Avec cet avis de Franco Morbidelli qui est à opposer à celui de Pecco Bagnaia, force est de constater qu’il va y avoir débat au ranch de Valentino Rossi. Le sujet en sera de savoir s’il était digne ou non de courir ce Grand Prix d’Italie qui venait d’être endeuillé par l’annonce de la mort de Jason Dupasquier, gravement blessé le samedi lors des qualifications du Moto3. Pour l’officiel Ducati, le fait que le spectacle se poursuive avait quelque chose d’indécent. Il n’est pas le seul à le penser. Mais pour le pilote Petronas, ne pas courir n’aurait rien changé, et rester sur la piste avait aussi son sens. Et il n’est pas le seul à le penser non plus…
Au passage, puisque les arguments avancés par les uns et les autres sont d’ordre moral, on peut aussi s’interroger sur le sens de la pudeur de ceux qui mettent en avant ce décès en évoquant égoïstement un sujet sans, peut-être, penser au chagrin de la famille de l’infortuné Jason Dupasquier. Le silence, du moins pour un temps, est la marque du deuil et du respect au défunt.
Mais puisque la polémique a été lancée par Bagnaia et d’autres, il faut bien y répondre. Et c’est un proche de Pecco, en l’occurrence Morbidelli qui lui a donné le change : « il y a un sens, il y avait tellement de raisons de courir aujourd’hui, puis il y en a une énorme pour laquelle il ne fallait pas courir, qui est la souffrance d’un événement aussi laid. Honnêtement, parlant sans voix, je crains aussi qu’une telle chose puisse vous arriver. Quand ces choses arrivent, on a tendance à les oublier, puis elles se reproduisent et tout à coup les consciences se réveillent et tout à coup cette tache noire se crée dans la tête des gens et surtout des pilotes ».
Morbidelli : « courir nous fait exorciser la peur »
« C’est la chose la plus difficile à affronter lorsque vous décidez de courir » dit l’italo-brésilien. « Ensuite, il y a des raisons de courir, c’est notre métier, c’est notre sport, c’est ce que nous avons toujours fait et que nous aimons faire. Je ne vois pas comment ne pas courir aurait pu changer les choses, soulager la douleur des membres de la famille, notre douleur. Ne vous précipitez pas, ne vous laissez pas envelopper par cette tache noire que vous avez à l’intérieur de votre âme et de votre tête après que de tels épisodes se produisent. En réalité, absolument rien ne change, courir nous fait exorciser la peur ». A méditer.
MotoGP Italie J3 : classement
Crédit classement motogp.com