En signant son contrat de pilote officiel avec KTM, Johann Zarco n’imaginait sans doute pas se retrouver dans une telle situation après les trois premiers Grands Prix de la saison 2019. Bousculé par un équipier Pol Espargaró qui enthousiasme par ses coups d’éclat les hommes de Mattighofen, il ne décolle pas du fond des classements tout en étant la proie du pilote débutant et satellite de la firme autrichienne, Miguel Oliveira. Une situation sportive qui est le reflet d’une détresse technique qui commence à perturber le dialogue entre le Français et son patron sur le terrain. Un cercle vicieux dont il faudrait urgemment sortir sous peine de se perdre de vue…
Entre KTM et Johann Zarco, on n’en est pas encore à se demander comment on en est arrivé là, mais les deux parties sont sur une pente savonneuse. D’un côté, on a un Pit Beirer, patron des sports de la marque, qui avoue ouvertement avoir du mal à comprendre les soucis de sa recrue qui roulait si bien depuis deux ans avec une Yamaha. Une interrogation qu’il légitime en mettant en avant les résultats de son autre poulain, qui en est à sa troisième campagne avec la RC16, et qui fait une entame d’exercice plus que satisfaisante.
De l’autre côté, le double Champion du Monde de Moto2 dit au contraire que son sort a été compris. Avec cette nuance qui ajoute à la confusion : « mon équipe sait de quoi j’ai besoin. Ils m’ont dit d’attendre parce qu’ils ne pouvaient pas encore me donner les solutions. J’essaie de m’adapter, mais je ne peux pas tout changer ». Le tricolore précise même : « je ne sais pas ce que je vais avoir à Jerez. À partir du test de Jerez, nous commencerons le véritable travail de développement ».
Cette saison est donc à mettre entre parenthèses. Il n’en restera ensuite plus qu’une autre pour se relancer. Car au-delà de son aventure KTM, c’est aussi la suite de sa carrière qui doit être regardée : « je suis dans la meilleure phase de ma carrière où je pourrais monter sur des podiums. Mais je dois développer un projet qui ne gagne pas les courses pour le moment. Il est difficile d’accepter que cela puisse prendre beaucoup de temps. Je suis un athlète. Bien sûr, vous voulez être positif et optimiste quand vous vous réveillez chaque matin. J’essaie d’analyser ce que Pol fait, mais ce n’est pas facile. Pol pilote actuellement très bien. Si nous pouvons améliorer les sensations sur la moto afin que je puisse utiliser mes qualités, je serai heureux ».
Il termine : « je déteste commencer 19ème, me battre sur la moto et être si lent. C’est assez compliqué de comprendre comment améliorer les choses ». Vivement Jerez donc, en espérant que ce rendez-vous en Espagne améliore une situation déprimante qui dure depuis les premiers tours de roues avec la RC16 lors de l’intersaison…