Depuis deux ans, c’est la même histoire : lors des essais hivernaux, la Honda se montre rétive voire brutale aux yeux de ses pilotes officiels, puis, au fil des Grands Prix, elle progresse notablement pour se retrouver aux avant-postes en cours de saison.
Cette année particulièrement, on a assisté au même scénario, cela, même si la RC213V a moins profité du changement de pneu avant à partir du Mugello que la Ducati.
Tiens, parlons-en de la Ducati qui, de l’avis même des intéressés, profite toujours de son avance acquise dans l’exploitation du logiciel unique Magneti Marelli.
Pour contrer cela, Honda s’est adjoint depuis le début de l’année les services de l’ingénieur Filippo Tosi, dont le parcours en fait un des plus grands spécialistes de l’électronique MotoGP.
Comme on peut le constater, avant d’arriver au HRC, l’homme a passé sept ans chez Ducati puis deux ans chez Magneti Marelli, la plupart du temps à travailler sur l’électronique MotoGP.
De fait, bien que discrète, son arrivée au HRC en janvier 2017 représente un sérieux joker pour la firme de Tokyo, que Manuel Pecino, dans les colonnes de la version papier de Motosprint, n’hésite pas à décrire comme un facteur au moins aussi décisif du succès de Marc Márquez que le talent de celui-ci.
Ce secret révélé, car personne n’en avait parlé avant lui, représente une brèche dans la philosophie de Honda résumé par la maxime «Toutes les réponses et solutions doivent être trouvées chez nous, par nos ingénieurs». Ce n’est d’ailleurs pas la première opération de ce genre, puisque Honda débauchait, fin 2009, André Zugna (Manager of Engineering Division de Yamaha Motor Racing) et Christian Battaglia (Ingénieur de Yamaha Motor Racing, à l’époque plus particulièrement attaché à Jorge Lorenzo), soit deux têtes pensantes de l’électronique de la M1.
Depuis un an, Filippo Tosi joue donc le rôle « d’accélérateur » pour faire comprendre au personnel du HRC toutes les subtilités du logiciel italien, et elles ne sont pas peu nombreuses à en juger par les Ducati qui se permettent toujours aujourd’hui de passer leur énorme puissance au sol en usant généralement moins leur pneu arrière que la concurrence…
Ces subtilités, les ingénieurs Honda, tout comme ceux de Yamaha et des autres marques, les auraient tôt ou tard trouvées, mais ce « petit coup de pouce » semble avoir largement contribué au spectaculaire redressement de Marc Márquez en cours de saison, et plus particulièrement à partir de Barcelone.
De ce que l’on a vu aux derniers essais MotoGP à Valence puis à
Jerez, la Honda 2018 semble déjà très aboutie, tout comme les
Ducati.
Ailleurs, on cherche toujours à tirer la quintessence de cette
électronique unique…
