Plus détendu et souriant, Johann Zarco a semblé s’assagir en Espagne au sujet du nouveau format des Grands Prix et notamment dans sa partie relation avec le public, avec ces séances d’échanges et de proximité avec lui. Un moment où l’on peut voir, toucher, s’immortaliser et demander des autographes avec ces véritables héros. Cependant, ces instants privilégiés arrivent alors que les pilotes sont encore mentalement en pleine communion avec leur machine, si bien qu’ils préféreraient assurément échanger plutôt avec leurs ingénieurs. A Jerez, on les a cependant vus comme ayant intégré cette obligation protocolaire. Mais, intérieurement, les champions aimeraient que cela se passe autrement à un autre moment. Le pilote Pramac Ducati le confirme.
Johann Zarco a déjà dit ce qu’il pensait de cette communion avec un public trié sur le volet sur fond de tapis rouge comme lors d’une parade autour du circuit dans une remorque. Il comprend l’idée, mais il aimerait aussi que l’on comprenne les impératifs de son métier. En Espagne, cet échange avec les fans a pourtant montré toute sa pertinence, tellement l’enthousiasme de la foule était palpable et communicatif, puisque même un Dani Pedrosa était ému jusqu’aux larmes.
Oui mais Johann Zarco reste sur son idée : « alors que le niveau en MotoGP ne cesse de monter, nous devons nous préparer de mieux en mieux aux contraintes et prendre encore plus soin de notre corps » dit-il sur Speedweek. « Alors je me répète et je dis que nous ne pouvons pas signer d’autographes 15 minutes avant les essais samedi matin ». Et il explique à nouveau pourquoi : « nous devons bien nous préparer pour pouvoir rester concentrés plus tard sur la moto. Ce n’est qu’alors que nous pourrons maîtriser la journée à un niveau constamment élevé ».
Johann Zarco : « nous prenons les jeunes talents et les brûlons. Puis les nouveaux viennent, que nous brûlons à nouveau »
Il ajoute cependant : « certains pilotes sont capables de réussir le spectacle et les courses à cette intensité. Mais cela donne l’impression que rouler sur une MotoGP est normal. Mais ce n’est pas vrai ».
Cela étant dit, il y a autre chose qui inquiète le Français. Un certain nombre de pilotes se sont blessés depuis le début de la saison, notamment Marc Marquez, Pol Espargaró, Miguel Oliveira, Joan Mir et Enea Bastianini. Certains d’entre eux restent indisponibles ou souffrent pour revenir. Cette évolution interpelle le double champion du monde Moto2 qui livre ce sentiment … « L’augmentation du nombre de blessures pourrait entraîner des carrières plus courtes dans l’ensemble. Nous prenons les jeunes talents et les brûlons. Puis les nouveaux viennent, que nous brûlons à nouveau. Peut-être que j’ai juste eu de la chance jusqu’à présent de ne pas me blesser ». Le MotoGP serait-il un jeu du cirque avec des pilotes gladiateurs amenés à l’abattoir ?