Depuis le Grand Prix d’Allemagne 1977 jusqu’au GP de Yougoslavie 1983, Jacky a disputé 14 GP avec comme meilleur classement la huitième place du Championnat du Monde. Il a terminé quatrième du Grand Prix de Belgique en 1979 et de celui de Yougoslavie en 1980. Aujourd’hui il est conseiller technique pour les carburants et lubrifiants Elf et Total sur les circuits.
La victoire de Fabio Quartararo a-t-elle été pour toi une surprise ou une confirmation ?
« Les deux. Ça a été une énorme joie. Au vu de sa pole position et de son meilleur temps du warm up, sincèrement je ne pensais pas qu’il pouvait aller jusqu’à la victoire. Quand je l’ai vu prendre son rythme avec une aisance incroyable, j’ai été très heureux. C’est la confirmation de son talent. Même si son début de saison avait été crescendo, ça n’en faisait pas vraiment un postulant au podium. Là, ça a été une belle confirmation. »
Valentino Rossi peut-il encore être Champion du Monde ? Et pourquoi pas cette année ?
« Cette année il est deuxième, et, comme il le dit lui-même, ce n’est pas avec des places de troisième que l’on peut être Champion du Monde. Mais on peut se demander s’il ne pourrait pas l’être l’année prochaine, avec les deux coqs dans le même poulailler chez Honda.
« Un chose est sûre avec Valentino : il est toujours là ! Il ne lâche jamais rien, ce qui est admirable. Il est incroyable, même si la Yamaha n’est pas la plus performante.
« Oui, Marquez est maintenant plus fort que lui, c’est indéniable. Oui, la Ducati est plus rapide que la Yamaha, et Lorenzo a appris à s’en servir. Rossi est incroyablement malin, très fort, terriblement déterminé et il continue à engager des points. Mais ce qu’il veut, c’est une victoire, c’est indéniable. »
Que peut-on espérer l’an prochain comme résultats pour Johann Zarco sur la KTM ?
« Beaucoup de gens sont dubitatifs et estiment même que cette décision a été stupide. Or je connais très bien l’équipe KTM en fonction de nos rapports professionnels et je prends beaucoup de plaisir à les voir travailler. Ils ont de nombreux jeunes ingénieurs débordant de motivation, de détermination et de travail.
« J’en ai encore parlé avec eux dimanche dernier, et il n’attendent pas Johann comme le Messie, mais comme quelqu’un qui va les aider à travailler. Ils comptent également sur Tech 3 pour progresser au travers d’échanges de procédés.
« Le moteur de Kallio est un peu mieux que les moteurs actuels (ndlr : celui avec lequel le Finlandais a disputé le GP de Catalogne en wild card). Johann ne va pas tout gagner, mais en tout cas il ne sera pas loin des meilleurs. J’ai confiance en la force de travail des gens de KTM, en leur dynamisme, en leur détermination. Ils sont très compétents et enthousiastes. Tu ressens chez eux une volonté terrible de progresser. »
L’équipe Repsol Honda a-t-elle engagé Jorge Lorenzo seulement pour suppléer Marc Marquez s’il se blesse ? Ou bien aussi pour empêcher les autres équipes (comme Ducati et Yamaha) de disposer d’un champion ?
« On peut légitimement se poser la question. En le subtilisant aux concurrents, ça leur fait un adversaire de moins. »
Et puis Honda l’avait déjà fait avec Hailwood. (Ndlr : En 1968, Honda s’était retiré des GP, mais avait payé Mike Hailwood 50 000 Livres sterling de l’époque – plus d’un million d’euros actuels – pour qu’il ne pilote pas pour un autre constructeur).
« Oui, c’est vrai, effectivement. Ils avaient déjà eu la même démarche. Lorenzo a senti que le vent tournait chez Ducati et il a appelé Alberto Puig. Celui-ci, ne souhaitant pas conserver Pedrosa, aurait fait des propositions à Zarco et à Johnny Rea. Je ne suis pas certain que les autres (Ndlr : Repsol et Honda) auraient suivi derrière, je n’en suis pas convaincu.
« Puig a donc pris un grand champion comme Lorenzo pour renforcer son équipe, afin de terminer premier et deuxième au Championnat. Mais dans quel ordre ? L’important pour Honda est de s’assurer de la continuité du titre. »
Quels résultats envisages-tu pour Danilo Petrucci l’an prochain sur la Ducati officielle aux côtés d’Andrea Dovizioso ?
« Il est un peu irrégulier. Je pensais qu’ils allaient prendre Jack Miller parce qu’il est le renouveau. C’était bien aussi pour les marchés car il est australien, mais également très populaire aux Etats-Unis. C’est un jeune qui méritait d’avoir la moto officielle. Je pense qu’il est plus rapide que Petrucci.
« Sportivement, Petrucci est bien, mais très irrégulier. Commercialement, je ne vois pas ce qu’il peut apporter à Ducati, mais c’est leur choix. Donc ils vont laisser mûrir Miller encore une année. Petrucci ? Allez, je le vois dans les 5-6. »
Quelle est la raison de la présence persistante d’Aprilia en MotoGP ?
« La MotoGP est la plus belle des vitrines. Ils voudraient l’utiliser pour démontrer leurs compétences techniques. Pour le moment, ils sont encore à la peine. Nous nous rencontrons très fréquemment, et je suis un peu déçu car je m’attendais à de meilleurs résultats. On pensait en début d’année qu’ils allaient franchir un pas, mais il est vrai que pour le moment ils sont en proie à de petits soucis.
« Tout le monde veut être en MotoGP – sauf Kawasaki – car c’est la vitrine de la technologie, et les retombées sont bien plus importantes qu’en Superbike. Aprilia est aussi impliqué en Superbike avec l’équipe SMR (Shaun Muir Racing) et obtient des résultats intéressants comme récemment à Brno où ils ont terminé quatrième et cinquième.
« Ils continuent de travailler en MotoGP pour progresser. La moto a des qualités. Ils ont un certain nombre de problèmes à résoudre. Ils travaillent énormément, même souvent les jours fériés, le samedi et même quelquefois le dimanche pour certains ingénieurs. Ça veut dire qu’ils se la donnent complètement. Pour le moment, ils ont un petit peu de retard. Dès qu’ils auront résolu les problèmes qu’ils ont actuellement – et sur lesquels je ne peux pas m’étendre – on les verra progresser à grands pas. »
