La douloureuse expérience GASGAS avec Pol Espargaró confirme que, dans le MotoGP d’aujourd’hui, la blessure d’un pilote titulaire relève plus du marasme que de l’opportunité de révéler le talent d’un remplaçant. Car il n’y en a plus de ces remplaçants. Le niveau de la compétition est tel et celui des machine si techniquement élevé que, de l’écurie au pilote, on réfléchit à deux fois avant de franchir le pas. A tel point que même lorsqu’une proposition est faite à des pilotes de Moto2 de rejoindre l’élite durant une intersaison pour un poste de titulaire, certains préfèrent temporiser pour ne pas se bruler les ailes. Alors, pour une simple pige, imaginez les réticences… Mais on ne peut laisser les places vacantes et la grille de départ se vider. Alors Jonas Folger sera sur la GASGAS Tech3 à Austin. Un retour à la compétition pour l’Allemand de 29 ans sur le tracé le plus sélectif du calendrier dans une catégorie qui n’a jamais été aussi dure…
On rappellera par ailleurs au sujet de Jonas Folger qu’il n’est plus allé défier le tracé du Grand Prix des Amériques depuis six ans et qu’il n’a eu que huit jours d’essais sur la RC16, sans rechercher la moindre performance. Non seulement par manque d’expérience de la KTM, mais aussi parce que l’usine autrichienne doit réduire l’utilisation des pneus neuf lors des essais, car le contingent a été réduit pour 2023.
Bref, Jonas Folger part au carton, et on en a bien conscience au sein du groupe Pierer Mobility AG qui multiplie les messages d’apaisement pour éviter toute montée en pression autour de son nouveau pilote test… « Nous voulons alléger la pression sur Jonas Folger et envoyer le message que nous n’attendons aucun point de sa part au Texas », a ainsi expliqué Pit Beirer dans une interview avec Speedweek. « Nous espérons que Jonas restera avec nous en tant que pilote d’essai pendant de nombreuses années » ajoute-t-il même.
« Jonas Folger ne subira aucune pression pour obtenir des résultats chez GASGAS »
Serait-on inquiet à Mattighofen ? « Nous attendons seulement de Jonas qu’il survive à ses missions de remplacement de Pol et qu’il amène la moto en toute sécurité jusqu’à la ligne d’arrivée », insiste le directeur de Pierer Motorsport. « Ses temps ne seront pas pertinents. Jonas n’a rien à démontrer. Nous sommes reconnaissants qu’il ait la confiance nécessaire pour entreprendre cette tâche difficile et qu’il aime la course. Cela nous demande beaucoup de respect et montre qu’il est resté un pilote de course dans l’âme. A 29 ans, il est dans la fleur de l’âge de la course ». Et il termine : « nous apporterons à Jonas tout le soutien possible. Mais il ne subira aucune pression pour obtenir des résultats avec nous maintenant ».
Certes, mais une écurie doit être en mesure dans une compétition d’un tel niveau et d’une telle renommée internationale de palier l’absence de ses pilotes titulaires lorsque ceux-ci se blessent. C’est pour ça qu’il existe un règlement clair et des contrats de troisième pilote. Chez Yamaha, Crutchlow a tenu son rang en succédant à Dovizioso dans la dernière partie de la saison 2022, Chez Ducati, Pirro est toujours prêt pour le plan B et chez Honda Stefan Bradl est un incontournable. Et même s’ils ne sont pas enthousiastes, comme Crutchlow l’a fait savoir en son temps, ils vont au charbon parce que c’est leur job. Gouverner c’est prévoir, chez KTM comme ailleurs, où Dani Pedrosa choisit ses sorties et derrière lequel il n’y a personne. Car qu’espérer en toute circonstance de Jonas Folger et de Mika Kallio ? Ils ont pourtant été recrutés.