Lorsque KTM a annoncé que Mike Leitner ne serait plus le directeur de l’équipe officielle engagée en MotoGP, beaucoup ont rapproché cette décision avec les résultats mitigés de la saison 2021, pour en deviner une sanction à peine masquée. Une idée renforcée par la révélation du nom d’un remplaçant, en l’occurrence Guidotti, sorti du giron Ducati comme l’avait été auparavant Fabiano Sterlacchini. Or, Ducati, en ce moment, c’est la moto qui gagne et qui promet encore plus en 2022. Reste cette idée de désaveu qui ne rendait pas justice au travail effectué par Mike Leitner depuis sept ans, soit les tous débuts du projet RC16. Alors KTM, avec son directeur sportif Pit Beirer et ledit Leitner se sont accordés pour une version qui restera l’officielle aux yeux de l’histoire…
Non, Mike Leitner n’a pas été désavoué et son travail accompli depuis tant de saisons ne sera pas biffer dans la belle histoire de la RC16 en MotoGP. Les décisions récemment prises par KTM qui l’écartent de son poste de directeur d’équipe sont en fait un redéploiement stratégique par ailleurs réfléchi et adoubé par celui qui quitte son affectation sans en connaître encore la prochaine. Ce qui révèle une réflexion tout de même inachevée. Mais le message est que les bonnes relations sont préservées et que, quoi qu’il arrive, tout ce beau monde restera bons amis.
Sur Motorsport-total, le directeur sportif se fait le chantre d’une version officielle : « je tiens à souligner qu’il n’y a pas de séparation avec Mike, car il est toujours chez KTM », souligne ainsi Pit Beirer. « Il est et reste un ami de la maison. Mike a tout donné pour ce projet, jour et nuit pendant sept ans. Nous avons décidé conjointement que nous voulions emprunter d’autres voies dans la gestion d’équipe. Nous devons franchir une nouvelle étape dans le projet et séparer plus fortement la gestion du sport et le développement de la moto ».
Il répète même : « c’était une opinion partagée entre Mike et moi que quelque chose devait changer radicalement à l’avenir, car sinon nous ne ferons jamais le bond en avant. C’est à ce moment-là qu’il a été décidé que nous changerions pour l’avenir ». Et que dit Mike Leitner ? Il est à l’unisson : « maintenant, le projet a atteint un point où il faut le mettre en place de manière stratégique. Je le vois aussi de cette façon ».
KTM : « Mike Leitner a contribué à permettre le changement«
Selon Leitner, Guidotti est le bon team manager pour KTM : « pour assumer ce rôle sur le circuit, je pense que c’est un homme bien. Je pense qu’il remplira bien le rôle. Ce n’est pas quelqu’un qui peut prendre des décisions techniques. Mais personne ne l’exige de lui. Il prend une équipe fonctionnelle et n’a rien à construire. J’ai investi beaucoup de cœur et d’âme pour que nous ayons les bonnes personnes ».
Pit Beirer plussoie : « Mike a contribué à permettre le changement. Il n’y a pas de malentendu, juste de la fierté pour ce qui a été accompli. Nous sommes très reconnaissants envers Mike, cela ne fait aucun doute. Bien sûr, il y a aussi de la mélancolie pour lui parce qu’il abandonne maintenant son bébé. D’un autre côté, il a accompli quelque chose d’énorme. Il est maintenant temps de changer les choses. Du sang frais, jeunes ingénieurs. Vous devez maintenant passer à autre chose ».
Tellement d’ailleurs que l’encensé Mike Leitner ne sait pas de quoi pourrait être désormais fait son avenir chez KTM … « Je suis en phase avec les décisions qui se prennent actuellement » dit Leitner. « Je considérerai ensuite dans quel rôle je serai vu. Cela dépend aussi de l’endroit où KTM veut me voir. Maintenant, je regarde positivement l’avenir et je l’attends avec impatience ». Donc, selon les perspectives, cet avenir ne sera pas forcément chez KTM.
Finalement, avec la restructuration, KTM veut assurer plus de calme. Sterlacchini coordonnera le développement technique en Autriche. L’équipe de test autour de Dani Pedrosa expérimentera de nouveaux développements. Et l’équipe de course devrait se concentrer sur la pleine performance de l’ensemble. Les tests et autres nouveautés à évaluer en plein Grand Prix qui ont plus déstabilisé les pilotes qu’elles les ont enthousiasmés ne devraient plus avoir cours : « à un moment donné, nous n’avons pas tracé la bonne ligne et avons trop apporté à l’équipe de course » termine Pit Beirer. « Moins de pièces doivent simplement entrer dans l’équipe de course, donc il doit y avoir plus de paix et de tranquillité. Les pilotes manquaient de sécurité et n’avaient pas la possibilité de traiter les sujets de course normaux ». Miguel Oliveira retrouvera-t-il, avec cette approche rationnalisée, sa sérénité en 2022 ?
