Avant la reprise du MotoGP à Silverstone, nous avons pu recueillir le bilan d’Hervé Poncharal, l’homme aux deux casquettes qui préside l’IRTA et dirige le team Tech3.
Cela lui permet, en plus de son expérience de quatre décennies dans le paddock, d’avoir une vision globale du passé, du présent et de là vers on quoi se dirige avec l’arrivée programmée de Liberty Media. Profitons-en…
Accédez à la première partie ici…
Vous avez évoqué Liberty Media : est-ce qu’on a déjà une
petite idée de ce que pourrait être l’apport de Liberty Media au
MotoGP ?
Hervé Poncharal :
« Ils peuvent nous aider parce qu’il y a des gens qui disent
“il y a 4 courses en Espagne, 5 dans la péninsule ibérique :
c’est trop !”. On sait
pourquoi elles y sont, parce que ce sont des courses qui,
financièrement, sont à l’équilibre, qui sont sur des circuits qui
tiennent la route au niveau sécurité, paddock, et cetera, et qui
génèrent de l’intérêt. Et ce sont de beaux Grands Prix. Mais s’ils
arrivent à nous aider à aller dans d’autres pays pour que peut-être
on réduise la péninsule ibérique, on est open, s’ils arrivent à
trouver des nouveaux partenaires, puisque on a eu le tabac dans le
passé et maintenant ce sont surtout les boissons énergétiques et
les pétroliers, donc si ils peuvent éventuellement travailler sur
le carnet d’adresses qu’ils ont, avec les différents produits qui
sont les leurs et notamment la F1 qui est quand même un proche
cousin, et que ça peut nous aider à ce que le MotoGP grandisse, on
est preneur. Et quand je dis grandir, ça ne veut pas dire perdre et
vendre son âme.
De toute façon, le MotoGP a évolué par rapport aux Grands Prix des années 60-70-80-90. On est passé du 2temps au 4 temps, on a des circuits maintenant qui sont homologués à la place de circuits qui ne pourraient plus être homologués à ce jour, on a une couverture télé qui n’existait pas avant, on a beaucoup de choses qui évoluent. Et comme je dis souvent, le MotoGP, comme tout un tas de choses, évolue. Regarde la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques qu’on vient de voir à Paris, qui était sublime : regarde les cérémonies qu’il y avait il y a 30 ans et regarde maintenant comment sont couverts tous les sports: le VTT, le kayak, la natation, c’est filmé différemment, c’est dans des enceintes où il y a il y a le public qui réagit, il y a les télés partout, il y a plus de médias. Donc on ne peut pas déconnecter un sport qui est en concurrence avec tous les autres sports, et aussi on ne peut pas le déconnecter du contexte global dans lequel il évolue. Alors après on peut disserter sur “où va l’humanité ? C’était mieux avant”. C’est un autre débat, je veux pas rentrer là-dedans, mais simplement le MotoGP est connecté à l’humanité, au monde. On est en 2024 et il faut qu’on soit compétitif en 2024. On a beaucoup d’autres sports qui aimeraient nous faire de l’ombre, parce que c’est la nature : tout le monde essaie d’avancer et si on peut mettre un petit coup d’épaule à son voisin, c’est mieux. Donc il faut toujours se battre, parce que tous les affichionnados de MotoGP sont contents d’avoir en France une chaîne comme Canal+ qui fait un travail un travail remarquable, qui suit toutes les séances, qui suit le Sprint, qui suit la course principale, qui suit toutes les autres catégories. Et ça, il faut qu’il y ait des gens qui travaillent à ça, c’est pas gratuit, c’est pas obligatoire et c’est pas facile. Donc on espère que pour toutes ces choses-là, entre guillemets, oui Liberty Media puisse aider le MotoGP à grandir ou en tout cas à conserver la place qu’il a aujourd’hui, parce que la compétition est permanente : elle est sur la piste entre les pilotes Moto GP mais elle est aussi le MotoGP contre tous les sports de la planète, hein!
Donc c’est plutôt dans ce sens-là que Liberty Media peut nous aider à grandir ou au moins à garder la place qu’on a aujourd’hui. Tu vois, par exemple, je me souviens : nous on allait à Austin et la F1 va à Austin. Nous, on n’a jamais fait beaucoup de monde et la F1 faisait encore moins que nous, parce qu’il n’y avait que le NASCAR aux USA, que ça, que ça, que ça. Et nous, on n’a jamais réussi à décoller aux USA, et donc à Austin il y a toujours ce petit réservoir de spectateurs et franchement on ne sent pas une ferveur pour le Moto GP quand on va dans la ville d’Austin. Mais la F1 aujourd’hui, qui était vraiment dans une situation encore pire que la nôtre, elle cartonne. Ils font 200000 personnes là-bas, les gens viennent de tous les coins des US pour voir la Course de Formule 1, et ça, l’impact de la F1 dans le continent nord-américain, c’est vraiment Liberty Media qui a mis un énorme coup de boost. Alors après ils vont aussi à Miami, ça c’est Liberty Media, ils vont aussi à Las Vegas entre autres. On ne va pas aller sur des circuits comme ça, parce qu’on ne roulera jamais sur les circuits en ville, on n’ira pas à Monaco, comme on n’ira pas Melbourne, et cetera. Mais si tu prends Austin, F1/motos il y a 15 ans et F1/motos aujourd’hui, waouh! Et je pense que Liberty Media a vraiment aidé à ce que la F1 soit ce qu’elle est maintenant Austin, et la motot, il faut reconnaître que jusqu’à présent on n’a jamais trouvé la solution pour cartonner aux États-Unis. Et l’idée ça serait qu’on fasse vraiment un super Grand Prix, et quand je dis super c’est aussi en fréquentation spectateurs sur place. C’est aussi continuer à nous aider à faire de la détection pour peut être avoir d’autres nationalités que les Espagnols et aussi un peu les Italiens. Donc ils peuvent nous aider à ça aussi, à ce qu’il y ait plus de détection dans tous les pays qui n’ont pas de représentation très très importante.
De toute façon c’est évident que c’est pas facile et ça sera peut-être l’occasion d’une autre interview. C’est très compliqué, mais il faut garder de la persévrance, il ne faut pas le faire 3, 4, 5, 6 ans et puis dire “ça n’a pas marché, on arrête”. Il ne faut jamais lâcher, il faut continuer, continuer, continuer. Bon, là on a un Joe Roberts qui ne marche pas trop mal, mais il faut continuer de chercher, il faut continuer à chercher. Donc il faut qu’on arrive à faire un beau Grand Prix au Texas, et peut-être qu’on aura un deuxième Grand Prix sur le continent nord-américain, pourquoi pas ? Il le mériterait, tu vois, quand tu vois le nombre de Grands Prix qu’on a en Europe.
Regarde les États-Unis, au niveau
économie, marché motos et intérêt potentiel pour le
MotoGP…
Et puis avoir des nouveaux propriétaire
qui ont envie de discuter tout en respectant les gens qui gèrent
aujourd’hui, c’est toujours, pas plus intelligent, mais c’est
parfois en discutant à bâtons rompus, en demandant à des gens qui
arrivent avec un œil un peu neuf, un peu différent, ce qui peut
être fait pour avancer. »
Venons-en à Pedro Acosta. Alors vu de l’extérieur, c’est un génie extraterrestre, pas une météorite parce qu’on espère que ça va durer, mais un rookie incroyable, tout de suite au niveau des plus forts, qui ne tombe pas et est là pour se battre pour le podium ou plus. Et puis, à partir du Mans, il tombe un peu et rate des courses qu’il aurait presque pu gagner, avant de rentrer un peu dans le rang bien que figurant toujours dans le top 10. Pourquoi ? C’est l’expérience qui lui fait prendre son temps ?
A suivre demain…
MotoGP Hervé Poncharal
MotoGP Hervé Poncharal
MotoGP Hervé Poncharal
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