Jorge Lorenzo n’est plus tout à fait un retraité et il n’est pas plus entièrement pilote, même s’il fera des tests pour Yamaha, lorsque le coronavirus l’autorisera. Il est donc entre deux mondes avec l’intention de profiter du meilleur de ceux-ci sans en goûter les inconvénients. De quoi se refaire une santé et un moral avant de reprendre une vie de titulaire avec une M1 ? Ceci pour recommencer un parcours florissant laissé en friche avec les expériences Ducati et Honda ? On ne sait, mais en attendant il se rappelle du jeune Por Fuera qui débarqua chez Yamaha en 2008…
Lorsque Jorge Lorenzo est arrivé en MotoGP en entrant par la porte Yamaha, il a d’abord trouvé un mur… Celui dressé par Valentino Rossi pour séparer symboliquement le box de la firme d’Iwata, ainsi changé en camp retranché avec deux parties inconciliables. Le Majorquin s’en souvient et reconnaît qu’il ne faisait rien à l’époque pour détendre l’atmosphère… « je ne vénérais aucun mythe, je n’ai jamais fait d’éloges sur Valentino Rossi. Il est clair qu’il ne l’a pas bien pris pas plus que les fans ou le public en général qui n’avaient pas l’habitude d’entendre de tels discours, mais c’était ce que je pensais. »
« Je voulais tout, tout de suite » se rappelle Jorge Lorenzo. « Je pensais que tout était possible. Il n’y avait aucune limite dans ma tête. Lorsque j’ai débuté en 2008, j’étais avec des Michelin, et les trois ou quatre premières courses ont été incroyables. Je roulais naturellement avec la moto, je ne doutais absolument pas de ma vitesse et de mon talent. J’avais la pole lors de ma première course, et j’ai fait de même lors de la seconde et la troisième. J’avais fait trois podiums et gagné dès le troisième Grand Prix. »
Une confiance qui s’est ensuite amenuisée avec de violentes chutes et des blessures. Son courage a été mis à l’épreuve, mais aussi sa fierté, celle-ci ayant été particulièrement égratignée en 2009 par un Valentino Rossi qui lui a soufflé la victoire dans le dernier virage du Grand Prix de Catalogne… « Une part de moi ne s’attendait pas à cette manœuvre, mais une autre partie de moi, si. A cette époque, j’étais trop raide sur la moto et j’avais un peu peur pour pouvoir lui fermer la porte. Il a changé la trajectoire qu’il avait utilisée tout au long de la course. Il ne savait plus quoi faire et il a tiré avantage de cette nouvelle stratégie. »
On rappellera qu’à cette époque, Jorge Lorenzo avait 22 ans alors que Rossi avait passé le cap des 30 ans : « il freinait mieux que moi, il le faisait plus tard que moi. Ce n’est seulement qu’avec la Ducati que j’ai appris comment on pouvait freiner si tard. Mais à l’époque, sur la Yamaha, il était meilleur que moi et il en a profité. »
« J’étais en revanche meilleur dans les virages que dans les freinages » corrige ensuite Por Fuera. « En Catalogne, il en a profité. Que se serait-il passé si j’étais entré plus tôt dans la courbe ? On ne le saura jamais, mais peut-être que j’aurais pu éviter ce dépassement et gagner la course » termine-t-il au micro de Gavin Emmett pour la chaîne britannique BT Sports. Les relations entre les deux hommes se sont ensuite détendues pour aboutir aujourd’hui à une collaboration affirmée pour le développement de la M1. La rumeur dit qu’ils pourraient se retrouver comme équipiers en 2021 sous des couleurs Petronas, équipe qui rappelle cependant qu’elle est, à priori, maître de ses choix…