Quatrième du Championnat du Monde l’an dernier, à 6 points de Maverick Viñales, Álex Rins a remporté 14 Grands Prix, dont 8 en Moto3, 4 en Moto2 et 2 en MotoGP. Pour ses débuts dans la catégorie reine en 2018, il était monté sur le podium en Argentine, aux Pays-Bas, au Japon, en Malaisie et à Valence. Il s’imposait l’année dernière au Texas et au Royaume-Uni.
Vainqueur du CEV en 2011, Álex Rins a disputé un unique GP en Moto3 en 2012. En 2013, avec quatorze podiums dont six succès, il hérite du titre de vice-Champion. 2015 marquait ses grands débuts en Moto2, saison à l’issue de laquelle il terminait deuxième et meilleur rookie.
Alex nous parle ici de sa situation actuelle et de la manière dont il l’appréhende.
Avez-vous imaginé que cette situation deviendrait si importante et affecterait directement votre travail ?
« Ce qui se passe est quelque chose que personne ne pourrait
jamais imaginer. Nous vivons un moment très étrange et très
important de l’histoire, c’est quelque chose qui ne s’oubliera pas
de sitôt. Donc non, je ne pouvais pas imaginer que quelque chose
comme ça puisse arrêter notre travail et notre style de vie.
»
Comment êtes-vous capable de supporter de rester à la maison toute la journée pendant la crise de Covid-19 ?
« Eh bien, la première chose que je fais est de rester
calme, je pense que c’est important pour tout le monde. Je
comprends que ce sont des circonstances exceptionnelles et que nous
devons nous adapter, c’est notre seul choix. J’essaie de garder une
routine pendant ces semaines à la maison; entraînement et exercice,
repos, et passer plus de temps avec ma partenaire et mes chiens.
»
Quelle est la partie la plus importante de votre routine qui vous permet de vous sentir positif pendant le confinement ?
« L’entraînement et l’exercice à la maison sont essentiels
pour moi en tant qu’athlète. Vous devez essayer de reproduire ce
que vous feriez dans des conditions « normales », mais il
y a plusieurs choses que vous ne pouvez pas faire, alors dans ce
cas, vous devez faire preuve d’imagination et trouver de nouvelles
façons de vous entraîner ou de nouveaux équipements à utiliser.
»
Comment cette crise mondiale qui a paralysé le monde, y compris le sport, a-t-elle affecté votre mode de vie ?
« Nous étions prêts à participer à la compétition et au
dernier moment, nous avons appris l’annulation de la course du
Qatar. C’était certainement la bonne décision car peu de temps
après, nous avons commencé à comprendre l’ampleur de la situation.
Il était difficile d’être mentalement et physiquement prêt à
attaquer la saison des courses, puis de se la faire enlever. Mais
en fin de compte, je pense que cela me touche comme n’importe
quelle autre personne, c’est un moment difficile. J’essaie juste de
garder une bonne routine et de rester physiquement aussi préparé
que possible. »
Vous avez passé tout un hiver sans courses, vous avez fait tous les tests, et puis vous avez été obligé d’attendre indéfiniment à cause du coronavirus. Mentalement, comment cela affecte-t-il la tête d’un athlète qui était très bien préparé pour commencer la campagne du championnat ?
« Au début, c’était une grande déception, nous voulions
vraiment commencer, d’autant plus que nous venions d’avoir les
premiers tests après un long hiver, et les tests se sont bien
passés pour nous chez Suzuki. Mais on arrête ces sentiments de
déception et on veut juste faire tout ce qui est en notre pouvoir
pour protéger nos proches et en finir le plus vite possible. Mais
bien sûr, physiquement et mentalement, je reste préparé pour la
course. »
Et qu’est-ce que cela vous a appris sur la vie ?
« Eh bien, vous réalisez soudain que les choses
quotidiennes, que vous ignorez ou ne remarquez pas d’habitude, ont
tellement plus de valeur que ce que vous leur donnez. Des choses
simples comme la famille, les amis, et bien sûr, la santé.
»
Votre stratégie d’entraînement, votre régime alimentaire et vos habitudes ont-ils beaucoup changé ?
« J’ai adapté ma stratégie aux conditions particulières que
nous connaissons, la routine et le régime alimentaire sont
essentiellement les mêmes mais avec quelques adaptations pour tenir
compte des restrictions. »
Quelle est la meilleure façon de maintenir votre forme et votre condition physique pendant ces journées ?
« Je ne sais pas s’il existe vraiment une formule
particulière pour y parvenir, mais ce que je fais, c’est essayer de
maintenir la normalité autant que possible. Il est important de
rester en bonne forme physique et mentale, et d’être toujours prêt
à commencer à courir. »
En l’absence de moto, votre façon préférée de passer le temps est…
« J’ai un petit espace dans ma maison que j’ai créé pour
faire de l’exercice, donc j’y passe beaucoup de temps. J’aime aussi
jouer avec mes chiens, et j’en profite pour essayer de nouvelles
choses pour lesquelles je n’avais pas le temps auparavant.
»
Le Championnat du Monde commencera après un long délai et il y aura beaucoup de courses rapprochées dans la dernière partie de la saison. Comment cela pourrait-il affecter les choses ?
« Eh bien, la vérité est que je ne sais pas, c’est quelque
chose qui n’est jamais arrivé, donc nous apprenons tous à suivre le
mouvement. Différentes options sont envisagées concernant la
répartition des courses du GP. Dorna travaille dur et fait face à
une situation très difficile. Ce sera vraiment difficile d’avoir
autant de courses rapprochées, mais je suis sûr que lorsque nous
pourrons redémarrer, il y aura un très beau championnat et que les
fans auront de l’action ! »
Comment les gens autour de vous font-ils face au manque d’activité de course ?
« Je pense que tout le monde s’en sort bien. C’est une
situation extraordinaire à laquelle il faut s’adapter, mais c’est
une adaptation que tout le monde doit faire ; pas seulement un
pilote comme moi, mais chaque citoyen. »
Pensez-vous que ce retard dans le début et la fin du Championnat du Monde vous affectera positivement ou négativement ?
« L’équipe et moi étions vraiment prêts à commencer la saison, nous étions en bonne forme et prêts à attaquer. Maintenant, nous devons maintenir ce niveau afin d’être prêts à courir lorsque la saison commencera. Je suis prêt pour le championnat, quel que soit le format qu’il prenne. »
Source et photos : Suzuki