KTM mise sur la stabilité plutôt que les coups d’éclat en 2025. Alors que Dani Pedrosa et Pol Espargaró ont brillé en tant que wild-cards ces dernières années – Pedrosa 4e à Misano 2023 et 3e au Sprint de Jerez 2024, Espargaró dans le top 10 à deux reprises –, Pit Beirer, directeur de la compétition de la marque, temporise sur de nouveaux projets. Dans une interview, il explique pourquoi KTM met les wild-cards en pause, malgré une équipe au sommet de sa forme.
Alors que Yamaha et Honda prévoient plusieurs apparitions en wild-card pour leurs pilotes d’essai respectifs, KTM choisit une stratégie différente pour 2025 : pas de wild-card prévue pour l’instant, malgré les excellents résultats obtenus par Dani Pedrosa et Pol Espargaró lors des dernières saisons. Pourquoi ce choix ? Parce que chez KTM, on préfère la rigueur du développement à la tentation du résultat.
« Dès que l’on commence à se préparer pour la wild-card, l’un des deux brillants pilotes d’essai abandonne sa mission initiale », confie Pit Beirer à Speedweek. « Il commence à se préparer pour une course, il veut livrer et obtenir un résultat. Ce faisant, les nombreux détails qui doivent être traités par l’équipe de test ne sont pas traités. »
L’expérience l’a prouvé : dès qu’un wild-card se profile, la mission de test passe au second plan. Et à l’heure où KTM cherche encore à comprendre les subtilités du nouveau pneu arrière Michelin et à maîtriser le comportement de la RC16, chaque journée de test compte. Même avec la meilleure intention du monde, les ambitions de podium de Pedrosa ou Pol Espargaró finissent par détourner l’attention des objectifs de développement à long terme.
Pit Beirer : « notre équipe de test KTM a un programme brutal »
Et avec une line-up 2025 exceptionnelle (Acosta, Binder, Bastianini, Viñales), Beirer estime que les données récoltées chaque week-end sont déjà suffisamment riches : « nous avons quatre pilotes à bord qui nous donnent des informations de haute qualité. Notre équipe de test a un programme brutal. »
Par ailleurs, le contexte économique post-crise oblige à faire des choix : « après l’hiver mouvementé et la quasi-faillite du groupe KTM, il n’y a plus de place pour des projets supplémentaires dictés par les envies de courir », reconnaît Beirer.
Pour autant, la relation avec Pedrosa et Espargaró reste privilégiée et bien au-delà des simples clauses contractuelles : « ce sont des membres de l’équipe à part entière, pas juste des pilotes d’essai. Ce qu’ils nous apportent est irremplaçable. Nous déciderons à court terme si une wild-card devient pertinente. »
Et pour l’instant, les résultats parlent d’eux-mêmes. Malgré des défis persistants (notamment la pénalité qui a privé Viñales de son podium au Qatar), KTM sait qu’il joue désormais dans la cour des grands. Mais pour franchir un cap, il faudra sacrifier les coups d’éclat au profit d’une stabilité technique, et ça, c’est un pari que Beirer assume pleinement.
