Ce dimanche 29 mai 2022, Francesco Bagnaia a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit du Mugello au terme du Grand Prix d’Italie.
Malgré un début de saison assez laborieux, le pilote Ducati a retrouvé le niveau qui lui avait permis de lutter pour le titre l’année dernière et, de ce fait, est plus que jamais considéré comme un des quatre prétendants à la couronne mondiale cette année.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Francesco Bagnaia sans la moindre mise en forme, même si cela est partiellement traduit (vouvoiement en anglais, tutoiement en français).
Je suis sûr que vous aviez rêvé de ce jour pour Ducati
et pour vous, car c’est forcément un jour particulier pour un
pilote italien de gagner devant les fans italiens en Italie…
Francesco Bagnaia : « Oui, bien sûr, c’est quelque
chose dont j’avais toujours rêvé. Gagner au Mugello est incroyable.
Bien sûr, Misano est mon Grand Prix à domicile mais celui-ci est le
Grand Prix d’Italie, c’est incroyable de gagner ici. C’est l’un des
circuits les plus difficiles de tous les temps. C’est super ! Nous
avons bien travaillé durant tout le weekend et finalement, après un
nouveau départ pas si bon que ça, j’ai pu gagner. Ce n’était pas
facile à cause des conditions car hier l’adhérence était moins
élevée : peut-être que la pluie de la soirée avait trop nettoyé la
piste et il était plus difficile de gérer le pneu arrière, mais,
quoi qu’il en soit, je suis très heureux. C’est particulier de
gagner ici ! »
Que s’est-il passé au départ ?
«
Je suis assez bien parti mais le problème est que j’avais une
Ducati d’un côté et deux de l’autre, donc j’étais au milieu et j’ai
dû fermer les gaz. J’ai donc vu beaucoup de pilotes me dépasser et
Márquez m’a aussi touché dans le quatrième virage. Ce n’était donc
pas facile. Mais j’ai juste essayé d’être astucieux avec les pneus
et quand vous essayez d’être astucieux, c’est difficile parce que
les gars de devant vous poussent toujours beaucoup. J’ai donc juste
utilisé l’avantage que nous avons avec la Ducati, qui est très
bonne en aspiration, et quand j’ai dépassé Marco (Bezzecchi), j’ai
essayé de créer un écart.
Mais je suis très heureux pour eux : Luca et Marco ont fait un
très bon travail et j’aimerais avoir plus de bagarres avec
eux. »
Après une course au Mans décevante, à quel point
était-il satisfaisant de gagner devant les fans italiens ? C’est
pour cela que vous avez jeté vos gants et vos bottes dans la foule
?
« C’était super car j’ai vu pour la première fois dans la
tribune principale et sur les collines beaucoup de personnes avec
mon drapeau. C’était super ! Dans mon tour d’honneur, avant
Correntaio, il y avait, je ne sais pas combien mais plus de 1000
personnes avec mon drapeau, donc j’ai décidé de m’arrêter là,
d’arrêter et de laisser la moto, et de jeter tout ce qui était
possible. J’ai aussi pensé à jeter mon casque mais je savais que
nous aurions alors eu une pénalité pour rouler sans casque. Ce
n’était donc pas possible de le faire. »
Pouvez-vous expliquer pourquoi il est possible de
doubler ici alors que lors de deux dernières courses cela semblait
très difficile ?
« Selon moi, quand vous
allez plus vite, c’est plus facile de dépasser. Quand vous avez le
même rythme, c’est plus difficile parce que les détails peuvent
faire la différence, comme les ailerons, les turbulences : quand
vous parlez de dixièmes, c’est très difficile de ne pas commettre
d’erreur. Quand j’étais derrière Di Giannantonio aujourd’hui,
c’était le plus difficile à dépasser pour moi. Je ne sais pas
pourquoi, mais il forçait beaucoup sur ses pneus pendant que
j’essayais de les gérer. Il y a donc deux sortes différentes de
dépassement. Pour moi, c’était un peu plus facile aujourd’hui parce
que, et je pense que c’est pareil pour les trois pilotes sur le
podium, nous avions un meilleur rythme que les autres durant tout
le weekend.
Et peut-être que pour aujourd’hui, quand vous êtes plus rapide
de trois ou quatre dixièmes au tour, c’est un peu plus facile de
dépasser. »
Après votre chute au Mans, il était très important de
rebondir. Aviez-vous plus de pression aujourd’hui ?
« À coup sûr, il était important de prendre des points dans
cette course pour le championnat, mais je dois dire que je ne
ressentais pas plus de pression. La pression est toujours là !
Nous faisons un travail où vous devez vivre avec la pression. Mais
quand vous prenez du plaisir à ce que vous faites, une erreur peut
survenir, mais la bonne chose est de repartir et de ne pas penser à
vos problèmes : il faut seulement penser aux choses qui font
plaisir. Et j’ai vraiment pris du plaisir ce week-end.
Énormément ! Ce n’est donc pas toujours facile, car parfois je
peux être très en colère, comme hier après-midi après la
qualification où j’étais en colère, mais vous devez toujours rester
positif. Une erreur peut survenir, mais ce n’est rien. »
À quel point cette victoire est-elle importante
mentalement, et vous considérez-vous le patron des pilotes Ducati
?
« Bien sûr, une victoire vous apporte de la motivation, et je
me sens vraiment bien cette année. À coup sûr, cela n’a pas été un
bon commencement et j’ai peiné en début de saison, mais nous avons
retrouvé de nouveau le feeling après Portimao et j’ai toujours été
au top. Au Mans, évidemment, j’ai chuté mais j’étais là à me battre
pour la victoire ou pour le podium. Donc bien sûr, je me sens plus
léger après cette course et je me sens très bien depuis que j’ai
recommencé à avoir le même feeling que l’an dernier.
Je ne pense pas que je suis le boss de l’équipe, le numéro un
du team, car il est très important d’être une équipe, et il est
également important d’utiliser les datas de Jack, comme Jack
utilise mes datas, pour progresser ensemble. C’est quelque chose
que j’apprécie que ce soit comme ça chez Ducati. »
Comment voyez-vous la bataille pour le titre, par
exemple comparé à Bastianini qui est devant vous au championnat du
monde ?
« Il a fait un meilleur travail que moi depuis le début de
saison, c’est sûr, et je n’ai pas le sentiment d’être le boss de
Bastianini. Il est dans son équipe, je suis dans mon équipe, et
nous avons tous les deux le même objectif donc nous nous battons
pour cela. »
Maintenant qu’on est revenu en Europe et que vous avez
retrouvé vos marques, pensez-vous que tous les trois (Francesco
Bagnaia, Fabio Quartararo, Aleix Espargaró ) vous pouvez vous
battre pour le titre cette année ?
« Je pense qu’ils sont mieux placés pour répondre à cette
question. J’ai commis plus d’erreurs donc je dois davantage être
comme une machine, déjà à partir de cette course. Je peux donc dire
oui mais aimerais aussi ajouter Enea. »
A-t-il été difficile pour vous de choisir votre pneu
avant ?
« Beaucoup (rires) ! La première journée et hier matin, comme
en FP4, j’ai essayé le médium, puis en FP4 j’ai essayé le dur. J’ai
mis le dur et en deux tours j’ai fait un des meilleurs chronos, en
46.6. J’étais donc quasiment certain que ce serait mon choix
pneumatique mais aujourd’hui je suis arrivé sur la grille et j’ai
été frigorifié. Il faisait froid et j’avais froid. J’ai dit à mon
technicien Michelin que j’aimerais partir avec le dur, mais son
visage était très expressif à mes yeux. « Hum… Peut-être que
le médium est meilleur », car j’avais aussi beaucoup travaillé
avec le médium en FP2 quand il faisait très chaud. Le feeling
n’était pas le meilleur, car il y avait de gros mouvements, mais
l’adhérence sur les flancs était très bonne. Peut-être que cela
aurait été mieux avec le dur mais je n’étais pas sûr d’être plus
rapide avec le dur car c’était plus ou moins la même chose.
L’arrière vous rend plus rapide ou plus lent, donc peut-être que
j’avais plus de marge, ou pas, mais je suis sur que le médium était
le bon choix pour moi. »
Résultat du Grand Prix d’Italie MotoGP au Mugello :
Crédit classement: MotoGP.com