Récemment, Johann Zarco n’a pas caché vouloir s’inspirer de Jorge Lorenzo pour élever encore son niveau de pilotage.
D’après le pilote français, la finesse de celui-ci, qui passe par des trajectoires très propres et la conduite la plus coulée possible pour ne pas perturber l’équilibre de la Yamaha, pourrait encore monter d’un cran en s’approchant de la quasi perfection qu’a démontré par le passé Jorge Lorenzo au guidon de sa M1.
Dans les colonnes de la version papier de la revue italienne Motosprint et sous la plume de Michel Turco, le pilote Tech3 explique donc de façon concrète pourquoi et comment il pourrait encore progresser.
Johann Zarco: « Après les derniers
essais de Sepang, revoir Jorge Lorenzo, sans penser à la moto avec
laquelle il roule aujourd’hui, m’a motivé. Le style de Lorenzo vous
permet d’aller très vite quand tout va bien ; et pour lui,
tout allait bien quand il était chez Yamaha. Je pense que ce style
de pilotage est ce que je dois poursuivre, car je n’y arrive pas
encore très bien. Bref si je peux le faire, même avec une moto
moins avancée que les officiels, je suis convaincu que je peux me
battre pour le podium.
Nous pouvons demander des datas aux Japonais, mais elles sont
sur un ordinateur. Ce n’est donc pas toujours facile de faire une
analyse très précise. Au début, j’ai utilisé les données de
télémétrie de Jorge mais aujourd’hui j’étudie davantage les images.
Comparer ce qu’il a fait pour mieux piloter la Yamaha par rapport à
ce que je fais. C’est ce que j’essaie de faire pour m’améliorer. Je
dois améliorer l’utilisation de l’avant lorsque j’entre dans les
virages. J’ai besoin de plus de confiance et d’efficacité dans la
phase d’insertion. Lorenzo est arrivé en MotoGP en passant par la
250. Je viens du Moto2, ce qui est différent. La 250 était une
vraie moto de Grand Prix. Il était nécessaire de rechercher des
trajectoires plus propres et d’être encore plus précis dans les
virages. »
Illustrons également cette extrême finesse du pilote espagnol par un petit exemple que nous avait confié en son temps Guy Coulon, un des très rares hommes pour qui les datas des Yamaha officielles ne sont pas inaccessibles…
Comme tout le monde le sait, les MotoGP, vu leur puissance,
possèdent des aides au pilotage: Traction Control, anti-wheeling,
etc.
Sauf que ces aides, moins on s’en sert et plus ça va vite!
Le moment où l’électronique se déclenche est donc repoussé autant
que faire se peut par les pilotes rapides et, par exemple, dans le
cas de Jorge Lorenzo, les datas montrent une
remise des gaz très progressive à la poignée.
Guy Coulon mime alors un mouvement rotatif qui commence doucement
avant de s’accélérer de façon asymptotique. Tous les pilotes
accélèrent plus ou moins de cette façon…
Mais là où Jorge Lorenzo se distingue nettement des autres, c’est qu’il utilise le mouvement exactement inverse au freinage, au lieu de couper tout net les gaz comme la majorité de ses concurrents: une brusque rotation de la poignée de gaz mais qui se termine très progressivement sur le filet de gaz ! Essayez de faire ce mouvement, bien tranquillement chez vous…
Un exercice dont la progressivité est particulièrement difficile
à réaliser alors que le pilote est simultanément en train de
« sauter » sur les freins.
Manoeuvre très pointue, donc, mais un gain évident obtenu
immédiatement avec une moto pas du tout déstabilisée par des
mouvements parasites, bien assise sous la charge, qui peut donc
prendre des angles inaccessibles aux autres.