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Comme nous en avons très régulièrement le plaisir, Hervé Poncharal nous a partagé ses différents points de vue sur l’actualité de ses équipes en championnat du monde.

En attendant d’accueillir les gagnants de notre prochain jeu-concours à Misano, le boss du team Tech3 récapitule cette première demi-saison 2019, nous lâche un petit scoop sur la KTM RC 16 et se projette dans l’avenir…


Hervé Poncharal, nous sommes à la mi-saison, soit l’heure des bilans. Pour commencer cette interview, ne tournons pas par quatre chemins : quand vous avez signé avec KTM, pour 3 années rappelons-le, vous attendiez-vous à ce que cela soit aussi difficile au début, aussi bien en MotoGP qu’en Moto2 ?

Hervé Poncharal : « honnêtement, je m’attendais à ce que la Moto2 soit la catégorie où on performe, la catégorie où ça rigole au niveau des résultats. Et avec Marco Bezzecchi en particulier, et une KTM que l’on avait vue très performantes en Moto2 jusqu’à la fin 2018, on s’attendait franchement a beaucoup mieux que ce que l’on a vécu depuis l’ouverture du championnat, et même depuis les essais hivernaux. Je pense que c’est la même chose chez Ajo et chez les autres écuries qui roulent avec cette machine qui n’est pas au niveau de la concurrence, même si on a vu que Brad Binder et de temps en temps Lecuona, voire Martin, s’en tirent pas si mal que ça. Mais c’est vrai que si on fait le point après Sachsenring, on n’est pas là où on espérait être. C’est évident. Je comprends les raisons mais c’est difficile à gérer l’équipe qui s’attendait à être excessivement performante, par rapport à la moto et au profil des pilotes comme Marco Bezzecchi ».

« Maintenant, on sait que KTM travaille fort même si je ne suis pas persuadé d’avoir une nouvelle moto pour la rentrée à Brno ou même en Autriche, puisque ce sont 2 courses consécutives. Par contre, Brad Binder et certainement Jorge Martin devraient l’avoir, ce qui nous permettra de regarder ce qu’il en est ».

« Maintenant, il ne faut pas se voiler la face : on est déjà en train de réfléchir tous ensemble à 2020, plus qu’à 2019. Il est évident que l’on a envie de performer d’ici la fin de la saison, mais obtenir une place d’honneur au championnat apparaît d’ores et déjà compliqués pour nous ».

« Par contre, en MotoGP, où la mission est quand même très difficile à cause du niveau excessivement relevé, avec 6 usines, KTM est la plus jeune d’entre elles à s’être impliquée. Jusqu’à l’année dernière, ils n’avaient 2 pilotes qui roulaient et on savait que ce ne serait pas facile. Plus que sur les positions, on s’était toujours dit qu’on allait se focaliser sur les temps au tour et sur l’écart avec le vainqueur à la fin des courses. Et selon moi, on est là où on pensait que l’on serait : il n’y a pas de déception. De plus, il y a une super ambiance dans le groupe KTM MotoGP et on se connaît de mieux en mieux. Au début, c’est évident, il a fallu acquérir les automatismes et les méthodes de travail que l’on avait avec les techniciens des 2 côtés, team et usine, depuis 20 ans. On s’est retrouvé avec des process et des gents différents, et pour arriver à être performant, il faut bien se comprendre ; comprendre leurs méthodes de travail et de développement, et que eux comprennent la manière dont nous travaillons. Il y a eu beaucoup de choses à comprendre et à digérer, mais sincèrement, sur les dernières courses avant la pause estivale, on se sent de mieux en mieux intégrés dans le groupe et on sent que le groupe fonctionne de mieux en mieux. Donc pour moi, l’application MotoGP est plutôt en phase avec ce à quoi on s’attendait. On a 2 pilotes qui travaillent bien, même si Miguel a montré, malgré le fait que ce soit un Rookie, que c’était lui notre pilote numéro un. En Allemagne, il a fait notre plus belle course de l’année jusqu’à présent. Cela aurait été génial de terminer la première partie de la saison sur notre meilleur résultat. Il y a eu cette petite chute où il s’est fait serrer à l’extérieur et a perdu l’avant sur la partie sale de la piste, mais si on prend les chronos après, c’était évident qu’avec ces temps-là, malgré la moto endommagée (aileron avant droit et levier de frein tordu), ça pouvait faire un top 10. On a comparé les temps avec Petrucci et on était dans le coup. Il y a donc évolution et si le résultat de l’Allemagne n’est pas probant à cause de la chute, il nous a fait plaisir en réalisant le meilleur tour de tous les pilotes KTM. On a également été content de voir qu’il n’a pas lâché l’affaire alors qu’il n’avait plus aucun espoir de faire quoi que ce soit, ce qui démontre un bel état d’esprit. Il était très content de la moto. Donc on peut dire qu’on est dans les clous, et je le pense vraiment, sinon je ne le dirai pas ».

« Je suis aussi très très très heureux que Brad Binder nous rejoigne l’année prochaine car il va y avoir une vraie émulation entre Binder et Oliveira, comme ça existait à l’époque où ils étaient tous les 2 en Moto2. Je suis certain que Binder est un attaquant. C’est quelqu’un qui vit compétition et qui ne supporte pas la contre-performance. Il ne vient pas pour faire du rodage et apprendre la catégorie en prenant son temps ou en se disant que ce n’est peut-être pas la meilleure moto du plateau : il vient pour performer ! Il a été très frustré cette année jusqu’à présent mais il a malgré tout fait 2 podiums d’affilée sur les 2 dernières courses Moto2. Et à chaque fois que je le vois depuis le bord de piste, il y a de l’émotion car tu vois qu’il attaque. Il n’y a pas cette attitude « le package technique n’est pas tout à fait au niveau, alors je roule en dedans ». C’est l’attaque, à 100 %, voire plus, en permanence ! Et je pense qu’en MotoGP l’année prochaine, on va vraiment avoir une équipe qui a de la gueule. Les 2 pilotes s’apprécient et ont déjà travaillé ensemble, mais même si Miguel a déjà une saison d’avance, Brad ne parte pas pour finir derrière lui. C’est évident ! ».

« Quelque part, on est triste de ne pas pouvoir garder Hafizh (Syahrin), mais on n’a que 2 places. C’est vraiment un super type, c’est une belle personne, qui s’implique, qui est drôle, qui travaille dur et qui est très très heureux chez nous. Donc c’est toujours difficile de dire à quelqu’un qui se sent bien et qui a envie, mais qui fait malgré tout moins bien que Miguel, de lui dire au revoir. Mais vous savez qu’il y a toujours une éventualité pour qu’il roule en Moto2 chez nous. Il a d’autres options mais je lui ai fait comprendre que si l’aventure Red Bull KTM Moto2 chez Tech3 l’intéressait, il y avait une moto pour lui. Je pense qu’entre le Grand Prix de République Tchèque et celui d’Autriche, on devrait en savoir plus, et en tout cas confirmer quelque chose au plus tard à Silverstone ».

A suivre…

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