La situation de KTM en MotoGP devient chaque jour plus préoccupante. Alors que le constructeur autrichien fait face à des difficultés financières majeures, des décisions stratégiques mettent en pause le développement de ses prototypes MotoGP, alimentant les spéculations sur son avenir dans la catégorie reine. Malgré des assurances d’engagement jusqu’à 2027, l’incertitude plane sur l’avenir de l’équipe et de ses pilotes.
KTM a décidé d’interrompre le développement de ses motos MotoGP jusqu’en mars 2025. Ainsi, les prototypes qui arriveront aux tests de Sepang en février seront identiques à ceux testés à Barcelone. Cette stagnation risque de compromettre les performances de pilotes comme Pedro Acosta, Brad Binder, Maverick Viñales et Enea Bastianini, qui devront composer avec des machines inchangées face à une concurrence féroce, notamment celle de Ducati. Mais KTM a déclaré mardi à Crash.net qu’il « y aura un test privé à Jerez en décembre ».
Selon des sources internes, cette décision reflète une stratégie d’austérité en réponse à la situation financière critique de KTM, dont la maison mère, Pierer Industries AG, déclare des dettes atteignant 3 milliards d’euros. Les difficultés touchent également d’autres activités du groupe, notamment la production de motos de route, arrêtée pour les premiers mois de 2025.
KTM affirme qu’il respectera son contrat avec Dorna jusqu’à la fin de 2027, mais des doutes subsistent quant à la pérennité de son investissement en MotoGP. Les dirigeants, notamment Hubert Trunkenpolz et Pit Beirer, ont tenté de rassurer en déclarant : « nous courrons en MotoGP l’année prochaine et l’année suivante. Nous voyons le sport comme un outil marketing crucial pour la marque KTM. »
KTM Racing GmbH » n’est pas impliquée dans la « procédure de restructuration judiciaire » en cours chez KTM AG
Cependant, cette déclaration masque les ajustements financiers drastiques en cours. KTM cherche à optimiser ses coûts sans compromettre directement les performances en piste, bien que l’arrêt temporaire du développement soulève des inquiétudes sur la compétitivité à moyen terme.
À court terme, KTM bénéficie du gel technique en MotoGP, qui limite le développement des moteurs à partir de 2025 jusqu’à fin 2026. Cela pourrait stabiliser la compétition et limiter l’impact des contraintes budgétaires. Toutefois, les nouvelles règles de 2027, avec une réduction de cylindrée à 850cc, nécessiteront des investissements significatifs pour le développement de machines adaptées, une échéance qui pourrait accentuer les pressions financières.
Face à l’incertitude autour de KTM, Dorna Sports étudie des solutions alternatives pour éviter un retrait de l’équipe autrichienne et maintenir une grille complète. Parmi les options évoquées figurent un soutien renforcé de Red Bull, partenaire clé de KTM, ou même la recherche d’autres constructeurs comme Suzuki ou BMW pour combler d’éventuelles lacunes à l’avenir.
Les décisions de KTM auront un impact direct sur ses pilotes. L’arrivée de Pedro Acosta, star montante du MotoGP, dans un contexte de stagnation technique, pourrait freiner sa progression et alimenter des frustrations. L’équipe Tech3, avec Viñales et Bastianini, risque également de subir les conséquences de cette pause dans le développement. Ces défis pourraient compliquer la tâche pour KTM, qui aligne pourtant l’une des meilleures équipes de pilotes depuis son entrée en MotoGP en 2017.
KTM se retrouve à un tournant critique de son histoire en MotoGP. Entre des finances sous pression et une stagnation technique, son engagement dans la compétition est mis à rude épreuve. Bien que la marque ait confirmé sa présence à court terme, l’évolution de la situation financière et les exigences techniques de 2027 détermineront son avenir à long terme dans la catégorie reine. Pour l’heure, KTM devra se concentrer sur l’optimisation de ses ressources et espérer que les garanties de Red Bull et Dorna permettront de stabiliser son projet.