoGP. Dorna a catégoriquement refusé. La réponse du berger autrichien à la bergère espagnole avant de retrouver les vertes plaines de Styrie le week-end prochain ?