Cette intersaison l’a encore démontré, Honda n’arrive pas à sortir de l’ornière technique dans laquelle la vivacité d’esprit et l’ambition de Ducati, entre autres, l’ont poussé. Une impuissance qui n’est pas une question de moyens, mais de temps et de possibiltés pour tester. Au règlement, il existe pourtant une opportunité que sont les points de concessions. Une aubaine seulement accordée au nouveau constructeur arrivant en MotoGP. KTM et Aprilia en ont bénéficié pour atteindre leur bon niveau actuel. Honda, premier constructeur mondial au palmarès impressionnant du temps de la splendeur de Marc Marquez, peut-il être réglementairement considéré comme un constructeur débutant, aux moyens limités ? A priori non et le sujet a été longtemps considéré comme politiquement incorrect par Marc Marquez et au HRC. Mais voilà que l’on en reparle dans le clan des RC213V…
Les points de concession du règlement sont un dispositif mis en place en 2016 et au départ destiné à aider un constructeur à lancer son programme MotoGP. Ducati, Suzuki, KTM en ont profité comme Aprilia qui a été le dernier constructeur à devoir les abandonner depuis que son palmarès a commencé à prendre forme. Car on perd logiquement les avantages lorsque l’on commence à monter sur le podium et à gagner.
Mais lorsque l’on ne gagne plus, peut-on revenir en arrière ? A priori non. Pourtant, en ce qui concerne Honda, le sujet a été lancé il y a deux saisons. Alors officiel Repsol Pol Espargaró, qui a profité de ces aménagements durant sa période KTM avait commenté à l’époque : « en ce moment je n’aurais pas honte de pouvoir bénéficier des concessions, en effet ce serait utile. Il est vrai que Honda représente une maison considérée comme l’élite du sport moto, qui investit beaucoup d’argent dans le projet MotoGP, mais nous devons grandir et nous améliorer » dit l’Espagnol qui avait ajouté : « j’ai commencé la saison avec seulement cinq jours d’essais, ce qui n’est rien et la moto n’est pas au niveau. Pour 2022, les jours autorisés sur la piste seront toujours les mêmes et cela pourrait à nouveau nous pénaliser. Comme mentionné, si nous avons les concessions, nous sommes les bienvenus, il n’y a pas de honte ».
Lucio Cecchinello : « Honda est limité par la réglementation actuelle en termes de développement«
Pour lui non, mais pour Marc Marquez, c’était une autre histoire. « J’espère qu’on ne les aura pas, ça voudrait dire avoir fait des podiums et peut-être des victoires d’ici la fin de l’année », explique-t- il. « Un avantage pour l’avenir serait bien, mais je ne pense pas que nous les aurons ». Nous voilà en 2023, au lendemain d’une campagne 2022 justement sans le moindre succès pour une usine Honda qui a fini dernière au classement des constructeurs. Et ce qui se profile pour ce millésime ne pousse guère à l’enthousiasme pour ceux qui ont des RC213V dans leur box.
C’est le cas de Lucio Cecchinello patron de l’équipe satellite LCR qui relance indirectement le débat sur Speedweek en faisant ce froid constat : « notre plus gros problème reste le manque de traction. Malheureusement, bien sûr, cela inclut l’accélération. C’est la zone sur laquelle nous avons travaillé lors du test de Sepang. Mais nous sommes une équipe, pas un concepteur de motos. Nous ne pouvons utiliser que ce qui est mis à notre disposition ».
A partir de là, il lâche : « Honda est limité par la réglementation actuelle en termes de développement car il y a de moins en moins de tests MotoGP officiels. Si vous n’avez pas de « concessions » et qu’aucune mise à jour n’est autorisée pendant la saison, le rattrapage et le développement deviennent plus difficiles, cela se produit plus lentement ». Puis il termine : « mais jusqu’à un certain point, je suis d’accord avec ces réglementations, car sinon les coûts exploseraient ».
La solution serait donc bel et bien de classer Honda éligible aux points de concession… Ce qui voudrait dire plus de moteurs en dotation, que l’on peut développer et surtout la possibilité de faire des journées d’essai privées avec les pilotes titulaires. Les constructeurs concessionnaires ont également le droit d’aligner six wildcards au cours d’une saison, tandis que les autres ne peuvent en aligner que trois. Mais l’honneur en prendrait certainement un coup. Cela dit, au point où il en est en 2023…