Brad Binder, le pilote rookie sud-africain de l’équipe KTM qui comprend dans ses rangs comme mécanicien Florian Ferracci, apprend-il vite à manier sa RC16 ? Examinons sa progression sur les cinq circuits qui ont accueilli les derniers tests MotoGP pour voir la rapidité de son évolution :
Valence (novembre 2019). Premier jour : 1’32.367, 2e et dernier jour : 1’32.235 (à 2.5 du leader Viñales)
Jerez (novembre 2019). Premier jour : 1’39.980, 2e et dernier jour : 1’39.943 (à 2.8 de Viñales)
Sepang (février 2020). Premier jour : 1’55.644, 3e et dernier jour : 1’54.283 (à 0.7 de Quartararo)
Qatar (février 2020). Premier jour : 1’55.644, 3e et dernier jour : 1’54.283 (à 0.4 de Viñales)
Misano (juin 2020). Premier jour : 1’34.5, 2e et dernier jour : 1’33.5 (à 0.6 d’Oliveira)
On voit donc, après une prise en main à Valence et à Jerez, une nette progression à partir de Sepang. De plus de deux secondes initialement, Brad est passé à environ une demi-seconde du meilleur temps. Les premiers Grands Prix de cette saison ayant lieu les 19 et 26 juillet à Jerez, ce pourrait être l’occasion de bien commencer en MotoGP pour Binder.
Voyons maintenant comment Florian Ferracci a vécu les derniers tests de Misano.
Comment se sont passés tes essais avec ton pilote Brad Binder ?
« Globalement, ça s’est très bien passé. C’était une reprise
à peu près pour tout le monde, autant pour les mécaniciens du team
de course que pour le pilote qui était resté longtemps sans rouler.
»
« Ça s’est très bien passé et nous n’avons pas eu de chute. Brad était très content à la fin des essais. Il n’y a eu à cette occasion que du positif. »
« On part tous avec l’esprit – je ne dirais pas de gagner – mais de faire le mieux possible. Tout le monde est remonté à bloc. »
Vous avez finalisé la KTM RC16 qui représentera la marque en 2020 et 2021. Que penses-tu de la dernière version de cette moto que vous avez développée à Misano, par rapport à la précédente ?
« La moto que nous avons utilisé à Misano était très proche de celle dont nous disposions lors des tests du Qatar, à la fin du mois de février dernier, à l’occasion des essais IRTA. »
« Il y a depuis toute une foule de petits détails qui ont été améliorés. Nous avons aussi peaufiné la position du pilote. »
« Il n’y a pas vraiment eu de révolution, parce qu’on en arrive à un point où il faut tenir compte du fait que KTM est parti de très loin. C’était un nouveau constructeur en MotoGP et on était donc logiquement loin au chrono. Dans un premier temps, on a rapidement amélioré nos chronos au début en progressant demi-seconde par demi-seconde. On s’est ainsi rapproché des meilleurs. »
« Maintenant, on en est arrivés à un point où on ne peut pas trouver comme ça une demi-seconde d’un coup. Donc on évolue positivement dixième par dixième, et même parfois presque centième par centième… On a travaillé sur de nombreux détails, et globalement tous les pilotes ont été contents. »
Justement, KTM était le constructeur le plus représenté lors de ces tests italiens. Avec quatre pilotes, avez-vous fait beaucoup de travail ?
« Oui, car on a peaufiné beaucoup de choses. Ce qui est intéressant pour la marque, c’est qu’ayant quatre pilotes qui ont roulé, elle possède de très nombreuses données enregistrées sur lesquelles les ingénieurs vont pouvoir travailler avant le Grand Prix d’Espagne qui aura lieu le 19 juillet. Ces ingénieurs ont du pain sur la planche car ils vont devoir examiner soigneusement tout ce qui a plu aux pilotes et tout ce qui ne leur a pas plu. Je pense que pour cette année on part vraiment avec une bonne base. »
Quelle est ton opinion concernant le nouveau revêtement de Misano, entièrement refait ?
« Je ne suis malheureusement plus sur la moto (rire) mais de ce que j’ai entendu, les pilotes sont très contents du grip qu’il a apporté. Nous avons roulé avec des températures extrêmes à Misano, auxquelles nous ne sommes pas habitués. La température de l’air a dépassé 30° et celle du nouveau bitume 60° ! C’était extrême, mais, malgré tout, les pilotes étaient très contents de l’adhérence. »
Il était un peu bosselé par endroits, quand même. Dans les virages n°3 et n°11 d’après Sylvain Guintoli.
« Oui, j’ai cru comprendre qu’il y avait des bosses par endroits. Cela a sans doute expliqué les quelques chutes qui se sont produites, mais il ne s’est agi que de petites glissades sans gravité.
« Ce que je redoute cette année, c’est pour les techniciens l’inconfort dans le stand lié au Covid-19 et à la chaleur. Travailler avec un masque en permanence est pénible, dans un stand où il fait chaud et avec la chaleur résiduelle du moteur de la moto. Les deux premiers Grands Pris se dérouleront à Jerez, dans le Sud de l’Espagne, en plein mois de juillet, donc avec une température très nettement supérieure à celle que l’on trouve en Andalousie d’habitude en début de saison pour le Grand Prix d’Espagne. Il y aura également des analyses médicales à effectuer, obligatoires pour pouvoir pénétrer sur les circuits, ce qui parfois ne va pas être simple. »
Qu’as-tu pensé de l’arrivée de Miguel Oliveira dans l’équipe d’usine, en remplacement de Pol Espargaró pour 2021 ?
« Je pense que réunir Miguel et Brad est tout à fait logique. Ils ont été coéquipiers en Moto3 puis en Moto2, et l’idée de KTM est d’avoir en MotoGP des pilotes qui roulent pour la marque depuis la Moto3. »
« Ça fonctionne très bien entre eux. Ils sont très proches, ils sont copains. Il me semble logique de les avoir réunis. Miguel et Brad avaient – et ont toujours – la même moto, et pour la famille KTM, il est bien qu’ils soient ensemble. Je pense que c’est la raison du choix. »
L’arrivée de Danilo Petrucci chez Tech 3 t’a-t-elle surpris ?
« Oui et non. Je sais que KTM voulait prendre un pilote expérimenté. Danilo a beaucoup d’expérience et peut être très rapide. On se rappellera toujours de ce Grand Prix d’Italie qu’il a gagné l’an passé d’une manière vraiment exceptionnelle, dans le dernier tour, devant des cadors comme Marc Márquez et Andrea Dovizioso. Il a montré ce qu’il savait faire. »
« Quant au fait qu’il aille chez Tech 3, il faut bien savoir que maintenant Tech 3 a exactement le même matériel que nous. Chaque plus petite vis est identique, chaque plus petit boulon. Mis à part les couleurs sur le carénage, les motos sont exactement les mêmes, donc ce n’est pas une déconsidération que de le mettre chez Tech 3. Leurs motos sont tout à fait pareilles. Et Danilo est un pilote sympathique. »
Florian Ferracci
Photos © Sebas Romero et Gold and Goose pour KTM