Lors de ce quatrième épisode de la série MotoGP 2023, chacun des prétendants semble avoir trouvé sa place. Et certains d’entre eux se retrouvent dans des rôles qu’ils ne désiraient pas ou n’espéraient plus !
Dans le lot des confirmés, on trouve tout d’abord Francesco Bagnaia. Même s’il a un temps fait douter ses employeurs sur ses capacités à gérer la pression et assumer son statut de champion du monde, il a d’emblée prouvé ce week-end qu’il savait construire calmement et efficacement ses résultats.
Après une Q1 rondement menée, puis une honorable 5è place en Q2, Pecco a empoché la médaille d’argent de la course Sprint et remporté le GP du lendemain en taille Patron ! Il n’a jamais semblé douter et repart en tête du championnat devant l’infortuné Marco Bezzecchi pour qui les weekends ne se ressemblent pas.
Seconds rôles efficaces de la saga : Les pilotes KTM.
Véritables révélations de la saison 2023, après des performances à l’intersaison qui laissaient pourtant planer le doute, la paire Brad Binder/Jack Miller fait parler la poudre !
Brillants en qualifications (respectivement 2è et 4è), conquérants en course Sprint (1er et 3è), mordants en GP (2è et 3è), ils assoient définitivement la marque au rang de prétendante au trône. Dani Pedrosa, invité de prestige pour l’occasion, aura également confirmé par ses performances tout l’aboutissement du projet de la marque autrichienne auquel il a largement contribué. La feuille de route a été tenue : Faire de cette machine aux choix techniques à la marge un « must have » pour gagner.
Chez Tech3 GASGAS, les résultats ne furent pas moins prometteurs : Augusto Fernández termine 13è du GP, confirmant par là-même, weekends après weekends, son excellente adaptation à la catégorie en marquant des points tous les dimanches. Preuve en est : Lorsqu’il regarde dans son rétroviseur, nombre de « pointures » pourtant désignées et reconnues sont derrière au classement du championnat !
A commencer par son prédécesseur Raúl Fernández, depuis chez RNF APRILIA, qui ne décolle définitivement pas. Inquiétant quand on connait le taux de renouvellement dans la catégorie. D’autant plus inquiétant que son coéquipier Miguel Oliveira – certes plus capé – a tout de suite compris le mode d’emploi de l’Aprilia et sait la faire briller quand il n’est pas harponné. Rappelons que ce fut encore et malheureusement le cas ce weekend pour le pilote portugais avec une nouvelle chute assez violente. Souhaitons qu’il s’en remettra bien.
Et que dire de Joan Mir dont les résultats sont proprement calamiteux. Qualifications ratées et chutes dans les deux courses ! Il faut dire que l’exercice annoncé était périlleux : coexister avec Marc Márquez, seul pilote efficace sur une Honda dont les errements techniques n’en finissent plus. Le choix de cette marque, plus subi que désiré par le champion du monde 2020 ex-Suzuki, le révèlera ou le condamnera. Son titre, acquis sous l’ère Covid avec une seule victoire, prima sa régularité mais ne fut pas révélateur d’un talent incontournable, et Mir peine définitivement à assoir sa présence au championnat. Attention danger !
Autre prestation alarmante, celle de Fabio Quartararo. Disons plutôt qu’« El Diablo » n’arrive plus à sortir de sa boite faute à une M1 en retrait : mauvaises qualifications et mauvais résultats en courses malgré la combativité qu’on lui connait.
A ce titre, il est un peu préoccupant de constater à quel point l’hégémonie des marques européennes est devenu important : Il ne faudrait pas que les Japonais se lassent et suivent l’exemple de Suzuki. Or, lors de la Sprint, aucune machine japonaise dans les points ! Puis le lendemain lors du GP, Nakagami sur sa Honda termine neuvième et premier représentant des marques nippones. Fabio empochera les points de la dixième place et Álex Rins abandonnera sur chute.
Quid des solutions pour Yamaha et Honda ? Sur le plan moteur l’affaire est pliée faute au règlement. Restent les évolutions des parties cycles et de l’aérodynamique prises dans la hâte, simples thermocautères sur jambe de bois, en d’autres termes peu efficaces !
Chez Aprilia, on souffle le chaud et le froid : Aleix Espargaró et Maverick Viñales s’illustrent en qualifications (respectivement 1er et 10è et stagnent en course. Sans pour autant parler de contre-performances, disons plutôt qu’ils ne concrétisent pas franchement leurs rêves. Aleix ne s’est jamais senti aussi rapide, qui plus est sur l’une des meilleures machines du plateau, mais bute encore. Quant à Maverick, des départs un peu laborieux conjugués à des soucis techniques l’empêchent de décoller. Espérons que cela ne le fera pas retomber dans ses travers !
Au sein des teams satellite Ducati, tout le monde était à sa place : Chez Prima Pramac, Jorge Martín confirme son rôle de trublion sans pour autant tenir la distance qui ferait de lui un candidat potentiel à la victoire.
Johann Zarco de son côté tente de confirmer des stratégies plus probantes par une approche agressive de la course, avec des résultats en demi-teinte dont une chute dimanche. Mais l’important c’est de persévérer.
Au sein de la VR46, Luca Marini continue de progresser sans bruit alors que Marco Bezzecchi a mordu par deux fois la poussière.
Chez Gresini, Fabio Di Giannantonio poursuit dans l’anonymat. Álex Márquez pour sa part jouait un ton en dessous de ses précédents exploits.
Les rôles de figurants reviendront à Franco Morbidelli, Stefan Bradl, Iker Lecuona et Jonas Folger, présents et méritoires mais sans emphase. Si les trois derniers cités – wildcard et remplaçants des titulaires blessés – sont à leur place en termes de performances, « Morbido » en revanche…
Marc Márquez n’aura pas fait tâche dans ce feuilleton. Si ce n’est une brillante course Sprint lors de la toute première manche de la saison, ses seuls faits d’armes auront été une conduite dangereuse à Portimão dont les conclusions ne sont toujours pas connues.
Le septuple champion du monde de la catégorie n’anime désormais plus que les tabloïds par ses bulletins de santé et ses errements pour revenir au mieux de sa forme cette saison. Est-il d’ailleurs souhaitable qu’il revienne ? Au regard de l’intensité et de l’intérêt des courses actuelles, force est de constater qu’il ne manque pas.
Peut-être est-il temps pour Marc Márquez de mettre un terme à sa carrière ? Il nous l’a même laissé croire un temps en chamboulant l’ordre établi des conférences de presse, comme s’il devait faire part à l’assemblée d’une décision importante avant de rétropédaler pour faire part de lieux communs. Affaire à suivre.
Et à quand le réveil de « la Bête » Enea Bastianini qui n’en finit plus de se remettre de sa blessure portugaise ? L’infortuné aura hélas dû jeter l’éponge au terme des qualifications.
Espérons que la prochaine manche sera tout autant digne d’intérêt au Mans dans 15 jours, sachant que la comédie jouera également en coulisses avec les instances dirigeantes dont les décisions furent ce weekend, à l’image des longs laps infligés aux pilotes Yamaha, on ne peut plus controversées.