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Après un Grand Prix de France spectaculaire, Piero Taramasso – Manager Deux-roues Michelin Motorsport – va affronter avec son équipe le magnifique circuit toscan du Mugello. C’est un des plus beaux tracés de l’année pour de nombreux pilotes, où les machines atteignent leur plus grande vitesse de pointe (356,5 km/h pour Andrea Dovizioso sur Ducati l’an dernier, record).

L’utilisation de plus en plus répandue d’un bras oscillant carbone (par Ducati, Honda et KTM) va-t-elle faire évoluer la conception du pneu arrière ?

« Non, cela ne va pas jouer sur la conception et le développement du pneu arrière. Beaucoup de motos ont été modifiées en ce sens, mais nous n’avons constaté aucune modification dans l’usure ni dans la température des pneus. Il n’y a pas de différence par rapport à précédemment. Cela n’a pas d’incidence pour nous ».

« Il faut savoir que les teams vont dans cette direction-là parce qu’ils essaient de reproduire avec un bras carbone la même rigidité qu’avec un bras acier, mais en gagnant du poids. Le but est d’avoir une moto plus légère ou de modifier la répartition du poids ».

Le Circuit Bugatti disposait d’une excellente adhérence en raison d’un revêtement refait à neuf en 2017. Il y a eu beaucoup de roulage depuis et l’adhérence avait  diminué pour le GP de France cette année. Est-ce dû à l’usure ou au dépôt d’une couche inopportune ? Quelle est la solution pour retrouver la qualité de grip de 2018 ?

« Le niveau de grip cette année était plus bas qu’en 2017-2018 en raison de l’usure de l’asphalte. Le circuit du Mans est très utilisé pour les voitures, les motos, les courses, les journées circuit, etc. Plus le circuit est utilisé, et plus les cailloux qui entrent dans la composition du revêtement s’usent. Donc ils sont moins agressifs et il y a moins de grip ».

« Ça joue pour les deux tiers, ensuite il y a un petit dépôt d’une couche de gomme, et des résines qui sont dans le goudron qui remontent un peu en surface, mais ça c’est moins important. C’est plus dû à l’utilisation intensive du circuit, ainsi qu’aux conditions météo : la pluie, la neige et le froid font que le circuit évolue vers une diminution du grip ».

« La seule solution est de refaire la goudron. Ou il existe le « microbillage » quand des machines projettent sur le circuit de petites billes d’acier ou de fer. Le sablage est également possible. Mais tout ça coûte très cher et est donc peu utilisé. »

Il va y avoir un nouveau revêtement à Silverstone pour le British GP, posé du 10 au 13 juin. Un test y est-il prévu avec les teams de MotoGP avant le Grand Prix qui aura lieu le 25 août ?

« Il n’y a pas de test prévu car les teams n’ont pas trop envie de se déplacer en Angleterre pour y trouver deux jours de pluie ! Mais dans ce cas, notre accord avec Dorna prévoit que nous sommes autorisés à amener une spécification de plus pour l’avant et une autre pour l’arrière. Au lieu de 3 + 3 pneus, nous en aurons 4 + 4, sachant que le pneu supplémentaire est assez résistant à l’usure et à la température. Ce ne sera utilisé que si l’asphalte est très agressif ou qu’il génère beaucoup de température ».

Est-ce que le fait que Marc Márquez ait gagné pour la première fois cette année (au Mans) un Grand Prix avec un Michelin avant tendre peut changer la donne dans l’avenir ? Penses-tu qu’il pourrait-il éventuellement l’utiliser plus souvent dans le futur ?

« Non, je ne le pense pas. Marc avait utilisé en 2017 et 208 des pneus tendres à l’avant. Cette année non, c’était la première fois qu’il utilisait le tendre. Celui de cette spécification-là, c’était la première fois dans l’absolu. Mais c’était vraiment lié aux conditions météo ».

« Il a déjà utilisé des spécifications plus tendres que celles qu’il aime, mais il sait les gérer. Il préfère faire un choix qui lui offre un bon feeling et un bon grip, même si en fin de course il faut qu’il gère un peu le poids et son agressivité sur le pneu avant ».

Comment 3 rookies ont-ils pu s’habituer aussi rapidement aux pneus pluie le samedi sur le mouillé*, sans jamais les avoir essayé avant ?

*(FP3 : Joan Mir 11e à 1.4, Miguel Oliveira 12e à 1.5 et Fabio Quartararo 13e à 1.6, l’exception étant Francesco Bagnaia 17e à 2.4)

« Je ne suis pas surpris par la performance exceptionnelle des pneus Michelin pluie, car nous avons de très bons produits à l’avant comme à l’arrière. Leur mise en  régime est rapide, ils donnent un bon grip et de la confiance aux pilotes. Nous avons toujours eu historiquement une bonne réputation  dans ce domaine-là ».

Mais ces pilotes n’avaient jamais roulé avec ?

« Non, mais la mise en régime est facile et tu te sens tout de suite en confiance. Ces pneus ont un bon grip, et décrochent de manière très progressive. Il faut préciser que le pneu pluie arrière est asymétrique (gomme tendre à gauche et dure à droite, ou l’inverse selon le circuit) pour donner confiance dès le premier virage. Les temps au tour sont à 10% de ceux réalisés sur le sec, et même parfois moins. Ces pneus sont bons en performance comme en durabilité ».

Lors de la course du Grand Prix de France, comment avec le même pneu tendre à l’arrière, la Yamaha au moteur relativement progressif de Valentino Rossi n’était séparée de la KTM au moteur plus brutal de Pol Espargaró que de moins de 3 secondes après 27 tours ?

« Il faisait froid et il n’y avait pas trop de grip, donc la solution tendre à l’arrière était celle qui fonctionnait le mieux dans cette fenêtre de température. C’était le bon choix pour tous. Et ça s’est bien comporté pour tout le monde car depuis l’année dernière on utilise une nouvelle technologie qui donne au mélange un bon grip et une bonne constance. On peut aussi l’utiliser sur une plage assez large. Ce mélange s’adapte facilement à différents styles de pilotage et différents types de motos. C’est un mélange très polyvalent. C’est cette nouvelle technologie qu’on est en train d’utiliser pour toutes les spécifications pneumatiques ».

 

Vidéo : Le Grand Prix de France vu par Michelin