La progression de Johann Zarco continue petit à petit, après trois courses à l’autre bout du monde qui n’ont pas été simples face à une opposition de très haut niveau, pour ce qui est des pilotes comme des motos.
Enfin arrivée en Europe, l’équipe KTM MotoGP a pu retrouver ses bases et Johann a continué son évolution, même si celle-ci est moins rapide qu’évidemment un pilote de sa trempe ne le souhaiterait. Regardons un peu plus en détails le GP d’Espagne avec Florian Ferracci, mécanicien de Zarco et lui-même ancien pilote d’usine.
Le week-end de Jerez avait bien commencé avec la douzième place à 0.976 lors de la première séance d’essais libres. Était-ce un bon début, mettant en confiance ?
« C’était effectivement un bon début, mais il est utile de préciser que ça fait déjà plusieurs courses qu’on est plutôt bien à la première séance d’essais libres. On y est plutôt proches des leaders. Donc ça c’est un point positif parce qu’on se dit à chaque fois que ça va être un bon week-end ».
« Ça nous a mis en confiance, Johann était plutôt content, sauf qu’il y a eu cette malheureuse chute à la fin de la séance. La moto a été très abimée mais lui, heureusement, ne s’est pas fait mal ».
Quelles ont été les conséquences des deux chutes (sans gravité) du vendredi ?
« En vérité, la première chute a été une grosse chute, à la fin de la FP1, et la moto a eu pas mal de dégâts, mais la deuxième chute n’en a même pas été une. Franchement, la moto n’a rien eu. J’ai pensé sur le moment qu’il avait juste fait un tout droit. Il n’est vraiment pas tombé vite et donc ça n’a eu aucune conséquence. J’étais au panneautage et Johann est reparti ensuite exactement sur le même rythme, comme s’il n’était pas tombé ».
En course Johann a terminé 14e à 26 secondes du vainqueur, contre 42 secondes lors du GP précédent au Texas. Il y a donc du progrès.
« Oui, il y a du progrès, d’autant plus que la course faisait 25 tours. Donc terminer à 26 secondes après 25 tours c’est quand même bien, surtout en partant dix-huitième, soit sur la sixième ligne ».
« C’est sûr qu’on ne se bat pas pour être à la limite des points, on espère tous (Johann et toute l’équipe) faire mieux. On continue à travailler pour ça ».
Vous avez testé au Mans le 23 avril sur le sec, puis le 24 sur le mouillé. Cette double séance a-t-elle été utile ?
« Je pense que ça a été très utile. KTM a encore les concessions, ce qui permet de faire plus d’essais. Déjà sur le sec, ça a permis de dégrossir un peu les réglages, parce que la moto a changé par rapport à l’an passé ».
« Et puis sur le mouillé ça a été une très bonne chose car ça a finalement permis à Johann de rouler avec la moto dans ces conditions. Pendant toutes les séances d’essais de cet hiver et depuis le début de saison, on n’avait jamais roulé sous la pluie. Je pense que c’est très positif pour lui de mieux connaître la moto dans ces circonstances-là ».
D’autant plus que parfois au Mans il pleut…
« On espère que ce sera sec, même si on pense que la pluie pourrait être bien pour nous. Ça pourrait être moins pire ».
Johann a demandé à Jean-Michel Bayle (ancien crossman, pilote de GP 250 et 500 et d’endurance) de lui servir de coach, de conseiller ? Qu’en penses-tu ?
« Je n’en pense que du bien car je connais un peu Jean-Michel. Je l’ai côtoyé à l’époque où je courais. J’avais fait un stage de motocross avec lui, à l’occasion d’un stage dont il était le moniteur, qui était organisé par la FFM et destiné aux meilleurs pilotes français de vitesse. C’était à l’Espace Loisirs de Boade, à côté de Dignes ».
« On a apprécié Jean-Michel car en plus d’être quelqu’un de très simple et de très sympa, il a une énorme expérience de la course en motocross et en vitesse. Ce que j’ai pu voir, c’est qu’il est très pédagogue, sachant vraiment bien nous expliquer les erreurs qu’on faisait. Pour Johann, ça ne peut être que positif car il aura quelqu’un qui l’aidera aussi bien au niveau mental qu’en le regardant depuis le bord de la piste ».
Jean-Michel Bayle a fait deux pole positions en 500 face à des grands.*
*En 1996 à Brno face à Doohan, Criville, Roberts, Okada, Checa, Capirossi, Abe, Barros, etc.
En 1998 à Imola face aux mêmes plus Biaggi, Kocinski, Gibernau et Laconi.
« En 250, il a aussi fait une pole, mais pas de podium car il n’a pas eu de chance, mais il a une très grande expérience de la course, c’est indéniable ».
Zarco avait réalisé la pole position au GP de France l’an dernier. Cette année, ça parait difficile, et ce sera Fabio la vedette. Comment estimes-tu que Johann va vivre son Grand Prix national ? Dans quel état d’esprit part-il dans la Sarthe ?
« Johann est surmotivé pour le Grand Prix de France par le fait de courir devant son public. C’est sûr qu’il y aura beaucoup de spectateurs. Les essais qu’il a faits se sont plutôt bien passés. Il a vraiment envie de bien faire ».
« On se disait en rigolant que ce serait bien qu’il fasse très beau temps en FP1 pendant le premier quart d’heure pour qu’il puisse faire un très bon temps – vu qu’il y a fait des essais – et puis qu’il pleuve ensuite pendant tout le week-end (rire) ».
« On a dit ça pour s’amuser car on espère tous qu’il fera beau au Mans, aussi bien pour le public que pour les pilotes, afin que tout le monde se régale ».
Photos © Philip Platzer pour KTM