Depuis que Johann Zarco, en Thaïlande, a eu la simple honnêteté de mentionner l’existence des consignes d’équipe chez Ducati, c’est l’agitation autour d’une usine de Borgo Panigale qui devrait faire comme si de rien n’était en alignant, en MotoGP, pas moins de huit machines. La marque italienne a beau avoir eu la délicatesse – impensable en Formule 1 par exemple – de laisser faire la course lorsque la victoire est en jeu avec son favori Pecco Bagnaia, cela ne suffit pas. Les feux sont concentrés en ce moment sur le Français qui confirme que toute vérité n’est pas bonne à dire. Alors, comme pour le soulager, et aussi alléger le poids de la critique sur Ducati, le toujours fidèle et dévoué Jack Miller monte au créneau. En confirmant aussi, ce que Johann Zarco a révélé sur Enea Bastianini…
Jack Miller entre dans la mêlée où l’on se bat actuellement comme des chiffonniers au sujet des consignes d’équipe chez Ducati, appliquées pour une fois de façon claire et nette par un Johann Zarco qui en a assumé le respect. Une discipline qui a soulagé le staff de Borgo Panigale, à commencer par son patron Gigi Dall’Igna qui l’a très officiellement remercié en son nom propre. Et il y a de quoi, car, de Jorge Martin en passant par Enea Bastianini on semble être frappé de surdité sur les recommandations faites depuis Misano et aveugle sur l’intérêt en jeu pour la marque auprès de laquelle ils émargent pourtant.
On rappellera que l’on en est à trois courses de la fin des hostilités et que Pecco Bagnaia est à maintenant deux points du toujours leader Fabio Quartararo. Comme la conjoncture ne semble pas encore bien saisie, y compris au sein du clan Ducati, Jack Miller a décidé d’en rappeler les tenants et les aboutissants, à sa manière… Vainqueur au Motegi, second une semaine après à Buriram, l’Australien s’apprête à fouler son sol de Phillip Island en pleine euphorie qu’un prochain mariage exacerbe. Il est revenu à 40 points du leader au championnat. De quoi lui faire tourner la tête ? Il répond dans des propos repérés sur GPOne :
« Je ne suis plus ce garçon sauvage du début, j’ai changé pour le mieux » commence-t-il. « Avoir une vie tranquille et stable à la maison, ne pas toujours être seul en Andorre, mais avoir quelqu’un à qui parler en plus du chien facilite les choses ». Sa future épouse Ruby appréciera… Mais l’Australien lève tout malentendu : « les mauvais jours sont moins mauvais avec quelqu’un à vos côtés ».
Jack Miller critique Bastianini au Motegi : « c’était stupide, c’était l’exemple d’un pilote qui n’avait pas les idées claires en ce moment-là »
Cela étant dit, il en vient au fait… « J’ai l’impression que tout le monde a un avis sur les constructeurs italiens. Si vous regardez la Formule 1, Ferrari est ciblée quelles que soient les décisions prises. Il en va de même pour Ducati » analyse-t-il. « Et cela se produit parce que les visages des patrons sont très visibles, ils sont comme des personnes lambda et cela les rend plus vulnérables, cela les expose beaucoup plus que les autres ».
Il a sa propre opinion sur le jeu d’équipe et n’a pas aimé le dépassement de Bastianini sur Bagnaia lors du Grand Prix du Japon. « A mon avis, ce qui s’est passé à Motegi, au milieu du groupe, entre Pecco et Enea, n’aurait pas dû arriver » tonne-t-il. « C’était stupide, c’était l’exemple d’un pilote qui n’avait pas les idées claires en ce moment-là. Je me suis déjà retrouvé dans cette position, avec Dovizioso et aussi avec Bagnaia. Et j’ai été très clair sur mon rôle. Il n’y a pas de gloire à se battre pour la quatrième ou la cinquième place. Mais ces gars-là sont jeunes et affamés ».
L’avertissement est donné. Comme Johann Zarco, Miller met à jour les incompréhensions au sein du clan Ducati, avec Bastianini certes, mais on peut sans doute aussi ajouter Jorge Martin. Le projecteur rouge est maintenant braqué sur eux et il leur appartient à présent de ne pas franchir la ligne du même ton. Quant à Jack Miller, que fera-t-il à Phillip Island ? Laissera-t-il les points de la victoire à Bagnaia ou saisira-t-il l’occasion de célébrer un succès avec son peuple ? A priori, pour une concrétisation, Ducati laisse la main aux pilotes sur la piste… Les duels fratricides peuvent servir la cause de Fabio Quartararo.