Avant de rejoindre ses terres autrichiennes qui recevront à partir de ce week-end deux Grands Prix consécutifs, KTM boit du petit lait. Ceci après s’être abreuvé de Prosecco sur le champ de la victoire qu’était le tracé de Brno. Le commandant sur le terrain qu’est Pit Beirer a de quoi être habité par le sentiment du devoir accompli. Sans refaire le match tchèque, il fait le bilan du chemin jusqu’ici parcouru qui a bifurqué sur le sentier de la gloire. En insistant bien sur une chose : KTM ne s’est inspiré de personne. Mais a cependant reçu une bonne inspiration d’un certain Dani Pedrosa…
Sur GPOne, Pit Beirer avoue être encore comme un enfant devant son sapin de Noël au lendemain de la victoire de Brad Binder sur l’une de ses RC16. Et pourtant nous sommes en août. Mais dans ce monde d’après, tous les repères sont floutés… Il se souvient de la réflexion majeure qui a émergé après les premiers mois d’activité du projet : « la plus grande critique de notre moto était que seul Pol Espargaró pouvait la piloter. Nous le savions mais vous ne pouvez pas changer une telle situation en une nuit, deux secondes sont facilement supprimées mais quand la dernière seconde arrive, la partie difficile commence ».
« Dani Pedrosa a donné au projet une direction différente »
« Nous voulions que tout le monde puisse la piloter. En 2019, nous avons apporté de nouvelles pièces sur la piste chaque semaine, puis il était temps de développer la moto pour l’année suivante. Avec Dani Pedrosa et Mika Kallio nous avons beaucoup travaillé, mais Dani a donné au projet une direction différente. Pour notre cadre, la suspension et aussi le moteur. Bien sûr, nous avons pris d’autres techniciens mais jamais copiés. La moto est complètement différente des trois années précédentes ».
« On est là parce qu’on fabrique tout chez nous »
« Il y a une grande différence entre la moto 2019 et la moto 2020. Nous étions forts au freinage, mais notre véritable inconvénient était le sous-virage. Si vous ouvrez les gaz tardivement, même si vous avez un bon moteur, vous perdez du temps » se souvient Beirer. « Lors des premiers essais à Valence avec la nouvelle moto on s’est tout de suite rendu compte que nos pilotes suivaient les mêmes trajectoires que les autres, on a analysé les vidéos. On est là parce qu’on a nos châssis et nos suspensions que l’on fabrique chez nous. Nous faisons tout. Aujourd’hui, il est facile de parler et de dire que c’est la bonne chose, mais il n’y avait aucune preuve que c’était la solution gagnante jusqu’à dimanche dernier ».
« Le cadre tubulaire ? Il faut comprendre comment l’utiliser »
Et il se réjouit évidemment de la consécration du cadre tubulaire acier : « le cadre en tubes n’a jamais été remis en question chez nous. Ce n’est pas une question de marketing, nous avons le savoir, nous avons appris à l’imprimer, et il est trois fois plus rigide que l’aluminium et il est aussi plus léger. Il faut comprendre comment l’utiliser. Aluminium ou l’acier, c’est la même chose, il faut donner au pilote la flexibilité qu’il demande, à l’avant ou à l’arrière. Maintenant, nous avons la plate-forme pour l’avenir. Il ne serait pas possible de gagner en MotoGP autrement ».
L’électronique est aussi sauce maison
Pit Beirer ajoute à sa liste l’item électronique. Car même les puces savantes sont autrichiennes… « Nous avons respecté Dorna en ne leur prenant pas d’anciens hommes de Marelli. Bien sûr, à un moment donné, cela aurait été un avantage d’avoir un homme à eux, mais comme je l’ai dit, il n’y a pas de raccourcis et à un moment donné, les choses se sont mises en place. Le MotoGP est tout axé sur la gestion de la puissance pour le moment. Nous avons pensé à mélanger des hommes du monde de la moto et des experts de la F1. Nous devions faire le travail à partir de zéro et un ingénieur de McLaren nous a donné confiance. Cette personne nous a immédiatement amenés à un niveau supérieur, mais vous savez que les motos et les voitures ont des problèmes différents. En Formule 1, cependant, le niveau de connaissance en électronique est tout simplement au top pour les sports mécaniques ».
En développant son savoir-faire, en ne comptant que sur ses forces, KTM atteint une dimension, qui, un jour, pourrait bien faire de l’ombre aux valeurs les plus établies dans le paddock…