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Suite à la présentation des couleurs 2021 des deux équipes KTM, c’est à une conférence de presse exceptionnelle que nous avons assisté ce vendredi 12 février.

Exceptionnelle de part le contexte qui prévaut en ce moment et, conséquence du premier point, exceptionnelle de par sa longueur très inhabituelle : Hervé Poncharal s’est en effet exprimé pendant quasiment une heure et demie pour satisfaire la curiosité sans fin des 25 journalistes inscrits à cette visioconférence.

Comme à notre habitude, nous mettrons à votre disposition le texte intégral de ce premier chapitre conséquent de la saison 2021, sans la moindre mise en forme, en plusieurs parties, même si cela va être très, très long…

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Cette année, Suzuki a décidé de ne pas réellement remplacer Davide Brivio mais d’utiliser un comité de sept personnes de l’équipe pour faire son travail. Pensez que ce soit la bonne solution pour diriger un team en MotoGP ?

« Vous savez, quand j’ai appris que Davide allait partir, j’ai pensé que c’était une mauvaise nouvelle pour Suzuki car Davide a été incroyablement important et la pièce vitale pour le retour de Suzuki dans la catégorie MotoGP. J’ai été heureux pour lui car c’est ce qu’il recherchait mais d’un autre côté j’ai été désolé pour Suzuki. Mais je dois dire que quand vous savez comment Suzuki travaille, quand vous savez comment leur team MotoGP est organisé, l’organisation européenne et l’organisation japonaise, quand j’ai vu quelques noms apparaître dans les médias, j’ai été dubitatif : avant de prendre une décision si importante, car sa position était une position clé, il va falloir y penser à deux fois. C’est seulement mon opinion mais je pense que Sahara-san a bien fait et a pris la bonne décision, car avec Roberto Brivio qui est le frère de Davide et qui est vraiment en charge de l’organisation européenne et de la logistique, plus le côté japonais qui est très proche de l’Europe, ils travaillent comme (une famille). Pour moi, ce type d’usine est celui qui a l’ambiance et l’organisation les plus proches d’un team indépendant. Ils sont très proches de ce que j’aime : c’est un team familial. Je pense qu’ils ont pris la bonne décision car, pour le moment, les pilotes ont leur contrat, les sponsors sont là, l’organisation est prête et les motos sont développées au Japon. Il n’y a donc pas de besoin de prendre une décision rapide sous la pression qu’ils pourraient regretter ensuite. Je pense donc qu’ils peuvent commencer le championnat avec cette organisation, puis durant les premiers mois commencer à parler et à rencontrer des personnes pour décider. Je pense que c’est très sage. »

Les journalistes de presse écrite et Internet (interdits dans le paddock depuis la Covid-19) vous manquent-ils ?

« Ils me manquent beaucoup ! Ils me manquent tous, et c’est vrai. Je ne suis pas un politicien, je n’ai pas besoin de vous dire des choses pour vous rendre heureux car je n’ai rien besoin de vous, mais je vous le dis : vous me manquez tous ! C’est ma nature : j’aime rencontrer les personnes, j’aime partager avec des personnes, j’aime m’asseoir face à des personnes et leur parler. C’est quelque chose que nous avons tous connu, que nous aimons, dont nous avons besoin et qui nous manque. Qu’est-ce que je peux vous dire d’autre ? Je pense tous les teams essaient de faire ce qu’ils peuvent, de garder le contact avec vous et de vous procurer le maximum de choses pour continuer à faire votre travail. Mais rien ne remplace le fait d’être là, avec le bruit et les odeurs du paddock. Je le sais. J’ai dit à Carmelo (Ezpeleta) exactement ce que je viens de vous dire et il est à 100 % de mon côté. Il n’est plus un jeune premier, tout comme moi, et nous avons été habitués à avoir seulement la presse écrite quand nous avons débuté, car il n’y avait pas de télévision, de réseaux sociaux. Il n’y avait rien de tout ça et la façon d’informer le monde, c’était vous, la presse écrite, la presse originelle. J’écris bien davantage que je ne contrôle mon téléphone, donc oui, vous nous manquez ! Quelques personnes sont amères, quelques personnes aiment être considérées comme des victimes, et quelques personnes aiment agir comme si elles n’étaient pas aimées. Vous voyez ce que je veux dire… Mais croyez-moi, personne n’a d’intérêt à ne pas vous avoir, personne n’a d’intérêt à vous mettre de côté. C’est la vérité ! Que puis-je dire d’autre ? Je ne suis pas Carmelo Ezpeleta, mais tout ce que je peux vous dire c’est qu’à chaque fois que nous parlons de ça, je dis ce que je viens de vous dire. »

Pensez-vous que notre absence engendre une perte d’exposition pour les équipes ?

« Oui, bien sûr ! Bien sûr ! Il y a une perte, tout comme il y a une perte en n’ayant plus d’invités dans le paddock, tout comme il y a une perte en n’ayant plus de spectateurs. Une grande perte ! Une grosse perte ! Que puis-je dire ? Quand vous mettez quasiment le monde entier en confinement, c’est quelque chose d’irréel. Je me souviens quand j’étais à Doha, il y a un an, et quand je regardais ce qui se passait pour les tests. Je regardais ce qui se passait à Wuhan en Chine et je pensais que cela n’arriverait jamais en Europe. Et quelques semaines plus tard, nous étions en confinement ! Nous vivons donc des choses qui sont complètement folles, comme de vivre avec un masque ! Je me souviens, il y a quelques années au Japon, d’avoir vu des Japonais avec un masque dans l’ascenseur de mon hôtel est de m’être demandé ce qu’ils faisaient. Et maintenant, c’est la norme : si vous voyez quelqu’un sans masque, c’est une personne étrange.
Mais pour revenir au sujet, qu’est-ce je peux vous dire ? J’ai toujours essayé d’être à votre disposition, pour vous tous. J’essaie toujours de vous aider à inciter le promoteur et la fédération à vous procurer les meilleurs accès possibles. Mais je ne suis pas le boss ! »

Un peu plus tôt, vous avez parlé de la possibilité de remporter le titre pour un team indépendant. Pensez-vous que la fin de saison de Fabio Quartararo l’an dernier est uniquement dû à un manque d’expérience ?

« C’est une question difficile et, honnêtement, je n’ai pas de réponse. Je pense que, si vous les interrogez, les personnes qui travaillent très près de lui n’ont déjà pas de vraies réponses. Je n’ai pas travaillé avec lui, et en tant que team KTM, je n’ai pas vraiment d’accès à un team Yamaha. Je ne sais pas. Bien sûr, après la deuxième victoire consécutive à Jerez, j’ai pensé : « waouh ! Fabio est clairement le favori ! » Car en regardant ces deux courses et la façon dont il les a gagnées, en détruisant ses adversaires, vous pensiez qu’il y avait de bonnes chances pour lui au moins de finir dans les trois premiers du championnat. Certaines choses sont arrivées qui l’ont dérangé, mais je ne sais pas si c’était technique ou psychologique : honnêtement, je n’en ai pas la moindre idée. Tout ce que je sais, c’est que Fabio est un des pilotes les plus rapides sur la grille. Il est très jeune et il a encore une grande marge de progression devant lui, mais nous essaierons de le battre à chaque weekend en 2021. »

Au sujet de Marc Márquez, pensez-vous qu’il faille imposer une période minimum avant de revenir après une opération chirurgicale ?

« Honnêtement, je pense que ce serait très difficile. Vous savez, vous êtes toujours plus malin après qu’avant. Quand Marc a eu son opération, quand nous l’avons vu revenir, quand nous l’avons vu attaquer, nous ne savions pas quoi penser. Bien sûr, quand nous avons vu ce qui s’est passé après coup, maintenant on peut dire que c’était une erreur. Mais chaque blessure est une blessure particulière. Je ne veux donc pas trop parler de cela. La vie est toujours pleine de mystères et d’étonnements. Cela aurait pu être un grand succès et il aurait pu être le plus grand des héros, mais il a commis la plus grande erreur de sa carrière jusqu’à présent. J’espère simplement qu’il pourra revenir aussi vite que possible en pleine forme, et avec toutes ses capacités. Aujourd’hui, bien sûr, on peut dire que c’était trop tôt, mais quand il l’a fait, il était difficile de dire quoi que ce soit. C’est mon point de vue. »

Avez-vous un peu suivi ce qui est arrivé à la pilote australienne Sharni Pinfold ?

« Honnêtement, j’ai simplement lu l’histoire comme quoi elle abandonnait la compétition motocycliste à cause de, je ne sais pas comment dire, quelque chose qu’elle n’a pas aimée, mais je ne sais rien de sa carrière, de son expérience et du problème. Je peux voir qu’il y a sept journalistes féminines sur l’écran (de la visioconférence) et j’en suis très heureux. Ma fille occupe une position clé dans l’organisation de mon équipe et j’en suis très fier. Et si vous voulez savoir si je suis un supporter de #MeToo, oui. J’adore les femmes et j’ai confiance en elles. L’Allemagne est dirigée par une femme, la Nouvelle-Zélande aussi, et il y a quelques pays qui suivent ce qui s’y passe. Certaines personnes pensent que les femmes sont l’avenir de l’homme, et je partage ce point de vue. Si c’est ce que vous voulez m’entendre dire, je vous le dis, car c’est ce que je pense. La testostérone est un danger pour le monde. »

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