Jorge Lorenzo connait incontestablement la période la plus délicate de sa belle carrière. Quintuple Champion du Monde, sa légitimité a vacillé sous l’auvent Ducati avant qu’il ne retrouve la victoire et réaligne ainsi la mire. Le voilà chez Honda et, cette fois, tout semble plus délicat. Les blessures l’ont diminué, l’ambiance au HRC s’est dégradée et les rumeurs de départ anticipé, voire même d’année sabbatique si ce n’est de retraite, se font de plus en plus pressantes. Alors Por Fuera se défend. Comme s’il voulait régler certains comptes avant de tirer sa révérence ?
Les choses bougent en MotoGP et tout y est plus précaire qu’avant. Prenez le cas de Johann Zarco : quelques mots sur les maux et une adaptation manquée sur la RC16 ont déterminé KTM à changer de portage. Le Français ne sera plus du paysage cette saison. Chez Ducati, on semble en pleine évaluation alors que chez Honda, le cas Lorenzo semble être traité. Ses démarches non niées pour un retour chez Ducati ajoutées aux difficultés d’adaptation à la RC213V n’ont pas laissé insensible Honda. Marc Márquez s’est positionné en signalant que pour un tel projet, on allait jusqu’au bout lorsque l’on était champion. Le team manager Alberto Puig a enfoncé le clou en s’interrogeant sur ce qui restait de courage au Majorquin. Depuis, ce dernier est sur la défensive.
Une ambiance lourde qui l’amène aussi à mordre. Dans un entretien à Marca, Jorge Lorenzo a réglé quelques comptes dans un style indirect qu’on lui connait bien. Ainsi, quand on lui demande s’il est possible de faire appel à un psychologue ou à un « coach » pour l’aider à améliorer sa situation, la réponse du Majorquin est incisive : « je n’aime pas l’opportunisme. Pourquoi est-ce que l’on ne m’en propose pas un quand je gagne ? Vous pouvez également simplement vous tromper. Quand vous changez de moto, vous avez simplement besoin d’une réadaptation. »
« Vous n’êtes pas obligé d’être catastrophiste et, surtout, je hais l’opportunisme. Les pilotes, ou les personnes qui profitent de l’erreur que j’ai commise à Montmeló pour rajouter de l’huile sur le feu en disant que, par exemple, je perds le contrôle du tour de chauffe, alors que j’ai participé à 300 courses en championnat du monde et que je n’ai jamais chuté… Je n’ai jamais eu d’incident avec un pilote dans le tour de chauffe. » Un message adressé à Cal Crutchlow et à Jack Miller…
Il ajoute également : « je sais que les psychologues peuvent vous aider, et c’est pourquoi beaucoup exercent ce métier. Il est également vrai qu’ils m’ont aidé à l’époque, mais je pense être une personne particulière, qui lit beaucoup, qui analyse beaucoup et qui a suffisamment d’expérience pour savoir quoi faire et comment agir à chaque instant. Parce que, finalement, il n’y a personne qui habite dans votre corps ou qui exerce votre profession. Le psychologue n’a aucune idée de ce que c’est que de piloter une MotoGP. C’est vous qui connaissez les problèmes que vous rencontrez, et avec l’expérience que j’ai maintenant, je le sais mieux que quiconque. »
Ce week-end, Jorge Lorenzo sera en Aragon et il tentera de réduire l’écart qui le sépare des meilleurs, un objectif qu’il s’est fixé comme pour jalonner le chemin qui lui permettra de retrouver son niveau.