Ce dimanche 20 mars 2022, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis le Circuit de Mandalika sur l’île de Lombok, au terme du Grand Prix d’Indonésie 2022.
Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français qui a démontré aujourd’hui une véritable maîtrise sur le mouillé.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Fabio Quartararo sans la moindre mise en forme, même si cela est partiellement traduit (vouvoiement en anglais, tutoiement en français).
Fabio, dans des conditions où vous n’étiez pas le plus
compétitif par le passé, vous avez brillé aujourd’hui…
Fabio Quartararo : « Oui, pour être honnête ce
résultat est vraiment très bon car quand vous vous êtes attendu
tout le week-end à une course sur le sec et avoir eu globalement un
rythme fantastique, vous vous sentez très bien. Et les 20 tours
étaient un peu mieux pour nous car quand vous avez une dégradation
du pneu, Je ressens que nous manquons un peu d’accélération, donc
sept tours de moins c’était mieux pour nous car nous avons pu
attaquer dès le début jusqu’à la fin. Mon rythme sur le sec été
très solide mais j’ai trouvé quelque chose sur le mouillé. Sur
chaque circuit, je demande toujours plus d’adhérence à l’arrière,
et ici l’adhérence était fantastique. Cela m’a pris du temps pour
réaliser qu’on pouvait aller aussi vite sur le mouillé et à la fin,
quand j’ai vu que j’étais P5, j’ai senti que je pouvais faire un
peu mieux que ce résultat. Je suis donc très heureux d’être à cette
position. »
Hier, votre pole position était en 1’31.0. Aujourd’hui,
vous avez fait 1’38.8 sur une piste complètement mouillée. Comment
avez-vous fait ?
« Oui, c’était rapide car, déjà,
quand vous êtes autour de 10 secondes de votre meilleur temps sur
le sec, ça commence à être vraiment rapide. Je pense que moins de
huit secondes, c’est quelque chose de vraiment particulier et on
peut seulement faire ça avec le nouveau tarmac au Sachsenring. Mais
oui, l’adhérence était fantastique et j’espère que tous les
circuits où nous nous rendrons cette année auront ce genre
d’adhérence (Sourire). »
Quand vous avez rétrogradé à la cinquième place, cela a
dû rendre les choses compliquées pour pouvoir revenir vous battre
pour le podium…
« Oui, je ne voyais rien et j’ai
commis deux erreurs, deux erreurs stupides, en passant sur les
vibreurs dans le dernier virage: j’ai patiné et je n’avais pas de
motricité. C’est la chose qui me manque un peu car au départ je
n’étais pas si mal, mais comme je l’ai dit avant, cela m’a pris du
temps pour réaliser à quel point on pouvait aller vite sur le
mouillé. Dans le dernier tour, j’ai attaqué à certains endroits et
je ne me serais jamais attendu à toucher le coude sur le mouillé.
J’ai trouvé quelque chose de particulier sur cette piste et
j’espère que je pourrai le refaire sur d’autres circuits.
»
Fabio, Jack Miller a eu des mots durs à votre
égard…
« Je m’en moque car il est celui qui a déjà
fait des dépassements agressifs dans le passé. Et je pense que mon
dépassement n’était vraiment pas agressif. Simplement, je ne
m’attendais pas à le toucher, mais le contact n’a pas été quelque
chose de gros. C’était vraiment un petit contact et je ne sais pas
s’il a vu à la télé, mais avant de parler je pense serai mieux de
le regarder car je n’ai rien fait de mal. »
Lui avez-vous déjà parlé ?
« Non. Il
m’a parlé sur la moto mais je ne pouvais rien entendre. J’ai vu
qu’il n’était pas content, mais je n’ai pas fait de mouvement
particulier, comme si je lui rentrais dedans. Il m’a simplement
dépassé au virage 1 puis j’ai vu qu’il élargissait et j’ai
simplement croisé la trajectoire. J’aimerais donc à voir aussi les
commentaires des autres pilotes pour voir s’il s’agissait d’une
manœuvre non respectueuse ou pas. Mais de mon côté, si je fais une
mauvaise manœuvre, je dis » désolé « . Mais pour
celle-là, Je n’ai rien à dire. »
À quel point êtes-vous heureux de prouver aujourd’hui, à
ceux qui disaient que vous n’étiez pas rapide sur le mouillé, que
c’est faux ?
« Pour être honnête, cela fait
longtemps que je n’avais pas eu ce feeling avec la moto. En 2019,
on n’a pas eu de course sur le mouillé mais j’étais toujours dans
le top 10 à chaque séance qu’on a faites. En 2020 et 2021, j’étais
toujours en dehors du top 10 et je ne pouvais pas faire de très
bonnes courses. Au Mans l’année dernière, j’ai fait un podium, mais
globalement c’était parce que j’avais créé un écart avec les autres
de plus de 10 secondes en slicks quand il pleuvait. C’est pourquoi
j’ai fait un podium. Mais ici, c’était complètement mouillé et
j’avais de l’adhérence à l’arrière. C’est la chose que je demande à
Yamaha pour ces conditions, et c’est ce que nous avons fait.
»
Comment vous êtes-vous motivé pour remonter de la
cinquième à la deuxième place ?
« Vous savez, dans
chaque situation, j’essaie de voir le mieux que je peux obtenir, et
quand j’étais cinquième, pour être honnête je n’ai jamais été aussi
rapide sur le mouillé et cela m’a pris du temps pour réaliser que
je pilotais aussi vite. J’étais cinquième et j’ai vu que j’avais
une petite marge, et parfois, quand vous êtes habitué à être
beaucoup plus loin au classement, vous pouvez vous dire que c’est
un bon résultat, mais j’ai vu que je pouvais faire un peu mieux. Je
me sentais vraiment bien au freinage. J’ai fait de bons
dépassements, disons pas mauvais, et je n’ai pas perdu trop de
temps: quand je suis arrivé sur Johann et Jack, j’ai essayé de
faire le plus vite possible car je savais que la visibilité était
très mauvaise. Et je pense que j’ai réussi à faire ce que je
souhaitais. »
L’année dernière, pour la deuxième course de l’année, au
Qatar, vous avez partagé le podium avec Johann Zarco. Cette année,
pour la deuxième course de l’année, vous partagez le podium avec
Johann Zarco. Est-ce un bon signe pour la suite ?
«
J’espère ! J’espère que ce sera une très bonne saison pour nous
deux, car c’était super d’avoir deux Français l’année dernière
durant la première moitié de la saison. Et deux français sur deux,
car en championnat du monde MotoGP, nous n’avons pas d’équipe
nationale, donc c’était super d’avoir deux Français aux deux
premières positions. J’espère donc que vous avez raison. »
La pluie a-t-elle évité une situation difficile sur le
sec, et que faudrait améliorer sur le circuit pour l’année
prochaine ?
« Selon moi, le tarmac n’était pas
mauvais. Je ne sais pas si Johann pense comme moi mais je trouve
que dans le dernier virage il y avait cinq ou six endroits où le
tarmac se désagrégeait vraiment. Mais à part ça, je pense que le
tarmac n’étais pas trop mauvais. Je pense qu’à part le dernier
virage, tout était plutôt OK. En FP1 et en FP2, j’ai reçu quelques
petits graviers, mais samedi et ce matin ça allait bien, donc je
pense que les conditions ne sont pas trop mauvaises, mais c’est
vrai que si c’est comme ça ils vont devoir refaire l’asphalte
chaque année. C’est le plus gros problème. »
Que pouvez-vous améliorer pour la prochaine course
?
« La vitesse de pointe (rires) ! Non, vous
savez, selon moi, nous devons améliorer quelque chose : quand nous
avons une dégradation du pneu, nous devons alors contrôler à
l’accélération, comme dans le dernier virage au Qatar. Nous perdons
alors à l’accélération dans la ligne droite, donc il faut essayer
de travailler sur l’adhérence arrière. Et essayer d’avoir le moins
de dégradation du pneu arrière serait quelque chose de vraiment
bien. Quant à l’Argentine, ce ne sera pas un circuit facile pour
nous, donc il faut se concentrer là-dessus et essayer de voir où
nous pouvons progresser. »
Vous avez toujours été rapide sur ce circuit. Quel est
votre secret et comment trouvez vous ce circuit ?
«
Je pense que c’est un circuit rapide avec de gros freinages,
mais avant tout le secteur quatre est un secteur où je suis
vraiment rapide. Et je ne m’attendais pas à cela car nous sommes
très forts au freinage en ligne droite, mais sur l’angle,
normalement, nous ne sommes jamais très bien. Mais sur le sec, et
avant tout sur le mouillé, je me sentais vraiment très bien dans
les virages 15 et 16. Je pense que c’est un circuit qui correspond
très bien à mon style de pilotage. Rien de plus, mais j’ai pris du
plaisir. »
Pensez-vous que ce podium est représentatif de la saison
à venir ?
« J’espère que les trois pilotes qui sont ici seront tout le
temps sur le podium (sourire) mais on ne sait jamais. Pour être
honnête, je donne toujours le meilleur de moi et j’essaie d’être
toujours à cette conférence de presse, il y a 24 garçons qui
veulent la même chose que moi, donc nous savons que le niveau est
toujours de plus en plus élevé et je pense qu’il sera encore plus
difficile d’être sur cette chaise. »
Avez-vous été surpris de voir la course réduite,
auriez-vous préféré faire les 27 tours ?
« Wahou, 20 c’était assez (rires) ! Pour être honnête, je pense
que c’était à cause de quelque chose de différent, car ils ont dit
que c’était à cause du tarmac qui se désagrégeait, mais ce n’était
pas critique. Je ne pense pas que cinq ou six tours de plus en
Moto2 et sept tours de plus en MotoGP auraient changé quelque
chose. Nous avons fait tout le vendredi et tout le samedi, mais
c’était très bien, car cette course allait être longue. »
Vous dîtes que Yamaha vous a procuré l’adhérence arrière
dont vous avez besoin sur le mouillé. Pensez-vous que Yamaha peut
vous apporter d’autres améliorations, en dehors du moteur
?
« Cela est un peu de la chance car quand il
pleut sur certains circuits, le tarmac a pas d’adhérence, et ici il
y a de l’adhérence. Depuis Austin 2021, nous utilisons des réglages
différents sur la moto, totalement différents, et c’était déjà
mieux, mais maintenant, nous avons changé de toutes petites choses
sur la moto, et ça plus l’adhérence du revêtement ça aide beaucoup.
Nous savons que les petites choses que nous avons faites
aujourd’hui, si nous en faisons plus, cela peut peut-être aider à
avoir plus d’adhérence à l’arrière. »
Comment avez-vous passé le temps à attendre dans le box
?
« Nous avons blagué, j’ai regardé une course de Supercross,
j’ai appelé mon frère, j’ai appelé ma mère, j’ai appelé mon père.
J’ai perdu ma carte SIM donc j’ai appelé la société pour en
réserver une autre. Il y a donc eu plein de temps et plein de
blagues à faire avec l’équipe, mais quand j’ai appris que la pit
lane ouvrait à 4 heures, il était 3h52 et j’étais en claquettes,
donc j’ai dû me bouger rapidement (sourires). Ce n’était pas
habituel d’attendre aussi longtemps avant de courir. »
Pensez-vous que les choses seront davantage normales
quand le championnat arrivera en Europe ?
« Je
pense que le championnat davantage normal quand nous partons à
l’extérieur. C’est un championnat du monde donc nous devons aller
partout. Pour être honnête, c’était long de venir ici avec le vol
et tout le reste, mais c’est un championnat du monde et c’est bien
de voir les fans et d’entendre à chaque fois moins les choses
relatives à la Covid, car cela a finalement été assez long. Bien
sûr, nous devons rester très prudents, mais c’est bien d’être ici.
Concernant le résultat, puisque je pense que c’est de cela dont
vous voulez parler, je pense que tout est normal. Simplement, il y
a eu une course sur le sec et une course sur le mouillé sur deux
circuits différents, et je pense que tout le monde est très
compétitif. Ce sera donc une année amusante. »
Résultats du Grand Prix d’Indonésie MotoGP sur le circuit de Mandalika :
Crédit classement : MotoGP.com