En cette année 2020, le team Tech3 fête ses 30 ans de compétition en Championnat du Monde. Pour le moment sans tambour ni trompette pour les raisons que l’on sait et le coronavirus a classé le fait de souffler des bougies sur un gâteau avec des amis parmi les vestiges d’un monde perdu… Mais les souvenirs restent et l’expérience s’est aussi forgée en surmontant des drames. Le patron Hervé Poncharal se souvient plus particulièrement d’un…
Hervé Poncharal est à la tête d’un team Tech3 qui a franchi les échelons jusqu’au Championnat du Monde. Un paddock qu’il occupe depuis 30 ans, un cap passé en cette année 2020 si particulière. Le Français a connu des joies et des peines, et concernant ces dernières, il en est une qui reste gravée dans son esprit…
« En 1993, nous avions quelques équipes privées japonaises, qui utilisaient notre atelier et nos bureaux pendant la saison européenne et l’une d’entre elles était celle de Nobuyuki Wakai. C’était un pilote de 125cc et il était presque comme mon frère. Pendant de nombreuses années, il était là, nous nous entraînions ensemble, nous faisions de la moto ensemble, je m’occupais de lui et j’étais très proche de lui. En 1993, il est passé à la 250cc avec Suzuki. Il n’était pas un pilote d’usine, mais il était basé chez Tech3 et utilisait notre atelier. Bien qu’il ne soit pas un pilote officiel, il utilisait une Suzuki comme nous l’utilisions avec John Kocinski. »
« L’un des moments les plus difficiles de ma vie professionnelle »
« Juste devant nous, en sortant du box dans la pitlane pour rejoindre la piste, il a percuté un spectateur qui traversait la pitlane, s’est cogné la tête sur le mur et il est mort. Les gros accidents ou les mauvaises choses comme ça sont toujours très difficiles à gérer et à accepter, mais c’est particulièrement dur quand cela arrive à quelqu’un, qui est si proche de vous, qui est si jeune et si gentil. Nous partagions une relation très forte et c’était tellement stupide, parce que d’une certaine manière c’était un accident de course, mais en même temps c’était seulement dans les stands à 60 ou 70 km/h, je ne sais pas. C’est incroyablement mauvais et je me souviendrai toujours de ce moment, mais pas pour le meilleur. »
« Ce type avait de grandes choses à faire devant lui. Bien sûr, nous avons accueilli les parents qui venaient du Japon, vous pouvez imaginer toutes ces choses. C’était certainement l’un des moments les plus difficiles. Toujours, quand vous aidez quelqu’un à faire une course et que ce genre de chose si triste arrive, vous vous sentez en partie responsable, parce que vous l’avez aidé à faire ce qu’il voulait faire et ce qu’il aimait faire et aussi jusqu’à cette fin tragique. Bien que ses parents m’aient dit de rester positif, ils m’ont dit « Il a quitté ce monde, en faisant ce qu’il aimait le plus ». C’est ce dont je veux me souvenir, mais ce fut l’un des moments les plus difficiles de ma vie professionnelle. »
Cette saison , le team Tech3 attaquera sa deuxième année comme team satellite KTM avec Miguel Oliveira confirmé après ses débuts en 2019 et le rookie Iker Lecuona.