pub

KTM

S’il y a une chose que KTM déteste plus que tout et encore moins que les autres en MotoGP, c’est bien le fait de se faire damer le pion. On avait vécu cette situation avec un Raul Fernandez qui ne s’était pas caché de ses relations avec des émissaires de Yamaha, Razlan Razali en tête qui lui proposait des réunions de travail dinatoires. Le résultat en a été une annonce précipitée, en plein déroulé d’une séance de Grand Prix, de son arrivée sur la RC16 pour la saison suivante. Les pilotes Tech3 d’alors, soit Lecuona et Petrucci, avaient apprécié… Aujourd’hui, l’histoire semble se répéter avec Miguel Oliveira qui, à force de montrer qu’il se cherche un avenir en dehors de la marque pour laquelle il a remporté quatre Grand Prix en MotoGP va maintenant sans doute devoir s’en trouver vraiment un…

L’annonce de Jack Miller chez KTM pour deux ans, de 2023 à 2024, est arrivée à une heure creuse en termes d’écoute lors d’un jour de fin de semaine. Le timing a étonné, mais lorsque l’on connait le contexte avec Miguel Oliveira, et que l’on fait le point sur la culture KTM dans ce type de dossier, on relativise la surprise. Car on n’impose jamais ses choix à KTM. KTM garde toujours l’initiative.

Le cas d’un Raul Fernandez pris de vitesse dans ses premiers contacts avec Yamaha est à rappeler et dans le cas de cas de Miguel Oliveira, KTM lui met, avec cette officialisation de Jack Miller, le contrat Tech3 à signer sous les yeux, ou le bon de sortie. Mais le Portugais ne pourra plus aller voir les concurrents en se disant qu’il a l’initiative et qu’il peut prendre de cours à tout instant son patron dans le paddock, Pit Beirer.

Ce dernier explique en donnant des éléments d’ambiance révélateurs : « si je remarque qu’un pilote parle à un autre patron d’équipe, alors je suis jaloux. S’il voit que je parle à un autre pilote, alors ça s’interprète comme une trahison en quelque sorte. Ce n’est pas agréable parce que nous ne voulons pas remettre en question ce que nous avons déjà réalisé ensemble. Pour garder les choses calmes dans l’équipe, il est préférable de garder les pilotes que vous avez. Ensuite, vous avez tout sous contrôle et vous pouvez travailler ensemble sur le futur ». Oui mais : « mon travail consiste à négocier avec les meilleurs du paddock qui seront libres pour la nouvelle saison. C’est stressant parce que c’est un peu comme de la triche ».

Chez KTM, on apprécie Miguel Oliveira qui a agrémenté le palmarès de la marque. Mais le Portugais n’est pas facile. Pit Beirer, là encore, révèle sur motorsport-total : « il est quatre fois vainqueur en Grand Prix MotoGP et c’est un élément important pour tout notre projet. Mais il est aussi très, très sensible. Nous le savons. Nous essayons de lui donner une base qui rend son pilotage plus facile. Quand tout se met en place et que Miguel passe une de ses bonnes journées, alors il est imbattable. Il réussit tout. Nous voyons des angles d’inclinaison avec la moto et des points de freinage tardif que nous n’avions jamais vus dans les données auparavant. Mais si tout ne va pas bien, alors nous sommes de l’autre côté de la liste des résultats. Bien sûr, ça nous fait réfléchir ».

Miguel Oliveira, Red Bull KTM Factory Racing, Gran Premi Monster Energy de Catalunya

KTM : « on a fait une offre équitable à Miguel Oliveira, on aimerait vraiment qu’il reste« 

Il faut ramener à cette évaluation au commentaire du team manager Guidotti sur l’arrive de Jack Miller : « comme Brad Binder, Jack est un pur coureur : il trouvera les limites et le maximum de n’importe quelle condition et de n’importe quel package et « foncera » pour obtenir le résultat et c’est une qualité assez rare » … Tout est dit.

Reste qu’Oliveira a l’option de rester dans la famille autrichienne en retrouvant un team Tech3 avec lequel il a remporté ses deux premiers Grands Prix dans la catégorie. Une proposition raisonnable que Pit Beirer a eu la surprise de voir écarter par le Portugais : « avant le Mugello, j’ai essayé de parler à Miguel pour lui avouer que ces pourparlers avec Miller avaient lieu. Je voulais être juste. Miguel est un de mes amis et aussi de l’équipe. Il devrait le rester – peu importe ce qui se passe ».

« Alors je lui ai fait une offre pour Tech3 et lui ai également proposé un salaire plus élevé. Je voulais vraiment éviter qu’il vienne au Mugello et dise : ‘Mon équipe, mes amis, ma famille, ils prennent un autre pilote et ils me mettent à la rue. ‘ » »Nous avions une option jusqu’au 31 mai, que nous aurions pu racheter. Ensuite, selon le contrat, il aurait dû rouler pour nous, peu importe laquelle des quatre places. Mais nous ne l’avons délibérément pas fait parce que nous avons une si bonne relation avec Miguel. Alors j’ai pensé qu’on lui avait fait une offre équitable. On n’a pas pris l’option mais on lui a fait une nouvelle offre. On aimerait vraiment qu’il reste chez KTM. Mais je ne sais pas si on a encore une chance ».

Pit Beirer poursuit en regrettant qu’Oliveira ait pris cette proposition comme une dévalorisation de sa position chez KTM : « je ne m’y serais pas attendu sous cette forme car nous avons maintenant huit de nos propres employés chez Tech3. Il a lui-même gagné deux courses avec Hervé Poncharal. Nous ne voyions pas cela du tout comme une voie de garage, nous voulons renforcer cette équipe. Notre objectif est toujours d’avoir quatre motos d’usine équivalentes. Il ne l’a certainement pas pris comme un compliment, mais il a été déçu que nous voulions discuter avec lui s’il pilotait pour une autre équipe. Il s’est ensuite plus ou moins isolé et a envoyé son père dans d’autres équipes pour des négociations ».

Une initiative qui a été comme un signal d’alarme : « selon sa direction, son père, rien n’a encore été signé et il veut nous parler. Mais nous avons également vu des photos suspectes sur Internet », a déclaré Beirer faisant ainsi allusion à la rencontre entre Oliveira, Ducati et l’équipe Gresini qui est un team satellite, rappelons-le. On en est là. Mais vu l’ambiance et les caractères affirmés, la relation entre KTM et Oliveira semblent bel et bien toucher à leurs fins…

TC_MGP_RACE_FRA

 

 

Tous les articles sur les Pilotes : Miguel Oliveira

Tous les articles sur les Teams : KTM MotoGP