En ces temps de confinement, Johann Zarco s’est fait jardinier et musicien dans une zénitude fraîchement adoptée et revendiquée dans sa nouvelle décoration de casque. Une philosophie mettant en exergue un fatalisme et une résilience qui correspondent parfaitement pour surmonter cette période si particulière. Une épreuve imposée par la mauvaise surprise d’un coronavirus voulant faire table rase du passé sans rien révéler sur l’avenir. Le Français à présent pilote Avintia Ducati a parlé aux incontournables de GPOne, avec quelques remarques intéressantes…
Johann Zarco est comme tous ses collègues pilotes. Il attend de quoi seront faits des prochains mois qui ne garantissent pas qu’une saison 2020 soit enfin lancée : « c’est une période particulière pour nous tous. Je suis évidemment confiné dans la maison même si j’ai la chance de me consacrer au jardin. Je ne nie pas que la moto me manque, même si je crains que cela ne prenne encore beaucoup de temps avant de reprendre la piste ».
Un crève-cœur et sans palliatif, puisque le Français n’est pas un as de la manette. Il ne piaffe donc pas d’impatience d’être d’une course virtuelle qui fait florès, même si cet instant pourrait tout de même venir… « Dorna m’a invité à participer à la course virtuelle dimanche, mais j’ai préféré la reporter, car j’ai essayé de tourner et j’étais trop lent. Je préfère apprendre et être prêt plus tard, en évitant les mauvaises performances. »
Pour ces compétiteurs nés, l’essentiel n‘est donc pas de participer… Cependant, en 2019, le double Champion du Monde de Moto2 a mis toute son énergie pour être de la grille de départ après sa rupture avec KTM. Mais là, c’était la vie réelle : « jamais l’idée d’une retraite ne m’a effleuré. La priorité était au contraire de comprendre comment ne pas tout perdre. » La planche de salut, on s’en souvient, est venu du team LCR, orphelin de Nakagami parti de faire opérer d’une épaule : « l’expérience de Honda m’a certainement fait connaître une autre moto. Je remercie donc Cecchinello de m’avoir fait oublier les difficultés de 2019. »
Et cette Honda, Johann Zarco l’a encore à l’esprit… « Honda et Yamaha ont une âme japonaise, elles sont beaucoup plus similaires que vous ne le pensez, tandis que pour les constructeurs européens, c’est différent. Je dis cela parce qu’avec Ducati, je m’attendais à trouver des sensations plus proches de Honda, mais ce n’était pas le cas. Mais je peux dire que Honda est une moto qui véhicule la passion et cela me touche le cœur. »
Un hommage à la firme de Tokyo qui, cependant, ne l’a pas retenu comme équipier de Marc Márquez. Mais Johann Zarco n’en ressent aucune rancœur : « cela fait partie du jeu et il est logique qu’ils aient emmené Álex, car il est le frère du pilote le plus fort du monde et a remporté la Moto2. Pour les affaires et la communication, c’était certainement le choix à faire. C’est évidemment dommage, car passer de KTM à Honda en un an aurait été intéressant. »
Cela étant dit, l’autre question est celle d’avoir lâché la proie Yamaha pour l’ombre KTM… Et elle reste sans réponse, ou presque… « Les décisions n’étaient pas toujours les miennes, aussi parce que j’avais un manager qui me gérait à l’époque. Cela dit, je ne sais pas pourquoi nous n’avons pas encore pu nous entendre avec Yamaha et avoir des opportunités avec eux. En plus de la suite avec Yamaha, je mentionne également l’offre de Honda. »
Mais ce qui est fait est fait : « je dois dire que j’ai souffert un an, mais j’ai grandi en tant qu’homme et maintenant je me sens frais, car je continue de cultiver le rêve de gagner en MotoGP. Je pense donc que je suis dans un moment de renaissance personnelle, aussi parce que je ne suis pas vieux, encore moins fini » termine Johann Zarco.