Avec 11 participations au Bol d’or, 9 aux 24 Heures du Mans et une victoire aux 24 Heures de Catalogne en 2014, David a derrière lui une longue et abondante carrière de pilote, mais aussi de journaliste dans la moto. Depuis le début de cette saison, il commente avec Randy de Puniet les Grands Prix pour Canal+, après que ceux-ci aient été diffusés par Eurosport de 1992 à 2018.
Nous avons demandé à David ses impressions et ses sensations après les premières courses du Championnat du Monde.
Quel est ton bilan après les 5 premiers Grands Prix de l’année ?
« Tout d’abord énormément de plaisir, énormément de travail, et puis une formidable dynamique avec toute l’équipe de Canal+. C’est un bilan important pour moi parce que j’ai aménagé mon temps pour ça. J’ai arrêté certaines activités, dont l’émission « Sans concession ».
« Il y avait beaucoup de pression, ce qui est normal quand tu es très exposé. Après cinq Grands Prix, sans la moindre langue de bois, c’est un vrai bonheur que de travailler sur les GP. Et une vraie fatigue ! ».
Avoir été pilote de bon niveau est-il un avantage ?
« C’est un avantage pour certaines situations, sachant que mon rôle est aussi d’ouvrir la moto à ceux qui ne la connaissent pas. Mais c’est plus le rôle de Randy (de Puniet) d’apporter son expertise de pilote, qui est supérieure à la mienne.
« Il est logique dans la répartition des rôles que ce soit lui le spécialiste moto et que ce soit moi l’homme qui essaie d’ouvrir la moto au plus grand nombre, ce qui est parfois ingrat parce qu’on peut penser que je découvre la moto – j’ai d’ailleurs des retours dans ce sens – néanmoins c’est un rôle que j’assume complètement même si j’ai été sur la piste, j’ai connu la compétition moto et les blessures qui vont avec ».
« Donc je sais ce que peuvent ressentir des pilotes. Reste que, comme je l’ai dit, Randy a un niveau d’expertise supérieur et il est mieux que je le laisse apporter son expérience de pilote. Toutefois, lors des trois derniers Grands Prix, j’ai un peu plus apporté de mon vécu de pilote ».
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans les commentaires ?
« Le plus difficile est de traduire en simultané les interviews en anglais, parce que quand tu traduis, la personne interviewée est encore en train de parler. Il est très difficile de se concentrer à la fois sur la traduction que tu es en train de prononcer et sur la continuation de ce qu’elle continue à exprimer. C’est un exercice de haute voltige qui est très difficile. Je l’ai fait pendant plus de dix ans en supercross, mais ça reste la partie la plus complexe pour mon cerveau ».
Tu t’es retrouvé dès le début de saison propulsé au Qatar, ensuite au fond de l’Argentine, puis au Texas, et les grands voyages sont à peine commencés. Avec les dizaines d’heures d’avion et les décalages horaires, est-ce difficile physiquement ?
« Oui. Clairement. A ce titre, j’admire ceux qui couvrent les GP depuis des dizaines d’années. Ça demande une vraie préparation physique et une vraie hygiène de vie pour enchaîner les courses et les voyages. Il y a la partie télé, puis la partie presse écrite où le travail continue encore après la course. Le métier de journaliste sur les Grands Prix est un vrai marathon, une réelle course d’endurance. C’est un véritable exercice physique ».
Tu avais déjà collaboré avec d’autres chaînes de télévision, ainsi que des émissions sur des médias sociaux, mais Canal+ est d’une envergure beaucoup plus importante. Comment les Grands Prix moto trouvent-ils leur place dans une entreprise de cette taille ?
« La moto n’est pas nouvelle sur Canal+ qui a déjà diffusé les Grands Prix il y a longtemps. Ce qui est maintenant différent, c’est que Canal+ investit énormément de temps d’antenne sur la moto. C’est un engagement. Comme il s’agit d’une grande chaîne, il y a beaucoup de pression pour nous tous qui œuvrons sur les Grands Prix ».
« Tout à coup 20 heures de programmes nouveaux sont arrivés sur les antennes de Canal+ presque chaque week-end et ça va dans le bon sens. Il nous a fallu 2 à 3 GP pour prendre le rythme. Cet engagement envers la moto, qui, je le répète, est profond avec un marketing adapté et tous les services transversaux engagés, n’est pas toujours perçu à sa juste valeur, ce qui est une grosse frustration pour moi ».
Que souhaites-tu améliorer dans l’avenir ?
« On travaille tous les jours pendant chaque GP, avec des interviews quotidiens de nombreux pilotes. On travaille d’arrache-pied, en n’arrêtant pas d’améliorer Grand Prix après Grand Prix ce qu’on diffuse ».
« Je souhaite améliorer beaucoup de détails dans mon travail, comme je l’ai toujours fait en presse écrite ou en télévision. Je veux améliorer le produit. Mon processus de travail reste le même. Je travaille sur la concentration, sur la préparation physique dont je te parlais précédemment, sur la voix, sur les infos et sur les relations avec les pilotes que je dois entretenir en permanence. C’est beaucoup de travail en perspective ».
Photo de titre : David et Valentino
Photo ci-dessus : David et Randy de Puniet
David a écrit le livre « A toute vitesse » avec la préface de Renaud Lavillenie
Photos © Canal +