Vivre confiné dans ses appartements est un lent poison pour un athlète de haut niveau. Même si, au dehors, il existe un coronavirus létal mettant la planète sous son joug, et qui constitue un danger encore plus grand. Pour un sportif professionnel, se voir privé de la pratique de sa discipline du jour au lendemain et sur un assez long terme, à l’aune de son espace-temps, c‘est susciter un manque terrible, instiller le doute et susciter la crainte d’une perte de niveau. Une angoisse à prendre en compte dans la gestion du mental de ces champions que Johann Zarco définit parfaitement…
Entre les instruments de musique, ses oliviers, mais aussi ses canettes qu’il recycle comme instruments utiles à son entraînement, Johann Zarco tue le temps. Cet avide de grands espaces et de vitesse ne peut pas sortir de chez lui et doit canaliser son énergie dans des activités dont il ne soupçonnait pas jusque-là les potentialités…
Cependant, ces ersatz ne peuvent remplacer l’essentiel : la pratique de la moto. Johann Zarco explique ainsi la nécessité de rouler en tout temps, tout lieu et tout moment pour un pilote : « la moto commence à manquer. Combien de temps ça va manquer ? C’est le plus difficile… J’ai besoin d’en faire pour progresser et continuer à être compétitif. Même pour le simple plaisir. On a beau se préparer physiquement, regarder plein de courses et de séances d’essais pour garder la tête active et essayer de choper des informations, ça n’est pas des sensations moto. »
Il ajoute sur ce que le roulage apporte vraiment : « sur la moto, si on ne pratique pas, on est déjà plus vulnérable. Il y a une confiance à prendre, des automatismes visuels et du corps. On a beau savoir que si on passe de cette manière dans le virage, on ne tombera pas, ça ne vient pas instinctivement. Parfois, on tombe parce que le corps n’était pas prêt à l’accepter. D’où l’importance de faire ses gammes.»
Une analyse qui explique aussi la nécessité reconnue par les protagonistes des Grands Prix de faire un test de remise dans le rythme avant de se lancer dans le premier Grand Prix, après tant de mois d’interruption. Arrêt certes, pais pas d’inactivité : « je fais de la course à pied. J’ai un peu d’espace pour courir, donc je fais pas mal de fractionnés, des choses assez cardio. Cette semaine, j’ai plus fait de l’activité à l’arrêt, un peu de boxe. Et après du renforcement musculaire avec le poids du corps, tout ce qui est pompes, barre de traction… Cette année, je voulais me concentrer sur le renforcement poids de corps, ne pas aller en salle de gym, donc je ne suis pas trop pénalisé » termine le Français dans un entretien à l’AFP.