Ce n’est rien de dire que les débuts de Johann Zarco chez KTM sont loin de ce que les deux parties en espéraient. Non seulement la greffe entre la RC16 et le pilote français a du mal à prendre, mais en plus, on craint déjà le rejet. Sur la piste, c’est compliqué et les deux points ramenés en deux Grands Prix ne consolent personne d’une situation qui se tend au fur et à mesure que le temps passe et qu’un Oliveira s’épanouit. Dans un entretien à motogp.com, le Français ne parle pas seulement technique mais aussi ambiance et psychologie. Trahissant ainsi les symptômes d’une crise prête à éclater…
En ce début de saison MotoGP, il est deux cas qui présentent des similarités. Deux pilotes qui découvrent une nouvelle moto dans la difficulté. D’une part vous avez Lorenzo qui a quitté Ducati pour Honda après avoir été formé chez Yamaha et d’autre part Johann Zarco, lui aussi aguerri à la M1 et qui cherche une connexion avec sa KTM. Le duo, en ce moment, rame pour tenir leur rang sous le regard attentif voire sévère de leur patron respectif.
Car laisser du temps au temps n’est pas vraiment dans l’idée de cette compétition dont la philosophie est de défier le chrono. Tout y va plus vite qu’ailleurs. De fait, lorsque tout ne va pas si bien, le pilote est dans la tourmente. Ce dernier, en plus de son travail, doit alors gérer son environnement et entretenir un subtil équilibre pour éviter que l’édifice ne s’effondre. Le tricolore prévient ainsi :
« Nous devons nous calmer et contrôler nos nerfs, sinon nous perdrions le contrôle de nous-mêmes et de la situation. La chose difficile est certainement de ne pas oublier votre niveau, mais il existe différentes solutions pour le tester en permanence. L’important est de toujours donner le maximum, sans hésiter. Aujourd’hui, il en est ainsi, mais demain, ce sera mieux ».
Des propos forts que l’on pourrait presque prendre comme un avertissement… Et si KTM se montre exigeant, le tricolore rappelle l’histoire du projet RC16 : « KTM manque d’expérience. C’est un projet jeune et il y a tellement de choses à travailler ensemble. Cependant, nous pouvons aussi compter sur des investissements importants et nous avons donc la possibilité de changer les choses à l’avenir ».
Le temps donc, toujours le temps… « Je pourrai amener la KTM au sommet, mais nous avons besoin de temps » insiste d’ailleurs le double Champion du Monde de Moto2. « La décision d’aller chez KTM était importante, c’était pour moi une occasion de courir dans une équipe officielle. La première impression était positive. Mais je m’attendais à pouvoir faire quelque chose de plus tout de suite. Après les premiers tests, nous avons réalisé qu’il était possible d’amener le KTM au sommet, mais cela prend plus de temps et demande plus de travail ».
Les bases étant ainsi posées, quid des prochaines courses et de cette première saison en combinaison orange ? « Entrer dans le top dix sera le meilleur moyen de comprendre le niveau de notre moto » termine l’équipier d’un Pol Espargaró qui a justement décroché ce résultat lors du dernier rendez-vous en Argentine. Juste devant Miguel Oliveira. Garder ses nerfs, et de part et d’autre, sera effectivement la clé…