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KTM Pierer

Hervé Poncharal, nous profitons de ce Grand Prix de France pour recueillir vos propos, tout d’abord sur ce beau Grand Prix national dans lequel les Français ont brillé, mais aussi sur les prestations de vos pilotes qui se sont particulièrement bien débrouillés : Qu’avez-vous vécu et qu’avez-vous aimé ?

Hervé Poncharal : « Tout d’abord, même si cela a été dit et redit, un grand bravo et un grand merci à Claude Michy, à la Dorna et à tous les gens qui travaillent pour avoir, malgré les conditions compliquées, organisé ce Grand prix de France au Mans ! Je pense que Claude, année après année, fait un super boulot, et même quand les vents sont contraires, il se bat pour que le Grand Prix de France ait lieu. C’est le plus important et c’est toujours un grand plaisir de tous se retrouver au Mans.
De plus, cette année, il a dû affronter des conditions climatiques très compliquées avec du froid, un vent très fort, des averses fréquentes et fortes, une piste très rarement sèche et très froide. Donc des conditions difficiles et un record de 117 chutes, comme vous l’avez souligné, mais malgré cela, les courses ont été belles dans les trois catégories, avec une course Moto3, partie sur le mouillé et terminée sur le séchant, qui a donné lieu à des superbes rebondissements, et donc une course magnifique, une course Moto2 sur le sec complet qui a été une belle course aussi, et la catégorie reine qui part en conditions sèches et qui est rapidement déclaré course mouillée avec le fameux flag to flag. Cela n’a pas été facile à gérer mais je pense que cela a donné encore plus d’intensité au show. »

 

 

« Les chiffres de téléspectateurs que nous ont fournis Canal+ et C8, puisque C8 avait décidé de s’impliquer en retransmettant le Grand Prix de France MotoGP en clair, sont incroyables ! Ça nous fait chaud au cœur, parce que bien entendu les spectateurs nous manquent énormément, l’ambiance du Mans avec cette folie dans les gradins et ces gens qu’on croise à l’entrée et à la sortie du paddock, ça manque, c’était triste et muet. Tous les gens, les invités, les sponsors, les médias, nous manquent aussi, mais ce qui nous met du baume au cœur face à toutes ces difficultés, c’est justement de voir les chiffres des téléspectateurs qui suivent le MotoGP. Au cumul des deux, il y a eu quasiment 1,9 millions en moyenne, et il y a eu des pics jusqu’à 2,4 millions, ce qui est vraiment superbe et ce qui nous rend heureux et fiers du travail que l’on fait tous ensemble ! Évidemment, le phénomène Fabio Quartararo/Johann Zarco est prépondérant, mais il y a quand même une appétence de plus en plus importante pour le spectacle MotoGP, et je pense que ces conditions qui ont été difficiles à gérer pour les équipes et l’organisateur ont créé un spectacle encore plus impressionnant, avec des rebondissements incroyables. Pour moi, cela a été une superbe épreuve, un très beau Grand Prix de France, même s’il y a eu beaucoup de chutes il n’y a pas eu de grosses blessures, et quand on voit le suivi des téléspectateurs, ça nous montre qu’il y a pas mal de gens qui adhèrent à tout ce que l’on fait. Et évidemment, quand on est impliqué depuis aussi longtemps dans le sport MotoGP, ça nous fait aussi plaisir de voir que tout un tas de médias grand public généraliste, que ce soit radio, presse écrite ou même télévision, parle de plus en plus du MotoGP, de Fabio et de Johann, car c’est pourquoi on s’est battu depuis toujours : Que le MotoGP ne soit plus dans une petite niche, considéré comme un sport mineur, voire, entre guillemets, de blousons noirs. Ça me fait particulièrement plaisir car depuis quasiment un demi-siècle que je rame dans ce sens là, voir les choses évoluer comme elles évoluent est une grande satisfaction. »

« Quant à Tech3, comme tout le monde, on a souffert et on a galéré pour pouvoir faire face à toutes ces conditions de piste qui étaient compliquées, mais au final on a fait un superbe résultat. On a vu que Danilo n’avait rien perdu de sa vista sous la pluie, puisqu’il nous a fait le meilleur temps du warm up qui a été la seule séance totalement mouillée. Puis il a fait une course superbe, malgré une place en fond de grille au départ, il a remonté jusqu’à la cinquième place en faisant une course sans faute, en ayant une bonne stratégie puisqu’on avait décidé pour nos deux pilotes de partir en médium, les gommes les plus dures des options pluie. C’était délicat en début de deuxième partie de course sous la pluie, mais sur la fin de course les pilotes en médium étaient clairement quasiment trois secondes plus vite que ceux en soft. On a donc pu beaucoup remonter et on fait notre meilleur classement de l’année, cinquième, la meilleure KTM. »

 

 

« Mention spéciale aussi à Iker Lecuona qui, malgré une chute dans son tour de sortie en pneus pluie pas encore bien rodés, est remonté jusqu’à la neuvième place en passant Valentino Rossi dans l’avant-dernier tour et Maverick Viñales dans le dernier tour pour finir neuvième. On a donc nos deux pilotes cinquième et neuvième et on est les deux meilleures KTM, ce qui est une satisfaction et ce qui montre aussi que c’est important d’avoir une équipe indépendante. Je pense que ça peut peut-être faire réfléchir un peu les gens de chez Suzuki qui ont eu leurs deux pilotes officiels à terre : s’ils avaient eu une équipe indépendante, ils auraient peut-être scoré des points intéressants et sauver l’honneur de la marque. »

 

 

« En Moto3, pour notre deuxième année, on a gardé les mêmes pilotes que l’année dernière et on a clairement fait un bon pas en avant. On a vu notre pilote japonais, Ayumu Sasaki, qui faisait un super départ. D’habitude, il n’avance pas sous la pluie mais là il s’est retrouvé tout de suite dans le bon groupe en étant bien agressif dans des conditions de piste délicates. Il a pris le bon wagon et il est parti dans le paquet de tête. »

 

 

« Par contre, Deniz Öncü, qui avait fait une course magnifique et magistrale à Jerez, même si elle ne s’est pas terminée, était beaucoup moins à l’aise en début de course. Il s’est fait une ou deux frayeurs dans le premier tour alors qu’il faut avoir le bon feeling et avoir confiance sous la pluie. Sur les 10 premiers tours, il n’était vraiment pas dans le rythme. Par contre, pour des raisons qu’on ignore toujours, parce que ce sont des conditions spéciales et que ça se passe beaucoup dans la tête sous la pluie, on a eu l’impression que ce n’était plus le même pilote, ou alors qu’il avait été piqué par un frelon, à partir de grosso modo la mi-course : il s’est bien roulé incroyablement en faisant le meilleur tour en course à tous les tours. Alors que tout le monde était avec les mêmes gommes, il s’est mis à remonter avec parfois trois secondes sur les leaders, ce qui lui a permis de revenir dans les points et de finir sur les talons de Acosta en neuvième position. On sait que Deniz est quelqu’un qui peut gagner les courses : Sur les trois dernières courses, Portugal, Jerez et Le Mans, il a le deuxième temps absolu en course. Ça ne paye pas encore mais ça paiera un jour, et quant à Sasaki, il est quand même à cinq points de la deuxième position du classement général, donc il est en train de faire un superbe début de championnat, et à par la chute dans le dernier tour alors qu’il était en tête à la première course au Qatar, il n’a fait que des bonnes performances et a vraiment passé un palier depuis l’année dernière, comme Öncü. Donc pourquoi pas envisager de gagner des courses dès les prochaines courses ? »

 

 

« Ce qu’il y a de bien en Moto3, c’est que le plateau est maintenant hyper équilibré entre toutes les motos, entre toutes les équipes et entre les deux constructeurs qui sont Honda et KTM. Là, on est vraiment dans une catégorie très difficile, très excitante mais superbe ! On apprend tellement ! Donc ce n’est pas étonnant de voir des pilotes qui sortent du Moto3 faire ce que fait par exemple Raúl Fernández pour ses premières courses Moto2, puis faire très rapidement ce qu’a fait Jorge Martin en passant très rapidement par la Moto2 avant de monter en MotoGP et d’être tout de suite compétitif. Vraiment, la Moto3 est une catégorie magnifique, et on a trouvé la recette technique pour faire rouler un mono 250, issu à la base du cross, avec un petit châssis autour avec beaucoup de contraintes techniques et peu de développement pour que le coût financier soit acceptable. On a vraiment une belle catégorie d’entrée en mondial ! »

 

 

« Et puis, je suis aussi très content pour la MotoE car j’ai eu plusieurs retours de personnes qui ont suivi la course à la télévision au Mans, et qui ont été bluffées par le spectacle. Parce que ce sont des motos qui sont lourdes, des motos qui font peu de tours, mais je pense il y a eu un spectacle magnifique au Mans. On a eu notre pilote Lukas Tulovic qui a été longtemps troisième avant de se retrouver un peu à l’extérieur dans la bagarre du dernier tour où ça s’est un peu tapé les uns contre les autres et de finir dernier du groupe à moins d’une seconde du vainqueur. Corentin Perolari, après un weekend compliqué à Jerez, finit neuvième, ce qui est très bien aussi. »

 

 

« Donc, pour nous, le résultat d’ensemble de Tech3 au Mans était une superbe course. Cela a été un bon weekend, on s’est fait plaisir, et hormis la météo, même si quand on va au Mans on s’attend rarement à prendre des coups de soleil, on a passé un bon weekend et tous les gens que l’on a croisés avaient le sourire, que ce soient les quelques sponsors sur place, les journalistes en salle de presse ou la superbe organisation de Canal+. Je pense qu’il y a une ambiance constructive autour du MotoGP, et dans la période très difficile et compliquée qu’on traverse, ça fait plaisir de voir qu’il y a certains secteurs d’activité, notamment dans l’événementiel, qui fonctionne comme fonctionne le MotoGP. »

A suivre demain avec « les questions qui fâchent »…

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