A la fin de la saison dernière, le plan était clair chez KTM : Brad Binder grimpait en MotoGP et le flambeau serait repris en Moto2 par Jorge Martin, même avec une Kalex, mais aux couleurs de Mattighofen. Si l’Espagnol se débrouillait bien, sa promotion vers la RC16 serait étudiée de très près. Une politique de filière claire et assumée. Puis il y a eu le Coronavirus et le confinement, arrêtant le temps de la compétition et bouleversant les plans. Entre Jorge Martin et KTM, les relations se sont gâtées avec cette possibilité d’entrer dans le giron Ducati. Qui s’est un peu floutée aujourd’hui. Mais ce n’est plus le problème de KTM…
Chez KTM, on a l’esprit de famille. Ce qui veut dire une relation particulière avec ses pilotes. Lorsque tout va bien, c’est valorisant. Mais les mauvais moments sont aussi, par ce biais, exacerbés. Un revers de la médaille qui ressort avec le dossier Jorge Martin. KTM, en effet, ne laisse pas passer ce qu’il considère comme un mauvais coup.
Au départ, le PDG de KTM Stefan Pierer et le directeur des sports Pit Beirer avaient déjà choisi le «Martinator» comme titulaire pour le championnat du monde MotoGP en 2021 au Grand Prix de Valence. On le sait, les Autrichiens voulaient le persuader, il y a un an de succéder, à Johann Zarco dans l’équipe à quatre pilotes du MotoGP en 2020. Mais Martin et son manager Albert Valera qui dirige également Jorge Lorenzo, voulaient remporter le championnat du monde Moto2 avant le changement de classe.
Puis en juin, il a soudainement viré de bord. Jorge Martin est apparu comme un pilote fortement désiré par Ducati. Qu’est-il arrivé ? Valera et l’Espagnol ancien Champion du Monde de Moto3 ont décidé, pendant le confinement, et donc en dehors de toute compétition, que le projet KTM ne serait pas assez beau…
« Le seul investissement que les managers font, c’est le dernier I-Phone »
« La clause MotoGP faisait partie du contrat Moto2 avec Jorge Martin », explique Pit Beirer à Günther Wiesinger de Speedweek. « C’était son contrat Moto2 qui incluait cet accord MotoGP. Il y avait cependant une clause de libération pour le pilote si nous ne figurions pas dans le top 10 du championnat des pilotes MotoGP fin juin. Alors Jorge avait la possibilité de partir. Son manager a ensuite affirmé que KTM n’était pas dans le top dix. J’ai répondu : « mais nous ne sommes pas non plus en dehors du top dix, car nous n’avons pas encore participé à une course et c’est pourquoi il n’y a pas de classement de championnat. » Malheureusement, le pilote et le manager ne nous ont pas fait confiance. C’est pourquoi ils ont pris la sortie de secours ».
« Nous ne sommes pas très enthousiasmés par la politique de ce manager », admet Beirer. « Parce qu’au final, nous finançons l’ensemble du projet Moto2 afin d’avoir des pilotes dans notre groupe qui seront promus en MotoGP dès qu’ils seront prêts ». Mais KTM rendra la monnaie… « Si quelqu’un nous laisse tomber dans la phase du coronavirus, alors nous réfléchirons à deux fois si nous voulons que ce pilote revienne dans la famille à un moment donné » prévient Pit Beirer.
Avec les résultats actuels d’une RC16 qui a remporté deux Grands Prix sur cinq disputés, Pit Beirer ne boit pas de la Red Bull mais du petit lait : « nous ne voulons pas remonter le temps », termine-t-il. « Le fait est qu’ils ne nous faisaient pas confiance. Les managers se facilitent la tâche. Le seul investissement qu’ils font dans le paddock est le dernier i-phone. Ensuite, les équipes sont jouées les unes contre les autres afin de faire monter le prix du marché. C’est comme ça. En regardant en arrière, je dis : je suis maintenant extrêmement satisfait de notre choix de pilote pour l’année à venir ».
Depuis Jorge Martin qui semblait avoir un avenir assuré chez Pramac Ducati est en concurrence avec Enea Bastianini, Luca Marini… et Johann Zarco.