KTM a mis en place une structure se voulant être un véritable incubateur pour les talents de demain. Un élevage de champions en herbe, au sens noble du terme, que l’on garderait pour soi et dont on gérerait aussi les contrats pour les autres. Sur ce point, les décideurs de Mattighofen n’ont jamais caché leur affection pour la gestion sportive en vigueur dans le football, milieu dans lequel leur sponsor titre est aussi impliqué. Cependant, si l’idée est là, la recette est encore à découvrir. Les cas de Remy Gardner et de Raul Fernandez actuellement vécus chez Tech3, dont les compétences en matière de soutien et d’encadrement sont ici au-dessus de tout soupçon, sont plutôt de nature à effrayer que de susciter des vocations auprès de la jeune génération. Le patron des sports de la marque Pit Beirer annonce donc un changement : on va d’abord faire une bonne moto et après on mettra des jeunes dessus…
Et pour que cette bonne moto puisse naître un jour, il faut faire appel à des pilotes expérimentés et rapides. La carte jeune est donc pour le moment remisée dans un coin et cela se révèle particulièrement dans l’actuel recherche du line-up à installer chez Tech3 qui prendre les couleurs de GASGAS en 2023. Cette structure a vocation de jalonner le fameux parcours « Road to MotoGP », avec lequel les Autrichiens souhaitent élever les jeunes pilotes de la série junior à la catégorie reine. Mais Pol Espargaró qui a signé et Miguel Oliveira que l’on veut y garder ne sont pas nécessairement des jeunes à 31 et 27 ans respectivement…
Sur ce changement, Pit Beirer explique sur motorsport-magazin : « notre puzzle MotoGP n’est pas encore tout à fait terminé, nous essayons donc toujours de trouver les performances maximales pour le projet. Mais notre objectif est toujours de former de jeunes pilotes et éventuellement de remporter des titres en MotoGP avec eux. Mais je pense que nous devons avoir un peu plus de succès pour être la première option pour nos jeunes ».
KTM : « un line-up avec Brad Binder, Jack Miller, Pol Espargaró et Miguel Oliveira serait une équipe de rêve«
Et il précise ainsi sa pensée : « la moto doit être plus facile à configurer pour faciliter l’accès au MotoGP. Nous avons certainement commis des erreurs dans le passé. Par exemple, nous ne mettrions plus jamais deux rookies dans une équipe. S’ils ne s’entendent pas et que vous avez un pilote malade dans l’équipe, alors 75 % de vos pilotes n’iront pas plus loin dans le projet. Un line-up avec Brad Binder, Jack Miller, Pol Espargaró et Miguel Oliveira serait une équipe de rêve pour nous car vous avez toujours un pilote qui se pousse lui-même et ses collègues. Vous devez sans cesse vous battre ici, chaque jour, et livrer énormément. Ceci s’applique à tous les participants de cette classe. Mais c’est exactement ce qui la rend si amusante ».
En attendant, ce changement de politique fait deux victimes : Raul Fernandez et Remy Gardner, qui sont tout de même les vice-champion et Champion du Monde de Moto2 de l’année passée, saison où ils dominaient les Bezzecchi et autres Di Giannantonio à présent en pleine lumière. En quelques mois, ils ont été jugés et condamnés alors que, chez Ducati, si on s’était arrêté aux premières impressions laissées par Pecco Bagnaia, il n’en serait pas là où il en est aujourd’hui.
Cela étant dit, Raul Fernandez, qui n’avait jamais voulu de la RC16 dès le départ avant d’être poussé à monter dessus, a signifié dès Jerez qu’il ne désirait plus continuer avec KTM. Reste le cas de Remy Gardner, tombé en disgrâce sans qu’il n’ait apparemment rien fait pour mériter ce triste sort chez KTM. Et on rappellera que, dans cette crise, jamais les pilotes n’ont eu un mauvais mot contre leur équipe Tech3. Au contraire…
