Comme tout le monde, nous avons cherché à comprendre pourquoi les Yamaha, usine et satellites, s’étaient si bien comportées lors du Grand Prix de Thaïlande, après des moments bien plus difficiles lors des courses précédentes.

Pour cela, nous avons conversé avec Guy Coulon, qui est assurément l’une des personnes les mieux placées pour avoir une explication, si tant est qu’il y en ait une…


Guy, au vu des courses passées et des nouvelles carcasses Michelin apportées à Buriram, on s’attendait à des moments difficiles pour Yamaha en Thaïlande. Il n’en fut rien, bien au contraire ! A-t-on un embryon d’explication ?

« Je ne sais pas. Je n’en ai pas la moindre idée ».

Étudions quelques pistes. Certains pneus arrière avaient une carcasse dure mais une bandelette de gomme tendre sur l’angle maxi. Est-ce une possibilité ?

« Non, car on n’a pas utilisé ce pneu ».

Autre piste, d’après les dires de Michelin, le patinage s’est cette fois produit en ligne droite, plus qu’à l’accélération sur l’angle, là où les Yamaha semblent le plus souffrir…

« Peut-être, mais on a quand même souvent l’habitude d’avoir des pneus qui ont du Grip. Non, franchement, je n’ai aucune explication. D’ailleurs, dans notre cas, on était moyennement compétitif le vendredi et le samedi, et on a été compétitif le dimanche. Et on a aucune explication. Entre Aragon où ça s’est mal passé alors que l’année précédente Maverick Vinales était en pole position et Valentino Rossi 3e sur la ligne, la moto est la même. En tout cas, elle n’est pas moins bonne que celle de l’année dernière ».

C’est bien pour cela que l’on regarde les pneus pour tenter de trouver une explication…

« On peut toujours prendre ça comme explication. Les pneus arrière en Thaïlande, les 243, étaient les mêmes que ceux que l’on avait en Autriche et en Argentine. En Argentine, on ne peut rien dire car c’était gras-mouillé, mais en Autriche, on ne peut pas dire que les Yamaha ont été exceptionnelles ».

Non, mais ce n’était pas les mêmes températures ni le même asphalte…

« Hé ! Hé ! Une moto c’est quand même un tas de ferraille. Alors si à 3° près, elle marche ou elle ne marche pas, je ne sais pas comment ils vont faire… Aujourd’hui, tout ce que l’on peut dire, c’est que ce n’est pas sur les performances réalisées au Grand Prix de Thaïlande que l’on va tirer des conclusions. D’ailleurs, les Japonais n’ont tiré aucune conclusion. Ils sont aussi dans l’expectative. Avez-vous vu le moindre commentaire d’un Japonais qui disait qu’ils avaient trouvé des solutions ? Absolument pas ! Quand Rossi parle d’amélioration, il s’avance peut-être un peu… ».

Lors de sa conférence de presse, a aussi été évoqué la piste électronique, avec un nouveau groupe de travail, à la fois en Europe et au Japon…

« Nous, on a zéro évolution et on finit à 1,2 seconde de Rossi. Donc si c’est ce qu’ils ont gagné, alors qu’on a pris une seconde au premier tour sur le leader qu’était Rossi et qu’on finit à moins de 1,2 secondes… Sur l’ensemble de la course, on n’a perdu que 2 dixièmes. Donc s’ils ont une évolution électronique, ça ne se voit pas. Pire, on est à 1 seconde au premier tour et au 15e tour on est à 1,7 seconde du leader. On a perdu 7/10 en 15 tours, ce qui n’est pas beaucoup. Là, on a un petit coup de mou et, en 3 ou 4 tours, on passe de 1,7 à 2,5 puis 3,5. Mais sur les 6 derniers tours on revient à 2,7, donc on remonte sur les leaders. Donc on était plutôt bien compétitif le dimanche. Sans aucune évolution électronique. D’ailleurs, chez Yamaha on ne parle plus trop d’électronique car les techniciens savent que c’est plutôt autre chose qui fait défaut. Ils se préparent donc pour l’année prochaine, car ils ne peuvent pas intervenir cette année, tout en faisant profil bas et en attendant que ça se passe ».

D’accord. Donc si on résume, on est maintenant au Japon avec une moto dont on ne sait pas si elle va être compétitive ou pas, et les Grands Prix vont s’enchaîner jusqu’à la fin de la saison. N’est-ce pas un peu difficile à vivre psychologiquement, et comment le vivez-vous ?

« Oh, très bien ! Parce que de toute façon, cela n’empêche pas de faire les mêmes résultats que l’an dernier ».

Les autres ont quand même un peu évolué, depuis l’an dernier…

« Oui, peut-être un peu. Peut-être un peu. Je pense qu’ils travaillent dans un autre état d’esprit au niveau des pilotes. Ils ont une meilleure dynamique. Chez Yamaha, c’est la guerre entre Rossi et Vinales parce que Rossi veut absolument être le pilote qui va regagner la première fois pour Yamaha. Ça explique une partie de la situation. Mais de notre côté, la motivation est intacte et on va aller faire très sérieusement ces 3 courses outre-mer, et comme je vous l’ai dit, la moto n’est pas moins bonne que l’année dernière, donc il n’y a pas de raison qu’on ne refasse pas à peu près les mêmes choses. Maintenant, il n’y a plus qu’à (rires). Après, il y a le facteur météo car je regardais à Motegi pour avoir des réglages à peu près fiables pour le sec, mais ça remonte à avant Michelin, donc on n’a rien de bien fameux. A l’inverse, on a eu de bonnes conditions sèches pour la course à Phillip Island, ce qui est loin d’être gagné une nouvelle fois, et à Sepang on a eu de la pluie mais on s’en est bien sorti, comme sur le sec. On devrait donc pouvoir faire pareil ».

Avant d’arriver sur un circuit, regardez-vous les courses de l’année précédente ?

« Non, je ne regarde pas les courses. Je regarde mes notes de l’année d’avant et les réglages adoptés, ainsi qu’éventuellement ceux de l’année d’avant, les options prises, avec quoi on est parti et dans quelle direction on a été. Quand on a une idée plus précise de l’allocation pneumatique, je regarde si la direction et le réglage final correspondent à quelque chose qu’on a déjà utilisé cette année. Avec tout ça, on se fait une petite idée de départ. C’est ce qu’on fait habituellement, à part que là, au Japon, ça fait tellement longtemps qu’on travaille sur du mauvais temps qu’on a des informations trop anciennes ».

À la limite, souhaitez-vous la pluie ?

« Non, pas du tout, parce que c’est pour tout le monde pareil. Donc tu te dis qu’on va avoir le temps de retomber sur nos pattes. Et côté Yamaha, Honda et Suzuki, les pilotes d’essais ont fait des tests, donc il y a quand même des bases intéressantes pour le sec dont on va discuter au meeting technique de mercredi après-midi ».

Une dernière question, sur Nakasuga, qui est wild card pour Yamaha au Japon. Est-il obligé d’utiliser le même moteur que les Yamaha Factory, ou peut-il avoir un prototype du moteur 2019 ?

« Je ne suis pas un spécialiste des wild cards, mais je pense qu’il est libre. D’ailleurs, s’ils ont quelque chose de prêt chez Yamaha, je pense qu’il va rouler avec ».

Merci Guy : on va essayer de regarder ça de près…

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