Suite à la présentation des couleurs 2021 des deux équipes KTM, c’est à une conférence de presse exceptionnelle que nous avons assisté ce vendredi 12 février.
Exceptionnelle de part le contexte qui prévaut en ce moment et, conséquence du premier point, exceptionnelle de par sa longueur très inhabituelle : Hervé Poncharal s’est en effet exprimé pendant quasiment une heure et demie pour satisfaire la curiosité sans fin des 25 journalistes inscrits à cette visioconférence.
Comme à notre habitude, nous mettrons à votre disposition le texte intégral de ce premier chapitre conséquent de la saison 2021, sans la moindre mise en forme, en plusieurs parties, même si cela va être très, très long…
Accédez ici à la première partie
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Comment prévoyez-vous votre futur avec KTM ?
« La situation actuelle de Tech3 est que nous débutons notre
dernière année de contrat (avec KTM). Nous avions signé pour trois
années, 2019, 2020 et 2021. J’ai toujours dit que j’aimerais
travailler de manière très loyale et je pense que le succès ne
vient pas seulement de la continuité, mais que la continuité fait
souvent partie du succès. Je suis resté 20 ans consécutifs chez
Yamaha, 18 dans la catégorie reine, et je n’ai pas signé avec KTM
juste pour faire trois ans et ensuite essayer d’aller
ailleurs.
À Portimão, j’étais avec Stefan Pierer et nous avons parlé du
renouvellement des équipes avec Dorna, alors j’ai dit à Stefan que
je signais pendant le Grand Prix de Portimão le nouveau contrat de
cinq ans à partir de 2022- 2026 avec Dorna. J’ai donc ce que nous
pouvons appeler la licence pour deux places sur la grille jusqu’à
la fin de 2026, en tant qu’équipe. Ensuite, nous avons discuté de
ce qui allait se passer avec notre constructeur et il m’a demandé
« seriez-vous prêt à conclure le nouveau contrat, peut-être à
long terme ? ».
J’ai dit à Stefan, »si vous le souhaitez, je suis prêt à
signer un contrat de cinq ans avec vous car je suis très heureux et
je détesterais aller discuter avec quelqu’un d’autre ».
Puis il m’a dit, et Pit Beirer était également à cette table,
« d’accord, travaillons dessus et faisons-le ».
Nous avons donc commencé à y travailler, mais honnêtement, le plus
important était de finaliser toute la logistique et tout ce que
nous avions à faire pendant l’hiver, mais fondamentalement les deux
parties, KTM et Tech3, sont d’accord : nous voulons le faire ! Nous
devons passer par quelques détails car c’est du long terme, 5 ans,
et il y a beaucoup de choses qui peuvent arriver pendant ces 5
années, mais je dirais à 95% que nous sommes d’accord les uns avec
les autres, et j’espère vraiment qu’avant le début de l’été, nous
serons en mesure d’officialiser ce partenariat.
C’est comme une course: quand vous menez dans le dernier virage
et que vous chutez, vous n’avez pas gagné la course, donc rien
n’est signé à 100%. Mais la volonté des deux parties est là, et
c’est ce sur quoi nous travaillons maintenant avec Pit Beirer.
»
Quels sont vos plans concernant les pilotes en 2022, et quand déciderez-vous, car cela leur met de la pression ?
« De la pression ? Vous avez toujours de la pression ! Quand vous êtes un team, quand vous êtes le promoteur, quand vous êtes un constructeur, et bien sûr quand vous êtes un pilote. Mais en pensant à Danilo, je dirais qu’il y a de la pression positive et vous avez besoin de pression pour performer. Tous nos pilotes ont signé un contrat d’un an plus un an. Ils le savent évidemment et tout le monde est content de la situation actuelle : personne n’a été obligé à signer. C’est la façon dont nous avons travaillé avec KTM depuis le début, et globalement, aux environs du Mugello et de Barcelone, c’est le moment où vous commencez à comprendre à quoi ressemblera la saison suivante. Je dirais donc que les cinq ou six premières courses seront très importantes pour préparer 2022. Mais notre position a toujours été d’essayer de faire tout ce que nous pouvons pour continuer à travailler avec les mêmes pilotes. Il y a un pilote, parmi les quatre, qui n’est dorénavant plus avec nous, mais c’était sa décision de partir. Si vous regardez le team d’usine, Brad Binder et Miguel Oliveira ont été avec Red Bull KTM depuis quasiment la Rookies Cup. C’est ce que j’aime avec cette organisation : nous essayons de mettre l’accent sur la stabilité. »
On l’a vu l’an dernier où les pilotes KTM peinaient avant de récupérer les datas de Miguel Oliveira et Iker Lecuona. Y aura-t-il une ouverture totale cette année concernant le partage des datas ?
« Le partage des datas a été un des points clés des négociations quand j’ai commencé à rejoindre KTM. Je leur ai demandé différentes choses je leur ai dit que pour faire un bon travail ensemble, je pensais qu’il fallait avoir les 4 mêmes motos avec les mêmes spécifications, les mêmes années-modèles et les mêmes évolutions, qu’il ne fallait pas en avoir 2 + 2 mais 4. Nous sommes tombés d’accord là-dessus et je leur ai aussi demandé de partager les datas dès la moto 2019 car je pense que cela aide aussi chacun des quatre pilotes et chacune des quatre équipes pour progresser parfois, voir la lumière plus tôt. Clairement, quand vous avez quatre motos, vous avez un plus quand le weekend commence. Cela ne veut pas dire que chacun utilise les mêmes réglages, car chacun peut suivre sa propre route. Mike Leitner est le directeur technique et il parle aux quatre chefs d’équipe. Le mercredi et le jeudi sont des journées très intenses dans l’organisation KTM pour préparer le vendredi et le samedi, mais d’abord le vendredi. J’aime l’exemple que vous avez nous donné car Pol a officiellement déclaré que les réglages de Tech3 l’avaient aidé sur cette piste, et que Brad et Pol avaient été plus rapides le samedi. Mais je ne veux pas en tirer avantage car comme je l’ai dit avant, nous ne sommes pas meilleurs que les autres : parfois, ils nous aident et parfois nous les aidons. C’est tout l’intérêt pour un constructeur d’avoir quatre top pilotes avec le même matériel. Mais le partage des données est très très important et je crois que cela et chacun à performer durant le Grand Prix, mais aussi à donner les bonnes informations aux ingénieurs pour développer la moto pour le futur. Je suis sûr que Sahara-san (Suzuki MotoGP Project Leader) doit continuer à penser qu’il devrait avoir (4 motos), car bien qu’ils aient remporté le championnat, et je parle évidemment de Suzuki, vous avez évidemment plus de datas, plus d’informations et plus de retours avec quatre motos qu’avec deux. Cela nous aide également à expliquer à l’usine « aidez-nous avec le même matériel et nous vous aiderons ». C’est donc une situation de win-win et c’est pourquoi nous avons fait un très beau championnat, et c’est aussi pourquoi j’ai demandé cela pendant de très nombreuses années au constructeur avec lequel je travaillais. Parfois, il ne m’entendait pas oralement mais je suis très heureux que tous ensemble, avec Dorna, la MSMA et l’IRTA, nous avons finalement géré pour avoir cette situation quasiment partout sur la grille. »
Après de bonnes performances l’année dernière en Moto3, dont un podium, à quoi vous attendez-vous cette année ?
« La Moto3 est une catégorie folle, n’est-ce pas ? Quand Monsieur Pierer m’a dit à Spielberg en 2019 « nous arrêtons la Moto2 et nous continuons la Moto3 », j’ai dit « oui, bien sûr, je veux faire ça ! », non pas parce que je n’aimais pas la catégorie intermédiaire mais parce que c’était très excitant. C’est une très belle catégorie à suivre pour un team manager et j’y prends beaucoup de plaisir, d’abord parce que nos motos sont compétitives et ensuite parce que nos deux pilotes sont très biens. Vous avez mentionné Ayumu (Sasaki) qui a presque gagné une course, et Deniz (Öncü) est un garçon très talentueux qui a obtenu un top 6. Il aurait pu faire encore mieux mais vous savez, la Moto3 est très serrée. Nous avons donc décidé de garder nos deux pilotes et nous avons une très belle atmosphère dans l’équipe, mais clairement, l’objectif est de faire mieux. J’espère que nous réaliserons un autre rêve que j’ai, qui est de gagner en catégorie Moto3. Nous croyons beaucoup en Ayumu et Deniz ! »
En MotoE, quelques pilotes expérimentés sont partis en endurance à cause des concordances de dates et ont été remplacés par de jeunes pilotes. Qu’en pensez-vous et ne faudrait il pas faire une coupe du monde plus longue ?
« Je me souviens toujours de comment nous avons commencé la
MotoE. Peu importe ce que vous pensez du e-Racing, de l’opposition
moteurs thermiques–moteurs électriques, ce n’est pas la plate-forme
pour parler de cela. Tout ce que je peux dire, c’est que si vous
regardez le monde, l’électricité est toujours de plus en plus
utilisée par l’humanité pour se déplacer sur la planète. En quatre
roues, mais aussi en deux roues. Ce n’est pas la question de savoir
si on aime ou si on n’aime pas, si c’est une bonne idée ou si ce
n’est pas une bonne idée, c’est quelque chose qui est déjà en
marche. Donc je pense qu’il était très important de démarrer.
Malheureusement, comme je l’ai dit avant, nous sommes en train de
traverser une grosse tempête et les choses seraient meilleures sans
cette pandémie. Nous devons faire face à de nombreux problèmes et
nous ne pouvons pas faire ce que nous avions planifié de faire à
cause de tous les problèmes auxquels nous devons faire face. Vous
le savez très bien. Mais je pense que nous devons continuer.
Energica travaille dur, et même si la moto paraît identique, je
peux vous dire que les chargeurs rapides nous aident toujours
davantage. Nous devrions avoir un tour de plus cette année grâce
aux chargeurs rapides sur la grille, les batteries sont plus
efficaces et la puissance plus grande, donc il y a clairement des
choses qui bougent. Pas aussi vite que nous espérions, mais les
choses bougent.
Oui, il y a des juxtapositions de dates et l’endurance nous a
retiré quelques pilotes car il s’agissait principalement de leur
principal championnat. Pour le moment, nous ne pouvons pas avoir
plus de courses. Nous avons six rendez-vous et sept courses. Dans
un monde idéal, nous aurions 18 ou 20 courses, mais ce n’est
actuellement pas possible. Nous devons avancer pas à pas car je
pense que c’est mieux que de viser trop haut et de chuter.
Concernant les pilotes, je ne pense pas que cela soit un gros
problème. Regardez en MotoGP : regardez ce qu’à fait Brad Binder
lors de sa première année, où Miguel Oliveira lors de sa deuxième
année, où Johann Mir qui est champion du monde alors qu’il est
presque un rookie. Nous pouvons donc voir que le futur, c’est la
jeunesse, donc les garçons qui ont dû partir en endurance ont
laissé de la place pour de nouvelles têtes qui peuvent en tirer
profit et devenir des pilotes de Grand Prix expérimentés. Et si
nous pouvions considérer le MotoE comme une plate-forme pour
avancer dans notre championnat, au lieu d’être d’une préretraite,
ce serait mieux. J’ai un exemple avec Héctor Garzó, qui a peiné en
Moto2 CEV pendant plusieurs années, et nous ne savions pas comment
l’aider. Je lui ai dit : « Héctor, viens avec moi en MotoE et
tu seras dans le paddock MotoGP. Les team managers vont te
regarder, et qui sait ce qui peut arriver. Tu seras là, là où
l’action se déroule, là où il y a les managers et les
usines ». Il est venu avec nous, il a fait une très belle
saison en 2019 et il a reçu une offre en Moto2. Il s’est battu pour
les podiums et est maintenant un bon et expérimenté pilote Moto2.
Donc ça fonctionne, même si je sais que plusieurs facteurs l’ont
aidé à obtenir cette place en Moto2, mais ce n’est pas impossible.
C’est ce que j’ai dit à mes deux pilotes MotoE, qui sont Corentin
Perolari et Lukas Tulovic. Le verre ne sera jamais complètement
plein ! Donc considérons-le à moitié plein plutôt que de le voir à
moitié vide. Ne soyons pas négatifs pour tout et essayons de faire
notre mieux en Moto3, Moto2 et MotoGP, ET MotoE. »