La conférence de presse qui a conclu l’intense Grand-Prix MotoGP d’Espagne à Jerez a réuni Francesco Bagnaia, Marc Marquez et Marco Bezzecchi pour leur débriefing face aux questions des journalistes.
C’est l’occasion de connaitre tous les détails de cette rencontre des deux plaques tectoniques que sont les deux premiers cités, et après le pilote officiel Ducati qui a su trouver les ressources pour donner dimanche la réplique à un Marc Marquez pourtant retrouvé, voici le point de ce dernier.
Comme à notre habitude, nous reportons ici ses paroles sans la moindre mise en forme, même si cela est traduit de l’anglais.
Mesdames et Messieurs, je vous souhaite la bienvenue à la conférence de presse d’après course, à l’issue d’un incroyable Grand Prix d’Espagne Estrella Galicia 0,0, ici, sur le circuit de Jerez – Angel Nieto, devant une foule record ce week-end. Quel spectacle ! Quelle course ! Le champion du monde en titre Pecco Bagnaia, pour l’équipe Ducati Lenovo, est le vainqueur de la course pour la troisième année consécutive ici à Jerez. Une belle bagarre, sa première pole position avec Ducati hier et son premier podium avec Ducati en Grand Prix pour Marc Marquez du Gresini Racing. Et de retour sur le podium pour la première fois en 2024, nous accueillons le pilote de l’équipe Pertamina Enduro VR46, Marco Bezzecchi. Messieurs, félicitations à tous les trois, un spectacle incroyable devant cette foule immense ici aujourd’hui !
Nous passons maintenant à Marc Marquez, de l’écurie Gresini Racing. Marc, c’est un week-end extraordinaire pour vous. La première pole position pour Gresini Racing hier, un spectacle incroyable de votre part une fois de plus devant votre public. Nous savons que vous aimez ce genre de bataille. Ce n’est pas tout à fait la victoire que vous vouliez, mais dans l’ensemble, il y a beaucoup de points positifs dans ce week-end, Marc. A quel point avez-vous apprécié la course d’aujourd’hui ?
Marc Marquez : « Oui, bien sûr, j’ai pris du plaisir. J’ai pris beaucoup de plaisir pendant tout le week-end. J’étais l’un des gars les plus rapides sur a piste, donc cela me rend heureux et j’ai apprécié. Et c’est vrai que la seule erreur sur la course a été les 5 premiers tours, mais vous savez je suis humain et c’était un peu trop lourd sur les épaules, l’erreur que j’ai faite hier dans le sprint. J’ai alors été un peu plus extra prudent, mais la chose la plus importante est que j’avais le rythme, et dès que j’ai dépassé Bezzecchi, j’ai pris mon rythme comme à l’entraînement et j’ai rattrapé Pecco. Et je sais que ce moment-là, le premier dépassement était le bon moment pour le faire parce que sinon la température à l’avant augmenterait et alors je ne pourrais pas arrêter la moto. Mais vous savez, quand j’étais là dans le virage 10, j’ai eu un flash de Valence quand Martin m’a fait une situation similaire et où j’ai volé. C’est vrai que ce n’est peut-être pas de votre faute, mais vous prenez zéro point. J’ai donc préféré relever la moto pour perdre la position et réessayer au tour suivant. Mais il était déjà trop tard pour la température de mon pneu avant. »
Vous avez eu des moments très serrés. Vous sentez-vous à
l’aise et heureux que cela fasse partie du spectacle ? Et nous
avons vu quatre autres coureurs aussi qui sont tombés à terre à
cause d’un contact, alors ça a l’air vraiment, vraiment serré entre
vous tous…
« Comme l’a dit Pecco, vous savez que
je suis l’un de ceux qui disent que « c’est la course »,
et parfois cela peut arriver. Aujourd’hui, c’est vrai que j’ai été
assez intelligent et que j’ai renoncé au bon moment parce que
sinon, ou Pecco ou moi ou les deux aurions chuté. Parce qu’à la
fin, quand je suis entré dans le virage 10 et que j’ai reçu
l’impact de sa roue avant sur le bras et la jambe, à ce moment-là,
il y avait deux choses : ou je chutais parce que je perdais
l’arrière, ou il chutait comme hier. Alors j’ai simplement
abandonné, j’ai relevé la moto et j’ai fermé les gaz pour ne pas
subir de highside. Et alors, oui, j’ai perdu la position mais j’ai
pris les 20 points, alors parfois, ce n’est pas seulement le pilote
qui a créé la situation qui prend la responsabilité de toute
l’action. Je veux dire que parfois le pilote qui reçoit l’impact
peut aussi l’éviter, et cette fois j’ai été assez intelligent pour
éviter cette chute et j’ai simplement bien réagi au contact de
Pecco. »
Avez-vous vu à un moment donné la possibilité d’un crash
ensemble ? Nous avons parlé avec Jorge Martin et il nous a dit
qu’il s’agissait d’une grande possibilité.
« Oui. Dans le virage 10, il s’en est fallu de peu pour que
l’on chute ensemble une fois de plus. Mais cette fois-ci, j’ai
juste renoncé. »
J’ai la photo de vous dans le parc fermé. J’ai donc
trois titres. Choisissez le premier : « amour »,
« rivalité » ou « respect mais
rivalité ».
« Comme l’a dit Pecco, c’est le
respect, le respect plus la rivalité. Je veux dire que pour moi,
comme je l’ai dit à Portimao, c’est un plaisir de me battre contre
le champion du monde et la référence du groupe Ducati. Et oui,
aujourd’hui, une fois de plus, j’étais à son niveau et je me
battais contre lui, et oui j’avais assez de vitesse pour essayer de
le dépasser. Donc pour moi, c’est déjà un plaisir d’apprendre de
lui, même s’il a encore quelques points forts, quelques points plus
forts que moi. Mais oui, nous verrons si à l’avenir je peux être
encore un peu meilleur et plus proche de lui. »
Marc, vous avez désigné le ciel sur le podium. Je
suppose que c’était peut-être pour votre grand-père. Si oui, lui
aviez-vous fait une promesse ?
« Oui, bien sûr, c’était pour mon grand-père qui était le
dernier à être là. Mais il n’y avait pas que mon grand-père, il y
avait aussi les grand-mères, de mon père et de ma mère. Mais oui,
surtout mon grand-père, qui est le dernier a être parti, en
février. »
Pecco, si je ne me trompe pas, vous avez remporté votre
première course en MotoGP à Aragon avec Marc derrière vous. Si vous
comparez les deux courses, comment cela s’est-il passé ? Marc,
pouvez-vous aussi nous parler de cette course en Aragon
?
« Il y a longtemps (rires). Vous savez depuis combien de temps
? 21, il y a trois ans. Donc malheureusement ces trois dernières
années, il est plus habitué (que moi) à se battre pour la victoire.
Bien sûr, c’était ma première bataille pour la victoire de ces
dernières années sur le sec, donc pour moi le plus important ce
week-end c’est que la vitesse était là, le plus important pendant
la course c’est que même avec les cinq tours que j’ai perdus, où
j’ai perdu beaucoup de positions, j’avais la vitesse pour doubler,
j’avais la vitesse pour le rattraper, parce que l’écart était d’une
seconde entre moi et Pecco plus ou moins, j’avais la vitesse pour
essayer de doubler, et malheureusement les deux derniers tours,
quand la température du pneu avant a augmenté, vous ne pouvez plus
rien faire et j’ai commencé à avoir des blocages de l’avant. Je
n’ai pas complètement abandonné, mais je n’ai pas fait cet effort
supplémentaire pour me battre avec lui parce que le risque était
trop élevé pour faire, non pas 3 zéros d’affilée parce qu’hier j’ai
fini 6e, mais pour avoir trois crashs d’affilée dans une
course. »
Marc, vous vous rapprochez de plus en plus, et jeudi, je
crois que vous avez dit que tout le processus d’adaptation était
terminé. Est-ce qu’aujourd’hui Pecco était juste un peu meilleur ou
est-ce qu’il vous manque encore quelque chose, et s’il vous manque
quelque chose, pourriez-vous nous dire sur quoi vous devez encore
travailler ?
« Oui, aujourd’hui, j’ai raté les cinq premiers tours. Je veux
dire que j’ai pris un bon départ, mais j’ai été très prudent,
surtout dans le dernier virage du premier tour où, je n’étais pas
large, mais où j’ai regardé un peu à l’extérieur et où la moto est
allée, et où j’ai beaucoup ralenti. Mais aujourd’hui, je n’ai pas
l’impression d’avoir été plus lent que lui, nous avions simplement
un rythme similaire. Mais comme il l’a dit, quand vous êtes devant,
c’est plus facile. Et comme je l’ai mentionné lors des dernières
courses, avec la Honda, j’étais bien meilleur derrière quelqu’un,
avec cette moto, je suis meilleur quand je suis seul. Donc c’est
quelque chose que j’aime bien, et oui, on verra dans les prochaines
courses. Mais j’ai vu le classement et après l’un des pires départs
de ma carrière, je ne suis qu’à 32 points de la tête. Alors oui, on
verra bien. Continuons à aller de l’avant, continuons à nous amuser
: Si je suis heureux, je suis rapide. »
Marc, vous avez dit que le temps d’adaptation était
terminé et qu’ici vous pouviez vraiment performer. Pensez-vous que
sur les prochains circuits, vous pourrez réaliser de telles
performances et que vous obtiendrez la régularité nécessaire pour
marquer les points dont vous avez besoin pour vous battre pour le
championnat ?
« Pour moi, il est trop tôt. Je veux dire, ce n’est pas
« non, je ne veux pas le championnat », mais il est trop
tôt pour penser au championnat, parce que je sais et je comprends
déjà que nous arriverons sur certains circuits où j’aurai beaucoup
de mal. Mais oui, nous verrons bien. Avec cette moto, j’ai
l’impression que certains de mes points forts dans le style de
pilotage sont un peu plus faibles, mais que certains de mes points
faibles sont un peu plus forts, donc demain ce sera un test
important parce que pendant le week-end de course, c’est super
difficile et nous avons encore besoin de comprendre quelque chose
sur l’équilibre de la moto. Oui, nous avons les outils que nous
avons et nous ferons le maximum, mais je sens le soutien de
Gresini, de Ducati et c’est quelque chose qui m’aide
beaucoup. »
Marc, bien sûr, c’était l’un des circuits les plus
difficiles pour Ducati, mais maintenant les cinq premiers sont tous
sur des Ducati, alors pouvez-vous expliquer ce que la moto fait si
bien sur ce circuit ?
« Pour moi, la Ducati est la moto la plus complète sur tous
les circuits. Bien sûr, sur certains circuits, un constructeur
arrive, sur d’autres, un autre, mais c’est une moto qui, lorsque
vous comprenez son potentiel et la manière de l’utiliser, le chrono
arrive et je ne sais pas pourquoi (rires). Mais parfois, c’est
étrange parce que lorsque vous sortez et que le temps au tour
arrive, vous ne faites rien de spécial, je ne fais rien de spécial,
comme par le passé où je glissais avec les deux roues ou je me
battais avec l’avant. Avec cette moto, en ce moment, je suis en
douceur et le chrono arrive, et cela m’apporte aussi de la
confiance. Et la bonne chose pour moi, c’est que je n’ai toujours
pas de chute à cause d’un surpilotage. Bien sûr, hier j’ai chuté,
mais c’était sur des traces d’humidité, mais je n’ai pas encore eu
ce genre de problème en surpilotant, en bloquant l’avant ou en
perdant l’arrière, donc nous avons encore de la marge pour
comprendre où est la limite. »
La Formule 1 a Monaco, les courses d’endurance ont Le
Mans et la NASCAR a Talladega. Après ce que nous avons vu ce
week-end, Jerez est-il une version de cela ? Et comment était-ce
aujourd’hui avec 150 000 personnes, pouviez-vous dire que la foule
était spéciale, que c’était différent ?
« Bien
sûr que je suis espagnol, mais ce n’est pas parce que je suis
espagnol. C’est juste parce que, vous nous l’avez dit, à 6h30 du
matin, c’était déjà plein. Pour moi, c’est la meilleure course de
la saison. Parfois, mes amis me demandent : » Où pouvons-nous
aller ? Que pouvons-nous faire ? Nous voulons faire une bonne
course « . Je dis « Jerez ». « Non, mais une
course en Europe ». « Jerez ». C’est la meilleure et
c’est quelque chose de spécial, dans la ville, dans le circuit, et
oui, je suis fier de cela parce que c’est le GP d’Espagne et pour
moi c’est le meilleur GP du calendrier, en termes de
fans. »
À Misano, Jorge a déclaré : « C’est incroyable de
gagner dans leur jardin ». Qu’en est-il du Grand Prix
d’Espagne, avec vous aujourd’hui ?
« Je suis
arrivé derrière, le seul Espagnol sur le podium, donc pour être
honnête, je n’y ai pas pensé non plus. C’était bien d’entendre
l’hymne italien. »
Marc, vous avez d’abord battu le record de Pecco après
quelques tours, puis dans le dernier tour vous avez réalisé votre
meilleur tour. Cela signifie que peut-être vous auriez dû attaquer
un peu plus tôt et ne pas garder vos pneus jusqu’au dernier
tour…
« Non, j’ai attaqué plus tôt, mais quand je suis arrivé à sa
hauteur, j’ai attaqué, mais quand il a poussé en 37.4, j’ai perdu
un peu, et seulement ces 4/10 dans ce tour, vous savez, c’est comme
si j’avais beaucoup stressé les pneus dans les deux derniers tours
précédents à cause de l’attaque sur Pecco, et puis j’ai abandonné
un peu parce que j’ai vu qu’il y avait beaucoup de blocages à
l’avant, et le dernier tour j’ai essayé à nouveau parce que je
roulais d’une manière confortable. Je veux dire que je ne poussais
pas, je poussais mais je ne faisais pas du surpilotage. Et dans le
dernier tour, je me suis dit : « OK, je vais continuer à mon
rythme normal et on verra s’il fait une erreur ». Mais il a
fait une très bonne course. Et comme je l’ai dit, la victoire s’est
jouée sur ce premier dépassement dans le virage 9, parce que les
pneus étaient prêts à le faire. Mais quand j’ai fait un tour et
demi, deux tours derrière lui, j’ai vu qu’il était impossible de
bien s’arrêter au point de freinage. »
Marc, demain, c’est le jour du test. Dans le passé, à
cette époque, vous aviez probablement beaucoup de choses à tester.
Maintenant, vous êtes dans une équipe satellite. Attendez-vous de
nouvelles pièces de la part de Ducati ou travaillez-vous simplement
avec ce que vous avez ?
« Je veux dire, je ne sais pas encore exactement ce que nous
avons, mais oui, je le savais et je le comprenais déjà quand j’ai
signé le contrat, c’était comme ça. Je veux dire que j’aurai la
moto 23 et je dois faire le maximum avec cette moto, et j’ai besoin
d’une moto qui fonctionne bien. Alors je vais me concentrer pour me
sentir plus à l’aise, nous avons quelques choses à essayer, mais
oui, bien sûr s’il y a des cadeaux, c’est bienvenu ! Cela ne dépend
pas de moi, mais je ne pousse pas pour ça, je profite. Et
l’objectif pour moi cette année est de profiter et de faire le
maximum avec l’équipe et avec la moto. »
Marc, avez-vous résolu le problème de freins que vous
avez eu au Texas ?
« Oui, c’est quelque chose que nous devons comprendre un peu
demain aussi, parce que c’est vrai que dans la première partie de
la course quand j’étais derrière des pilotes, ce n’était pas comme
au Texas, mais c’était un peu la même sensation. Nous devons faire
attention aux prochaines courses qui seront plus chaudes, comme le
Mugello et la Catalogne. Mais je pense que nous savons où se situe
le problème, alors oui, nous devons juste trouver la bonne plage de
température que j’aime le mieux. »
Résultats du Grand Prix d’Espagne MotoGP :
Classement du championnat MotoGP :