Depuis quelques temps, Jack Miller est fréquemment cité
comme l’un des plus gros potentiels de la catégorie. Malgré son
immense cote de popularité auprès des fans, il faut bien
reconnaître que l’affaire peine à décoller.
Son passage chez l’équipe usine Ducati devait le
faire passer dans une autre dimension, mais la transition s’avère
plus difficile que prévu. Pour rappel, Miller a
tout de même triomphé à deux reprises consécutivement, à Jerez et
au Mans, le tout agrémenté d’un podium supplémentaire en
Catalogne.
Il s’agit du deuxième meilleur « performeur » derrière
Fabio, mais comment se fait-il qu’il pointe à 56
points du leader, stagnant entre la troisième et la cinquième place
du classement ? La régularité.
Souvent, nous avons tendance à dire que la « régularité » est clé.
Oui, c’est un fait. Mais ceci est parfois difficile à expliquer, à
concevoir, à matérialiser pour l’esprit humain.
Certes, les chutes font parties intégrantes du lot, mais là aussi
il y a une différence à faire.
Les chutes comme Rins au Portugal
ou au Mugello, aussi graves qu’elles puissent être
psychologiquement pour un pilote, sont subies en phase de
confiance, lorsque le pilote pousse pour rattraper le premier.
Ainsi, il est souvent plus facile de les expliquer.
Ce que Miller subit à Assen est
différent. L’australien manque trop souvent de rythme de
course, que cela se termine par une chute ou pas. Il s’agit de son
deuxième résultat blanc après Portimão, mais l’analyse ne doit pas
se limiter aux seules erreurs en piste.
Ses deux neuvièmes places au Qatar, sur un circuit favorable à la
Ducati sont aussi décevantes. Si l’on comptabilise le total de ses
trois plus mauvais résultats hors chute, Miller pointe à 24
points, contre 31 pour Johann Zarco ou
38 pour Fabio Quartararo.
Les conclusions sont limpides : Miller ne doit pas seulement
arrêter de chuter pour espérer jouer le podium, mais également
marquer plus de points quand il est en difficulté. Si l’on se fie à
l’indice précédemment évoqué,
Bagnaia, son coéquipier, qui semble moins régulier à
première vue, est en réalité loin devant, avec 31 points marqués
lors de ses trois pires résultats.
Pour gagner un championnat, la vitesse et la régularité ne sont pas
les seuls facteurs déterminants. Le « damage
control », ou essayer de tenir le cap quand tous les
éléments sont contre vous est tout aussi important.
Un autre fait intéressant illustre le fait : Devant Miller au
classement (5e), seul « El Diablo » a remporté au
moins une course. Ses prédécesseurs ont tous au minimum un résultat
blanc, et lui en compte deux en neuf courses, ce qui ne représente
pas un si grand écart.
Le passage chez Duacti Team a-t-il vraiment été
bénéfique ? Hormis trois chutes, Miller comptait 26
points sur ses trois pires résultats (en neuf courses)
lors de la saison 2020, ce qui est sensiblement égal à ses totaux
de 2021.
La vitesse est une autre donnée importante. L’Aussie n’a
toujours pas réalisé de pole position ni de meilleur tour en
course. Que l’on soit clair : La situation est loin d’être
alarmante, mais Jack devra mettre le doigt sur ces réglages s’il
veut titiller le podium du championnat du monde.
Les chutes, ça arrive, et ça arrivera encore, même si, dans
l’absolu, il vaut mieux les éviter. Au-delà de ça, c’est surtout ce
contrôle des situations difficiles et une petite pointe de vitesse
supplémentaire qui lui manque pour faire la
différence.
Photo de couverture : Michelin Motorsport