Les KTM RC16 V4 2017, 2018 et 2019 se sont comportées comme la plupart des prototypes MotoGP équipés de V4 : rapides dans les virages, rapides en sortie de virages, mais un vraiment difficiles à emmener au milieu de ceux-ci. C’est ce qui a gêné Johann Zarco en 2019 : arriver à faire tourner cette moto.
La RC16 de cette année n’a rien à voir avec les versions précédentes. «C’est comme un autre monde», déclare Brad Binder. Que ce soit Brad Binder ou bien Pol Espargaró, les pilotes KTM officiels avaient un rythme proche de celui du gagnant à chacune des quatre premières courses de l’année. Lors des deux manches de Jerez, la vitesse de Binder était impressionnante, à Brno, où il a gagné, et au Red Bull Ring, où Espargaró a mené la course jusqu’à ce qu’elle soit interrompue par un drapeau rouge. L’Espagnol aurait peut-être pu réitérer lors de la seconde course, mais il avait épuisé son allocation de pneus mediums, il a donc dû utiliser un soft, qui ne lui donnait pas l’adhérence qu’il souhaitait.
Le secret de la RC16 2020 est la vitesse permise par la puissance de son moteur V4 – la machine était la deuxième MotoGP la plus rapide dimanche, puisqu’elle a été flashée à 313,5km/h, et rendait seulement 1km/h à la Ducati, réputée pour être la plus rapide du plateau. Mais ce qui a fait la différence pour KTM, c’est sa vitesse de passage en courbe, qui était similaire à celle des 4 cylindres en ligne, généralement plus maniables.
« Normalement, avec ce type de moteur, la moto a moins de vitesse de passage en courbe », a déclaré Espargaró ce week-end. « Nous devons décomposer notre virage tel un V: atteindre le sommet de la trajectoire, faire pivoter la moto puis utiliser la puissance pour en sortir rapidement en la redressant. Mais maintenant, nous avons une très bonne sensation avec l’avant, ce qui nous permet de lâcher le frein un peu plus tôt qu’avant, de positionner la moto là où nous le voulons et ainsi d’avoir plus de vitesse dans les virages. C’est super sympa. »
Si la RC16 continue de permettre à ses pilotes d’utiliser plus de vitesse de passage en courbes lors des prochaines courses, nous devrons supposer que KTM a réussi à résoudre l’énigme qui a jusqu’ici échappé à Ducati et Honda : comment faire tourner une MotoGP équipée d’un V4? La réponse n’est pas uniquement une question de châssis. Comme d’habitude, il s’agira d’une combinaison de facteurs : obtenir le bon châssis, mais aussi la bonne dynamique de la moto lors de la coupure des gaz et les stratégies de frein moteur adéquates, afin que les pilotes puissent passer sereinement dans les virages avec une vitesse supplémentaire.
Attendez-vous à voir de nombreux ingénieurs Ducati et Honda examiner chaque facette des performances de la RC16 en piste lors des prochaines courses, pour essayer de comprendre ce que les Autrichiens ont fait.
