Et si cette troisième victoire de la saison prise lors de la septième manche du calendrier que marquait le Grand Prix de France était le succès le plus important de toute la carrière d’Enea Bastianini ? Cela fait déjà un petit moment que le pilote Gresini Ducati ravit les observateurs, mais au Mans, son intelligence de la course et la sérénité qu’il démontre dans cette campagne ont été exacerbées par le fait qu’il s’est joué des deux pilotes officiels Ducati en tant que pensionnaire d’une équipe satellite de la marque. Deux Espagnols, dont un ancien Champion du Monde, l’ont porté au firmament avant un Grand Prix d’Italie qui prend tous les atours d’une guerre civile…
Le premier à avoir fait part de son admiration pour le pilote transalpin est un Alex Criville qui a déclaré : « il a fait un match parfait. Arrivé dans le groupe de tête, il a dépassé Jack Miller et il n’a pas tardé à dépasser Pecco Bagnaia. Lorsque le pilote officiel Ducati s’est rendu compte qu’Enea Bastianini était devant lui, il a fait l’impossible pour le suivre. Il a commis une erreur et il est tombé. Le pilote d’usine de l’équipe Ducati devait essayer, mais il savait que ce serait difficile car Enea Bastianini était impeccable ».
Il ajoute : « nous avons vu un Pecco Bagnaia dévasté pour être tombé. Il avait décroché la pole et avait le rythme pour gagner, mais il ne s’attendait pas à ce qu’Enea Bastianini soit si fort. Le secret d’Enea Bastianini réside dans le set-up et dans son pilotage. Il peut très bien lire la course et tient très bien les pneus jusqu’à la fin de la course. C’est le secret car il obtient une moto fluide, très proche du meilleur niveau, qui dessine très bien les courbes et gère très bien l’usure des pneus. Je pense qu’il est maintenant le plus fort en MotoGP ».
La seconde palme est délivrée par le pourtant impitoyable Chicho Lorenzo qui n’a pas seulement félicité Bastianini : il a aussi fustigé Pecco Bagnaia… « Il faut prendre en compte Enea Bastianini car il a gagné de différentes manières et il est monté sur le podium de manière surprenante. La première année, l’année dernière, il est sorti de nulle part et a commencé à dépasser. Mais cette année, il en est à trois victoires », a déclaré le père de Jorge.
« Enea Bastianini n’était pas prêt à céder, il n’a pas accepté de jouer les seconds rôles, ni les consignes de l’équipe »
« Quand Bastianini était dans le parc fermé, il a dit ‘Je me suis mis derrière Pecco pour lui mettre la pression et le rendre nerveux’, et ça a marché. Je ne sais pas si Dall’Igna sera très content de ça, mais ça fonctionne très bien. Et non seulement cela l’a rendu nerveux, mais il est tombé à cause de ces nerfs et de cette pression. Bien sûr, il n’a pas bien réagi, il restait encore des tours à se détendre derrière Bastianini pour voir s’il avait quelque chose. Il a donc perdu 20 points ».
Mais Chicho Lorenzo n’en reste pas là avec le vice-champion du monde 2021… « Bagnaia a déclaré qu’il voulait que Jack Miller reste. Qu’aucun pilote ne lui soit amené, ni Bastianini ni Martín, ou qui que ce soit. Il veut que Jack Miller reste parce que c’est un pilote qui remplit bien les fonctions. Miller a accepté son rôle de porteur d’eau. Ils avaient la stratégie pour cette course, fantastique, parfaite, ça devenait contrôlable. Miller est sorti le premier, il a tiré Pecco qui n’était pas pressé, car il savait déjà que lorsqu’il le dépasserait, il n’y aurait pas d’opposition ».
« Mais ils ne comptaient pas du tout sur Bastianini et Bastianini n’était pas prêt à céder. Il n’a pas accepté le rôle, ni les consignes de l’équipe. Il est arrivé, l’a repris facilement, l’a bien étudié, et quand il a décidé de le passer, cela s’est avéré fantastique. Il est actuellement le pilote Ducati le mieux placé. Ces stratégies ne fonctionnent pas et c’est un signe de faiblesse de la part du pilote de chercher des alliances », a-t-il conclu sur Motosan.
