Le MotoGP est sur le point d’entamer la deuxième manche de la saison 2022. Après le GP du Qatar remporté il y a deux semaines par Enea Bastianini sur la Ducati GP21 alignée par l’équipe Gresini Racing, le paddock se rend pour la première fois dans le cadre d’un weekend de course sur le nouveau tracé de Mandalika, en Indonésie.
Une première victoire qui aurait très bien échoir à Pol Espargaró, auteur d’un départ fantastique et qui a mené pendant la majeure partie de la course, imprimant un rythme d’enfer avant de voir son pneu arrière soft se désagréger dans les dernières encablures. Mais avec un podium en ouverture du championnat, nul doute que le pilote espagnol visera la victoire ce weekend, d’autant plus sur un tracé où il a signé la référence chronométrique le mois dernier, lors de l’ultime séance des essais hivernaux. Le pilote Honda a livré ses impressions à l’approche du GP d’Indonésie, et nous vous retranscrivons ici l’intégralité de ses propos.
Pol, vous avez réalisé une
superbe course il y a deux semaines au Qatar. Le podium que vous
avez décroché à Losail ainsi que votre très bonne tenue lors des
essais hivernaux doivent vous gonfler de confiance à l’approche de
cette deuxième manche de la saison…
« Je suis
vraiment très content de la façon dont s’est déroulée la présaison,
même s’il est toujours difficile à ce moment-là de se faire une
idée précise de la hiérarchie. Lorsque vous vous retrouvez sur la
première course de la saison, vous êtes toujours un peu à cran car
il se passe beaucoup de choses, et il faut reprendre le rythme. Je
dois avouer que j’étais alors assez nerveux. Mais quand vous vous
fixez un objectif élevé lors de la présaison, vous ne pouvez pas
par la suite vous défiler. Vous voulez faire le maximum et pour ma
part au Qatar j’ai réussi à prendre un très bon départ et j’ai pu
dès lors imprimer un très bon rythme avec de très bons chronos. Je
dois dire aussi que la course a été très rapide, bien plus que l’an
passé. Cela démontre le niveau de performance atteint par notre
moto et cela souligne tout le travail que Honda a abattu durant la
présaison. Grâce à cela j’ai réussi à me battre pour la victoire
jusque dans les derniers tours. Malheureusement j’ai voulu mettre
le turbo pour reprendre Enea Bastianini lorsqu’il m’a doublé [pour
prendre la tête de course] mais je n’ai pas pu ralentir par la
suite. J’ai néanmoins pris beaucoup de plaisir lors de cette
épreuve, c’était une très bonne façon de débuter l’année.
»
Vous avez été le pilote le
plus rapide lors des essais qui se sont déroulés ici cet hiver.
Est-ce que cela est de nature à vous mettre une pression
supplémentaire dans la quête de votre première victoire en MotoGP
?
« J’ai pris beaucoup de plaisir à rouler ici le
mois dernier, même si les fortes chaleurs n’ont pas rendu la partie
facile. Mais je n’ai pas été le seul pilote à être rapide, Enea l’a
été également, au même titre que Marc Márquez ou bien encore Fabio
Quartararo. Les Ducati avaient quant à elles été un peu en-dedans,
en tout cas en ce qui concerne les machines officielles, mais je
suis sûr qu’elles vont avoir résolu les problèmes qui les ont
affectées lors de la manche au Qatar. Je m’attends à une course
serrée. Je pense que tout le monde va être dans le coup, et
j’espère que nous aussi. »
L’accueil ici en Indonésie a
été pour le moins exceptionnel…
« Oui, c’est
clair. On a pu se sentir un peu comme des rockstars. C’est
incroyable de se rendre dans ce type d’endroits où vous pouvez
montrer aux gens ce que vous aimez faire, à savoir de la moto.
C’est incroyable, et c’est quelque chose d’assez difficile à
expliquer. On a roulé dans Jakarta avec toutes ces personnes qui
nous entouraient. Énormément de personnes nous ont suivi sur leurs
propres motos. Le Président lui-même est un grand fan de motos, et
il a roulé avec sa propre machine. Cela m’a un peu rappelé
l’Espagne de mon enfance, lorsque j’allais sur les courses avec mon
père pour aller voir Alex Crivillé. On dormait sur le circuit même,
c’était incroyable. »
Le rythme que vous avez
réussi à imposer au Qatar a été très élevé. Mais si on se souvient
de la combinaison de pneus [la gomme soft à l’avant et à l’arrière]
que vous aviez choisie, peut-on dire que c’était tout de même un
peu du suicide ?
« Il est clair que la course a
été très rapide. Nous avons comparé avec le rythme de l’an dernier,
et il s’avère que j’ai été plus rapide d’une vingtaine de secondes
cette année. Très honnêtement je ne m’attendais pas du tout à ce
que la course se déroule de cette manière. Je ne pensais pas
pouvoir m’échapper comme je l’ai fait. Je m’attendais plus à une
course où les pilotes se doublent deux ou trois fois par tour. Mais
au final je me suis retrouvé tout seul en tête en train d’attaquer
comme un damné à chaque tour. Nous ne nous attendions pas à ce type
de course, et nous ne nous attendions pas à ce rythme-là. Nous ne
nous attendions pas non plus à ce que le pneu arrière parte aussi
vite en lambeaux. Mais vous savez, nous avons fait ce choix-là car
c’était la première course de la saison. Beaucoup de choses
pouvaient mal se passer. Nous aurions pu par exemple opter pour le
pneu medium à l’avant comme l’a fait Brad Binder. Il est possible
que cela aurait été un peu mieux, mais je ne voulais clairement pas
prendre de risques. Je savais qu’avec les pneus soft j’étais très
rapide, donc en quelque sorte c’était un choix plutôt sûr. Il est
vrai que si je n’avais pas tiré tout droit au premier virage en
tentant de répliquer à Enea j’aurais sans doute fini deuxième, mais
c’était la première course de la saison… »
Vous avez été le pilote le
plus rapide lors des essais le mois dernier. Une bonne partie de
l’asphalte est toute nouvelle depuis février. Pensez-vous donc que
tout le travail que vous avez réalisé lors des tests va tout de
même être utile ou bien allez-vous devoir repartir de zéro ici
?
« Nous avons acquis beaucoup de connaissances
sur ce circuit, et nous allons pouvoir appliquer ce que nous avons
appris dans des domaines tels que la boite de vitesses,
l’électronique. Après, il est certain que nous allons partir de
zéro en ce qui concerne l’allocation de pneus, car les carcasses et
les gommes sont différentes, sans compter qu’effectivement la piste
a été resurfacée en bien des endroits. Ce que nous avons fait lors
des essais n’en demeure pas moins très utile, car cela nous a au
moins permis de découvrir la piste. Après, il est clair que je ne
sais pas trop à quoi m’attendre, car il y a beaucoup de pilotes qui
peuvent prétendre à la victoire. J’espère donc que nous allons
pouvoir nous adapter aux nouvelles conditions de piste d’aussi
bonne manière que nous sommes parvenus à le faire lors des essais
hivernaux. »
Cela fait maintenant neuf
années que vous êtes en MotoGP. Vous est-il déjà arrivé durant
cette période de perdre confiance ?
« Il est
clair qu’il faut croire en soi quand comme moi vous avez passé neuf
années en MotoGP sans pour autant avoir réussi à décrocher de gros
résultats. Il faut avoir confiance en ses capacités, mais si cela
fait autant de temps que je suis là, cela signifie que les équipes
ont foi en moi. Je pense néanmoins que cette année est la première
où je dispose d’un package qui me permette de me battre pour la
victoire. Quand je suis arrivé en MotoGP il était vraiment
difficile de se battre aux avant-postes avec une moto satellite,
mais fort heureusement cela a beaucoup changé, mais à ce moment-là
j’étais passé chez KTM et mon objectif était alors de développer la
moto. Mais à présent je me sens prêt à me battre pour quelque chose
d’autre. Je me sens prêt pour hausser mon niveau de jeu. Honda a
été plus rapide que jamais au Qatar, et par conséquent je suis
désormais prêt à aller chercher les résultats auxquels j’aurais
aimé prétendre lors de mon arrivée en MotoGP. »