Ancien pilote de haut niveau, notamment sur des Ducati officielles au Bol d’Or, Florian s’est reconverti dans la mécanique et officie sur une des deux KTM en MotoGP, pilotée par Bradley Smith, Johann Zarco et, désormais cette année, Brad Binder.
Le pilote sud-africain né à Potchefstroom le 11 août 1995 a remporté avec un indéniable brio le Championnat du Monde Moto3 en 2016, puis s’est classé l’année dernière en deuxième position du mondial Moto2, à 3 points du vainqueur Álex Márquez, 262 à 259. Il se lance cette année avec Florian Ferracci dans le grand bain de la MotoGP, quand on sera enfin sortis des problèmes sanitaires actuels.
Le Directeur de KTM Motorsport, Pit Beirer, a annoncé que vous auriez une séance d’essai le mercredi 15 juillet, juste avant le Grand Prix d’Espagne qui aura lieu à Jerez le 19 juillet, et avant le 26 juillet le Grand Prix d’Andalousie. Aurez-vous un roulage avant ?
« Je ne le pense pas, étant donné les difficultés sanitaires actuelles, aussi bien pour les voyages que pour les autorisations pour pouvoir rentrer dans les pays concernés. Je n’ai vraiment pas entendu parler de ça. Notre cible, c’est le roulage de Jerez le 15 juillet. »
« Après, ce qu’il faut savoir, c’est que chez KTM – comme, je le suppose, dans beaucoup d’entreprises – la priorité est la santé des pilotes et des techniciens, bref du personnel en général. Ils y tiennent vraiment et ne veulent pas brûler les étapes. »
« Avec Brad depuis l’Afrique du Sud et mes collègues techniciens, on se parle en visio une fois par semaine. C’est sympa, on rigole bien chacun dans sa maison. On boit un coup en direct, chacun dans son pays, et c’est très agréable. »
Tu travailles cette année avec Brad Binder. Lors des tests de Valence, il était à 2.5 du leader Maverick Viñales. A Jerez, il pointait à 2.8 de ce même Viñales. A Sepang, il n’était qu’à 0.7 du premier Fabio Quartararo. Enfin au Qatar, il était devancé de seulement 0.4 par Viñales. Comment as-tu vécu cette impressionnante progression ?
« Brad y est allé vraiment par étapes. Il n’a pas attaqué tant qu’il ne connaissait pas bien la moto, tant qu’il ne la sentait pas bien. On sait que c’est quelqu’un qui a énormément de talent, mais ce n’est pas un casse-cou. Il n’a pas forcé tant qu’il ne connaissait pas bien les réactions de la moto, tant qu’on ne l’avait pas adapté à son pilotage. »
« Mais il est vrai qu’à la fin ses performances nous ont vraiment surpris. Il a fait de super chronos, autant en Malaisie qu’au Qatar. Et ceci avec des pneus de course, en plus ! On n’a pas mis de gommes spéciales. Le fait qu’il ait réalisé ses temps avec des pneus course est très encourageant. »
« On verra, j’espère que malgré la situation actuelle, après la crise – comme tous les autres pilotes – il saura toujours aller vite (rire) et puis que ça se passera bien. »
« Nous n’avons pas encore fait une course, or il faut toujours prendre les résultats des test avec des pincettes. Ça ne présage jamais de ce que ça donnera quand il y aura une vraie course. »
Dans la situation sanitaire actuelle, un rookie semble désavantagé car il y aura au total moins de courses, donc moins d’opportunités de se familiariser avec la moto, et des courses très rapprochées, ce qui ne va pas être facile physiquement pour un rookie sur une RC-16. Cela t’inquiète-t-il ?
« Cela ne m’inquiète pas vraiment parce que quand on voit la carrière de Brad, lui, c’est un guerrier, et justement en course. Souvent il a été mal placé sur la grille de départ, après s’être par exemple raté dans ses tours qualif. Même en Moto3, je me souviens bien d’une course en 2016 à Jerez dont il est parti dernier et qu’il a gagnée ! Vu le niveau et la compétitivité de tout le monde en Moto3, il fallait le faire. »
« C’est un battant en course. Évidemment, il manque de roulage en MotoGP par rapport à tous les autres pilotes de la catégorie, mais moi je pense qu’en course il sera là »
Les équipes d’usine auront droit à 40 personnes par pilote lors de chaque course. Est-ce beaucoup, suffisant, ou pas assez ?
« En ce qui nous concerne, ça me parait suffisant. Quand on se déplace sur les circuits pour aller sur les Grands Prix, on est, y compris les pilotes, en moyenne 35 personnes. En additionnant les mécaniciens, les chauffeurs des camions, les ingénieurs, les pilotes, on est à peu près 35 personnes. Donc quand on nous propose un total de 40 personnes, c’est vraiment suffisant. »
Quelle impression penses-tu va faire un Grand Prix sans spectateurs ?
« Ça va faire drôle, surtout je pense sur la grille de départ. Sinon on fait souvent des séances d’essai pendant lesquelles les tribunes sont vides. On a tous l’habitude de ça, aussi bien les pilotes que nous, les techniciens. Mais c’est vrai que sur la grille, ça va vraiment faire drôle »
« Toutefois il n’y aura pas de bouchon à l’entrée du circuit. Ça nous permettra de dormir un petit peu plus (rire) et de venir un peu plus tard le matin. Ça c’est sûr que ça fera une grosse différence, mais on ne s’inquiète pas pour le spectacle qui sera là quand même, pour les fans devant leur écran de télé. »
Ci-dessous, la progression de Binder au GP d’Espagne Moto3 en 2016. N°41, de la 35e et dernière place sur la grille à la victoire :
Photos © Sebas Romero et Marcin Kin pour KTM