Si l’on réfléchit bien, ce podium du Grand Prix de la République tchèque à Brno était composé d’une multitude de signes. Par exemple, une machine de course aux couleurs de Red Bull y triomphait juste avant qu’une Formule 1 aux tons et au numéro 33 identiques ne concrétise à Silverstone. En Moto2, Bastianini gagnait avec également le 33. On trouvait aussi réunis un Brad Binder vainqueur qui doit sa promotion au changement de cap de Johann Zarco troisième. Ce dernier analyse cette situation, en expliquant franchement pourquoi ce que le Sud-Africain venait de réaliser était hors de portée pour lui en 2019…
Brad Binder n’en revenait pas de se retrouver si tôt à pareille fête. Et si l’on réfléchit bien aux circonstances qui l’ont amené là, il pouvait regarder droit dans les yeux un Johann Zarco renaissant sur une Ducati du monde d’avant. Car si le Français s’était obstiné sur la RC16, son sort aurait été autre. On rappellera qu’il y a un an, sur la même piste de Brno, Johann Zarco s’inscrivait sur la première ligne alors que le bitume était humide. Mais c’était le chant du Cygne.
Lors du rendez-vous suivant en Autriche, en effet, le double Champion du Monde de Moto2 demandait à KTM une rupture conventionnelle. Qu’il a obtenu. Johann se rappelle cet épisode : « je n’ai aucun regret, et je ne pense pas que j’aurais dû être plus patient » assure-t-il alors que la KTM est maintenant une moto gagnante. « Au moment où, l’année dernière, je me débattais, j’ai dû faire un pas pour moi-même, une grande décision pour obtenir un peu de liberté et être d’accord avec moi-même, parce que je sentais que j’avais de l’argent pour ne rien faire. Et je n’étais pas d’accord avec cela ».
« Alors, j’ai dû être honnête avec KTM, leur dire que je ne veux pas faire ces choses et que je préfère arrêter que de faire du mal. Ça a été un grand pas, mais quand je suis allé voir Ducati en décembre, j’ai eu un sentiment différent. C’était peut-être un peu plus le sentiment que j’avais en Moto2. La moto m’a donné plus de confiance en février à Sepang et au Qatar, donc à partir de là, j’ai pu travailler beaucoup mieux sur moi-même » précise le compatriote de Fabio Quartararo qui a dû se contenter du septième rang à Brno.
« Déjà à Jerez Binder aurait pu être sur le podium »
Certes, mais Brad Binder a démontré que l’on pouvait très bien s’adapter à la KTM. Le Français n’en prend pas ombrage, bien au contraire : « je suis assez heureux », assure Zarco lorsqu’on lui a demandé son avis sur la victoire de Binder. « Même pour KTM je suis heureux. Il fait le travail que je n’ai pas pu faire, ils ont fait le grand pas pendant l’hiver avec la moto. Il vient avec un esprit frais et cela l’aide beaucoup plus à faire le bon travail sur la KTM et il le prouve déjà dans sa troisième course ».
« À Jerez, il était assez fort, et les autres pilotes ont eu de la chance qu’il ait chuté parce qu’il aurait pu être sur le podium, je pense, à Jerez. Donc, alors que c’était un peu difficile avec les pneus pendant le Grand Prix de République tchèque, il a pris l’avantage et il a gagné. C’est parfait pour KTM d’avoir Brad. Il a montré l’année dernière en Moto2 qu’il était celui qui, en cas de gros problèmes, pouvait les surmonter et gagner des courses ».
Il termine : « maintenant, peut-être que la moto a fait un grand pas. Il est certain qu’une moto de MotoGP n’est jamais parfaite, mais il pouvait mieux la piloter, alors il a gagné ». Et il termine sa démonstration en chanson…
Sing along to the Brad Binder Song! 🎵@JohannZarco1 serenades @BradBinder_41 in the post-race press conference 🎤#CzechGP 🇨🇿 pic.twitter.com/Vt0Xtk5HQe
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) August 9, 2020