C’était techniquement attendu : l’aventure KTM, pour Tech3, allait d’abord demander un temps d’adaptation et un travail de développement sur la RC16 avant de porter ses fruits sur la piste et face au chrono. Une situation qui évolue somme toute assez rapidement comme l’a démontré la très encourageante prestation d’un Miguel Oliveira en Argentine. Cela étant dit, pour relever un tel défi, il faut être entièrement concentré sur son sujet, dévoué à la cause, et donc être solide dans sa tête. Sinon, on sombre et le classement est révélateur du marasme. Une situation qui est celle d’Hafizh Syahrin.
Par les temps qui courent, avoir un Malaisien dans son écurie n’est pas une mauvaise chose. L’avenir des Grands Prix semble se tourner vers une Asie du Sud Est qui investit énormément dans la discipline MotoGP en préparant ses futurs pilotes, en se lançant dans des projets pharaoniques pour accueillir un Grand Prix, en investissant dans des écuries. Un bon calcul donc, mais un pilote reste un pilote : il doit faire ses preuves sur la piste.
L’an passé, Hervé Poncharal réagissait à la défection de dernière minute de Jonas Folger en prenant tout le monde de court avec l’annonce du recrutement d’Hafizh Syharin. Un choix qui s’est révélé pourtant fondé puisque le Malaisien, avec la Yamaha, est entré à trois reprises dans le top 10. Avec, notamment, une belle remontée dans son épreuve nationale sur le tracé de Sepang.
Mais celui qui était équipé d’une Yamaha a aussi montré des passages à vide. Des périodes qui semblent plus douloureuses cette année avec une KTM moins docile qu’une Yamaha. Sur cette situation, le patron Hervé Poncharal commente sur Speedweek la première journée en Argentine : « c’est très étrange, ce qui se passe avec lui. Mais nous l’avons déjà vu en 2018. Il a terminé neuvième l’année dernière ici à Las Termas lors de sa deuxième course MotoGP… L’été, il est tombé dans une phase plus basse. Nous savons que ce gars a beaucoup de potentiel. Mais lors de la FP1 à Las Termas, c’était une catastrophe. Hafizh a perdu plus de 2,5 secondes… ».
« Je me suis vraiment énervé. Après trois tours de piste dans la FP2, il était soudain deux secondes complètes plus rapides. Nous n’avions rien changé sur la moto. Quelque chose ne va pas avec lui, concernant le mental. Pour le moment, il n’est pas en mesure de pousser pour des raisons que je ne peux pas expliquer et pour lesquelles il n’a également aucune explication. Mais nous sommes derrière lui et espérons ».
Et l’espérance a été récompensée, le dimanche avec la confirmation d’une sorte de déclic survenu vendredi chez le pilote malais qui donnait pour la première fois l’impression de se battre et terminait la course à une bien meilleure 16e position.
« Hafizh Syahrin était un peu perdu au Qatar. Mais la façon dont il s’est rétabli ici en Argentine après la FP1 a été étonnante. Il s’est battu tout au long de la course avec Johann Zarco, il n’a jamais laissé passer quelqu’un entre eux deux. Il a attaqué depuis le début de la course jusqu’à la ligne d’arrivée. A un moment donné, il y a eu une erreur dans l’affichage du résultat de la course et il était 15ème, ce qui aurait été incroyablement gratifiant pour son effort, mais de toute façon le top 16 est une bonne chose. Il s’est battu avec d’autres pilotes, il a dépassé des coureurs comme Mir, Rabat, Abraham, Iannone et c’est quelque chose dont nous sommes très fiers. Nous savions qu’il avait un grand potentiel, mais nous voulions qu’il le montre avec une KTM, ce qu’il a fait aujourd’hui. Alors, encore une fois, bravo et merci beaucoup Hafizh ! ».
A Termas, El Pescao n’a pas fini dernier, grâce à un
Iannone apparemment pas très forme sur une
Aprilia…
Mais le numéro 55 devra confirmer à Austin !