Après avoir consacré un article entier à la saison 2010 de Jorge
Lorenzo, nous allons aujourd’hui revenir sur l’exercice 2012,
tout aussi impressionnant. Pourtant, en arrivant à Doha, Qatar, le
n°99 n’est pas le favori. Un monstre se dresse sur son
chemin.
Son nom : Casey Stoner. L’australien à réalisé une
année 2011 hors du commun, écrasant toute forme de concurrence sur
son passage. En plus de cela, « Por Fuera »
n’était pas au top. À Phillip Island, le champion du monde 2010
s’est blessé et a perdu un bout de doigt au warm up.
Nouvelle saison, mêmes concurrents. Dani Pedrosa
et Stoner sont, comme d’habitude, redoutables. Chez Yamaha,
Ben
Spies a réalisé une belle saison 2011 marquée par une
victoire à Assen. Les bleus espèrent l’explosion du prodige
américain. Valentino Rossi, après avoir connu sa
pire saison en carrière, espère marquer les esprits et enfin
réussir avec Ducati. Rappelons que la cylindrée a changé : Nous
sommes passés des violentes et traîtres 800cc aux 1 000cc que nous
connaissons actuellement. Cette année marque aussi l’introduction
des machines CRT afin de remplir une grille bien vide
en 2011.
La course du Qatar donne le ton. Jorge Lorenzo, survolté, se joue
littéralement des deux officiels Honda en leur tournant autour
comme une mouche. Il s’empare de la victoire devant Pedrosa
et Stoner.
L’australien enchaîne avec deux victoires, notamment à Estoril,
circuit favori de Jorge. Spies, censé au moins « aider » Lorenzo,
connaît un début de saison catastrophique. Rapidement, les
observateurs s’accordent à dire qu’il n’a pas les épaules pour ce
guidon officiel, peut-être à raison. Le reste de l’année
leur donnera raison.
Une Yamaha contre deux Honda. Personne ne lâchera
rien, et malheur à celui qui commettra la première erreur. En
arrivant à Assen, « Por Fuera » est le seul à
n’être jamais descendu du podium, mais l’écart n’est pourtant pas
significatif. Une fois le départ donné, catastrophe :
Álvaro Bautista tente une manœuvre incontrôlée et
fait chuter Jorge Lorenzo. Stoner n’en demandait
pas tant : Ce dernier s’impose et remet les pendules à l’heure.
Égalité parfaite. Pedrosa et un surprenant Cal
Crutchlow, chez Yamaha Tech3, suivent.
L’avantage psychologique, déterminant dans une course au titre, est
en faveur de « l’aussie ». Au Sachsenring (circuit
qui désavantage considérablement la Yamaha), la joute semble pliée.
Pourtant, il s’agit là d’un tournant du championnat.
Pedrosa, dans une forme olympique, pousse comme un
diable devant. Stoner se maintient à bonne distance, prêt à bondir.
Derrière, Lorenzo roule seul, sans aucun espoir de victoire. À
l’époque où les consignes de course n’existaient pas, Stoner désire
les 25 points à tout prix. Dans le dernier tour, la Honda frappée
du n°27 est plus proche que jamais. À la sortie du
Waterfall, quelques centimètres séparent les deux
hommes. Le virage suivant, un gauche, nécessite une trajectoire
parfaite, accompagnée d’une gestion du frein avant chirurgicale.
Stoner en veut trop. L’australien chute, à deux virages de la ligne
d’arrivée.
Cet évènement changea le cours de la saison. Pour
rappel, Casey avait déjà annoncé son départ en retraite pour 2013,
mais c’est bien l’Allemagne qui mit fin à son règne, au « grand
Stoner » que l’on connaissait tous. Certes, il conclut l’année avec
deux autres victoires (dont Phillip Island pour la sixième fois
consécutive), mais fit pâle figure au Mugello ou à
Motegi. De plus, il fut contraint de manquer trois
courses à la suite d’un énorme volume sur le bitume
d’Indianapolis.
Pedrosa vs Lorenzo. En réalité, les deux rivaux
n’avaient jamais pu croiser le fer en MotoGP, face à face, pour une
couronne mondiale. Cette manche allemande galvanisa Dani, mué en
machine de guerre. Victoire à Indianapolis puis à
Brno, dans une explication entrée au panthéon,
peut-être exagérément d’ailleurs.
L’officiel Repsol Honda arrive en pleine confiance à Misano. Dès le
départ donné, Lorenzo s’envole sur l’une de ses pistes préférées,
tandis que Dani est étrangement englué dans le peloton. C’était
l’erreur à ne pas commettre. Dans le premier tour, Héctor
Barberá l’empale et met fin à ses espoirs de triplé. Jorge
triomphe et compte désormais 38 points d’avance.
Par la suite, Pedrosa s’empare de trois nouvelles victoires
d’affilée. Seul problème, Lorenzo est toujours deuxième et ne le
lâche jamais d’une semelle. À Phillip Island, ce
qui devait arriver arriva. Dani chute, et offre le championnat à
son ennemi de toujours.
Lorenzo, deuxième, célèbre d’un burn mythique sur les terres de
Casey Stoner, vainqueur éclipsé et finalement
perdant du jour. La Honda n°26 empoche pourtant de la victoire à
Valence, sans conséquence pour le général. La piste mouillée
promeut Katsuyuki
Nakasuga à la deuxième place tandis que « Por Fuera »
chute lourdement.
Cette version de Lorenzo n’était pas la meilleure. En effet, il comptait une victoire de moins que son dauphin, mais 10 deuxièmes places, sans jamais finir troisième, pour deux abandons. Sa régularité en faisait une arme létale, rappelant son coup de maître en 2010. Alors que l’on observait la naissance d’un monstre une catégorie plus bas, Lorenzo s’asseyait sur le toit du monde, prêt à dominer la MotoGP pour les années à venir. À moins que…
Photo de couverture : Carlos Gonzalez