Pour cette troisième saison de MotoGP, l’usine KTM a deux choses à gérer : le développement de sa RC16 et la greffe à la même moto de sa nouvelle recrue Johann Zarco. Ce dernier a été embauché parce qu’il a notamment remporté six podiums et quatre pole-positions en deux ans passés sur la Yamaha Tech3. Mais depuis qu’il a une combinaison orange, le Français clame à qui veut l’entendre qu’il doit tout réapprendre. L’ambiance est tendue. Le directeur sportif du constructeur autrichien fait le point…
C’est un nouveau bilan d’étape que Pit Beirer effectue depuis l’incident diplomatique de Jerez, où la frustration du double Champion du Monde de Moto2 face à son impuissance à se faire comprendre de sa moto et de ses troupes, a entraîné un commentaire à chaud peu amène sur le comportement de sa machine.
Depuis, des actions correctives ont été menées. Jean Michel Bayle l’accompagne, des évolutions techniques sont arrivées, et Johann Zarco recentre aussi son discours sur lui-même. Les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, même si, de ci de là, un frémissement peut être constaté. Mais surtout, pendant ce temps, son équipier Pol Espargaró enthousiasme l’usine de Mattighofen par ses coups d’éclat et s’abonnant à un top 10 qu’il occupe d’ailleurs au championnat.
Depuis Jerez, il y a eu trois Grands Prix. Où en est le dossier Zarco-RC16 chez KTM ? Pit Bierer fait d’abord un point technique : « par rapport au début de la saison, nous avons maintenant adapté le bras oscillant en carbone, un moteur et un châssis plus performants, ainsi que Johann le souhaitait. Il n’y aura rien de mieux dans les quatre à six prochaines semaines. Mais nous savons ce qu’il veut ». Et il fait comprendre qu’il ne l’aura jamais vraiment… « Nous croyons qu’avec le concept V4, nous pouvons construire la MotoGP la plus ingénieuse de tous les temps. Le pilote doit s’adapter à cela. Chez Pol, ce n’était pas différent, qui est également venu de Yamaha pour KTM ».
C’est l’occasion de passer à l’autre partie du sujet, le pilote : « si Johann dit obstinément : « je vais attendre que le KTM fonctionne comme une Yamaha », nous devons alors déclarer que le projet Johann Zarco et KTM a échoué. Mais nous n’en sommes pas à ce point. Son contrat n’est définitivement pas à débattre. Lâcher un pilote est le dernier recours pour nous. Le pilote doit venir nous dire qu’il veut partir. Nous ne voulons pas en parler pour le moment – n’y pensez même pas. Nous tenons ensemble. Il n’y a pas de plus grande motivation pour nous que de donner à Johann un moyen de le ramener là où se trouvait ».
Pit Beirer termine sur motorsport-magazin sur l’ambiance dans le box qui peut être considérée comme un facteur aggravant : « il est plus facile de travailler dans la joie quand les résultats sont bons. Il est clair que les nerfs de Johann sont à fleur de peau, car cela ne fonctionne tout simplement pas pour lui. C’est ce que nous attendons d’un pilote fort aussi. S’il reste assis dans la boîte et dit : « c’est génial ! Allez « Crewchief », allons prendre une bière », alors il y aurait quelque chose qui cloche. C’est pourquoi nous ne prenons pas mal le fait que Johann soit parfois en colère. Bien sûr, cela aiderait s’il traitait mieux l’équipe, mais je ne peux pas lui en vouloir dans la situation actuelle ».
Après une nouvelle de test aujourd’hui mercredi à Barcelone, le prochain rendez-vous sera à la fin du mois à Assen. Après le Grand Prix de Catalogne, Johann Zarco avait essayé lundi des évolutions sur sa KTM qui lui ont donné matière à espérer des jours meilleurs.