Sylvain vient d’effectuer le premier de ses trois Grands Prix en wildcards, les deux autres étant prévus pour Brno le 4 août et pour Motegi, à domicile chez Suzuki, le 20 octobre. Qualifié sur la huitième ligne de la grille de départ en Catalogne, Guintoli s’est finalement classé treizième après s’être longuement bagarré avec Miguel Oliveira et sa KTM.
Ses coéquipiers se sont bien défendus avec Álex Rins huitième des qualifications et Joan Mir onzième, puis Rins quatrième en course et Mir sixième.
Sylvain, les qualifications de tes coéquipiers se sont nettement améliorées à Barcelone, Rins obtenant sa meilleure deuxième place personnelle sur la grille cette année et Mir égalant sa meilleure. Ton chrono de 1’41.2 (en pneus destinés à ta course) était également très honorable. Comment avez-vous fait pour aussi bien qualifier vos Suzuki sur la piste glissante de Montmeló ?
« La piste était très glissante dès le vendredi, et elle ne s’est pas beaucoup améliorée pendant le week-end, donc tout le monde avait des difficultés avec le grip. On essaie de travailler sur les qualifications car c’est un point sur lequel nous avons eu quelques difficultés depuis le début de saison. On a essayé des configurations un peu différentes qui ont eu l’air de bien fonctionner à Barcelone ».
« Et puis nous avons deux jeunes pilotes qui sont très doués. Joan Mir ce week-end a fait encore un pas en avant. Et ça c’est bon pour l’équipe, c’est bon pour les pilotes, c’est bon pour les résultats car quand il y a deux pilotes qui peuvent se challenger comme ça dans l’équipe, c’est une motivation supplémentaire pour eux comme pour le team ».
Ton retour en Grand Prix vendredi a dû être plaisant, mais pas facile, avec le nouveau châssis, un bras oscillant différent, la préparation en vue des tests de lundi, et une piste peu adhérente ?
« Comme l’année dernière, venir sur les Grands Prix courir en wildcard est un grand plaisir pour moi. Je suis très heureux de retrouver la grille de départ et toutes les sensations qui s’y attachent. Ça change des journées de test ».
« On a bien sûr aussi pendant le GP un agenda technique. Nous avons roulé avec des nouveautés dès le début du week-end. On avait tourné la semaine précédente à Brno et ça a été un choc d’arriver à Barcelone où il y avait beaucoup moins de grip. Mais ça nous a permis notamment de travailler sur ces évolutions dans des conditions de piste totalement différente ».
« Ça a été intéressant, même s’il est sportivement difficile en plein milieu de saison d’effectuer une wildcard, mais on s’en est plutôt bien sortis. Le test team avec lequel je travaille était content aussi car c’est également bon pour eux de faire un week-end de course. C’est la même équipe qui fait avec moi les tests et les wildcards, avec Tom* mon chef mécano et aussi tous les mécaniciens. La wildcard n’est pas que pour moi, c’est pour eux aussi, pour les remercier de leur travail de toute l’année ».
*Tom O’Kane
Comment s’est déroulé ton Grand Prix ?
« Ça ne s’est pas mal passé. On a bien managé la situation parce qu’en fait pendant la course les conditions de piste étaient très difficiles. Il était vraiment facile de faire une erreur. Et on l’a vu d’ailleurs, l’affaire a quand même été un peu un carnage ».
« En course j’ai eu du mal, comme tous les autres pilotes, avec le grip très faible. Il y a eu un peu de bagarre, ce qui était bien. Et puis je suis arrivé à rester sur mes roues et à ramener des points. Ramener trois points cette année, c’était une belle perf pour nous, donc on était contents ».
Les dirigeants de l’équipe (Ken Kawauchi, le Directeur technique, et Davide Brivio, le team manager) ont exprimé leur satisfaction d‘avoir les trois pilotes Suzuki à l’arrivée et dans les points. Ils te remercient également des « précieuses informations » que tu leur as fournies. Quel est ton bilan d’ensemble de ce week-end de Grand Prix ?
« Nous avons tiré de bons enseignements de ce week-end. On a continué le développement avec le châssis qui n’est pas vraiment nouveau, mais plutôt une modification dans notre châssis actuel. On a travaillé également sur le bras oscillant, on a fait des tests avec l’électronique qui étaient très intéressants lundi, et beaucoup de choses dont je ne peux pas parler. On a bien appris ».
« Álex (Rins) a testé la modification de châssis aussi et il a été très compétitif avec. Il a tiré les mêmes conclusions que moi, en fait. On a bien avancé ce week-end encore. C’était très bien pour nous de faire le Grand Prix et d’enchaîner aussitôt sur une journée de test, avec le rythme du week-end. Ça permet de faire vraiment un travail de qualité, ce qui est très important ».
Jack Miller, qui a lutté très longtemps avec Rins et Mir et termine entre eux deux, a été stupéfait du patinage des pneus arrière (« beaucoup de fumée ») des Suzuki, tout en conservant suffisamment de pneu arrière en fin de course*. Cela semble particulier à la GSX-RR. Comment et pourquoi ?
* Miller : « Je me gratte un peu la tête avec ce que Suzuki fait pour que le pneu dure comme ils le font. Parce que si vous voyez combien de fumée dégage leur pneu arrière et à quel point ils sont agressifs par rapport à nous en accélération, je suis vraiment étonné. J’ai été très doux pendant toute la course sur mon pneu, vraiment, très calme pour revenir ensuite sur eux. Mais ils ont pu garder le rythme jusqu’à la fin ».
« Avec la Suzuki, on arrive à être quand même agressif et à conserver les pneus. C’est un gage que la moto est bonne. Elle ne met pas trop les pneus en contrainte ».
« Mais Miller, hé hé, regardait son pneu avant et non son pneu arrière. Son pneu arrière devait fumer aussi ! Tout le monde avait beaucoup de patinage, donc c’était vraiment fun à piloter avec beaucoup de dérive ».
De ce point de vue-là, un 4 cylindres en ligne n’est-il pas plus progressif qu’un V4 ?
« Les deux 4 cylindres en ligne – la Suzuki et la Yamaha – sont face à toutes les V4 et c’est clair que maintenant cette année la Suzuki est la plus rapide des 4 cylindres en ligne en ligne droite. On a travaillé là-dessus toute l’année dernière et on n’est pas encore au niveau des V4 en vitesse de pointe, mais on s’en rapproche. Les 4 cylindres en ligne ont bien sûr un avantage pour le châssis et on le voit avec la vitesse de passage en courbe de la Suzuki ».
« C’est ça qui crée de belles courses parce qu’on a sur la grille des machines avec des qualités et des défauts différents. C’est ça le MotoGP, et nous on essaie de tirer le meilleur parti du 4 cylindres en ligne. Et cette année ça fonctionne plutôt pas mal ».
Lors des essais du lundi avec le châssis modifié, tu as été nettement plus rapide que lors de la course*. Tes tests se sont-ils bien passés ?
* Meilleur temps en course : 1’42.518
Meilleur temps des tests du lundi : 1’41.243
« Oui, ils se sont bien passés. Il y avait de nouvelles gommes Michelin un peu plus performantes que tout le monde a utilisé ce lundi, sauf moi. C’est pour ça qu’on a vu les chronos descendre nettement. Les conditions de piste étaient meilleures que le dimanche, surtout le matin. Moi j’ai pas mal amélioré parce qu’on a trouvé des solutions aux difficultés que j’avais eues le dimanche ».
« J’ai été beaucoup plus vite au niveau du rythme par rapport à la course. On a pu tirer des enseignements grâce à cet enchaînement immédiat entre le week-end de course et la journée de test, qui permet de travailler rapidement et d’avoir une journée très productive le lundi ».
« Ce week-end, comme Ken (Kawauchi) l’a dit, a été très positif avec les trois pilotes dans les points, pas d’erreurs de la part des pilotes Suzuki. Un week-end très solide aussi pour Joan (Mir) qui concrétise le potentiel qu’il a montré depuis le début de l’année. C’est très bon pour la suite ».
« Ce fut vraiment un week-end positif pour le Team Suzuki ».
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— Sylvain Guintoli (@SylvainGuintoli) June 14, 2019
Photos © Suzuki Racing